1/ L'automne et ses surprises

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«You're just too good to be true
Can't take my eyes off you*

Mon front repose contre la vitre arquée, confortablement installée sur mon canapé.
Mon regard est dirigé sur deux jeunes enfants s'amusant avec des bâtons, sûrement trouvés par terre après être tombés d'un arbre. Plusieurs gouttes s'étaient formées sur la fenêtre et glissaient doucement, probablement dues à la condensation causée par mon souffle qui s'écrase inlassablement sur l'embrasure.
Je fronce les sourcils, inquiète, en voyant le jeune garçon paniquer après que son amie se soit cassée la figure par terre, puis souris quand celui-ci tend sa main à la petite brune pour l'aider à se relever.
Je ne vois pas très bien, de si loin, mais je crois qu'elle pleure beaucoup.
Je glousse doucement en voyant le petit bonhomme sortir de sa poche ce que je crois être une sucette et vois immédiatement un sourire illuminer son jeune visage chérubin.

You'd be like heaven to touch
I wanna hold you so much

Je me relève rapidement et farfouille dans mes tiroirs avant de trouver ma némésis.
J'attrape un petit flacon, enfile sweat et je descends rapidement après être sortie de ma chambre.
Je passe en coup de vent par le salon, me dirige vers le réfrigérateur, attrape trois petites briquettes de jus et sors tout aussi vite, non sans apercevoir le regard interloqué de mon frère, assis plus loin devant la télévision.
Je lui souris mais ne prends pas le temps de lui expliquer, puis je passe la porte d'entrée pour trottiner vers ma petite source d'inquiétude.

-Tout va bien, les enfants ? Dis-je en arrivant à leur hauteur, une légère panique dans la voix

Ils lèvent leurs petites joues vers moi, mais ne disent rien. Sûrement par méfiance, je ne suis qu'une inconnue après tout, et ça me rassure qu'ils réagissent comme ça, au moins ils sont conscients du danger qui courent les rues de nos jours. Je suis quand même déçue, puisque justement, ce n'est pas normal de devoir se méfier autant de gens alors que nous appartenons tous à la même espèce, tout serait tellement plus simple si tout le monde s'entre-aidait.

Je leur souris, puis m'accroupis avant de désigner le bow-window de la maison juste en face avec mon doigt.

- J'habite juste ici, et j'étais à la fenêtre quand je t'ai vu tomber ma puce, alors je t'ai apporté un petit pansement. Je lui explique tout en lui tendant la petite compresse.

Je vois ses yeux s'illuminer à la vue du petit bandage.

- Wow ! Y'a un petit dinosaure dessus ! Trop cool ! S'émerveille t-elle. Merci grande soeur !

- Attends Koko ! Tu peux pas l'accepter. Le garçon, aux cheveux blonds, la coupe en lui prenant le petit adhésif des mains, puis me regarde. Ça s'trouve t'as mis du poison la vieille !

-Un poison magique qui va me faire guérir peut-être ? Reprend la dénommée Koko

J'aime bien son prénom, il me fait penser à cacao, et puisqu'on est en Automne, j'ai envie de chocolat chaud. Et quand je me fais un chocolat chaud j'ai envie de films de noël, donc d'un plaid et de grosses chaussettes. J'ai horreur d'avoir froid et encore moins devant un film, sinon je me concentre pas, du coup ça me met de mauvaise humeur parce que je dois me relever et ça gâche absolument tout. Enfin...Bref.

- Mais espèce de grosse débile c'est pas possible d'être aussi bête ! La gronde le petit tyran.

Et moi, je continue de les regarder, à moitié concentrée sur quel film je vais mettre en rentrant, et partagée entre le fait que j'ai l'air d'une belle idiote, accroupie, un pansement à la main. Et puis je commence à avoir une crampe. Et en plus, Koko saigne encore. Et puis c'est moi la plus grande là !

Surya Où les histoires vivent. Découvrez maintenant