5/ Nostalgie

315 24 54
                                    

La journée se passe calmement. Avec Sota, nous avons suivi nos cours à distance. Rien de bien intéressant en somme.

Je l'ai supplié de faire un marathon sédentaire, composé de nourriture dont la classification nutritionnelle ferait pâlir de jalousie toutes personnes suivant rigoureusement un régime strict, et d'épisodes de « Heidi ».

J'ai d'abord dû adopter la méthode du « Je fais tout ce que tu veux pendant toute une journée », sans réponse.
En même temps, il demande très peu de services et le peu de fois où il a fait appel à moi je lui ai immédiatement répondu à l'affirmative. Vraiment convainquant, donc.
J'ai alors opté pour le giga léchage de botte, mais à part me regarder en souriant faussement j'ai pu aller me brosser.

Comment ai-je donc réussi mon coup ? En m'asseyant toute seule dans la bibliothèque, résignée, prête à passer mon après-midi à lire.

Il est venu me chercher, puis m'a porté sur son dos jusqu'au salon où il avait préparé une tasse de chocolat pour moi et une tasse de thé pour lui, des friandises et nos plaids. Autant vous dire que j'ai passé l'après-midi à le câliner et le coller comme un chat à son maître... En même temps, Sota c'est vraiment le meilleur !

Vu que nous sommes bientôt en hiver, les journées se raccourcissent rapidement et le froid mord à n'en pas découdre. Il règne donc une ambiance mélancolique propre à cette partie de l'année.

On a fini par aller chercher l'album photo, pour regarder des souvenirs qui me paraissent être une époque lointaine, et pourtant si proche.

L'hiver est vraiment nostalgique pour nous, je dirais plus que la plupart des gens puisque c'est à cette période que nous avons perdu notre mère. Nous serons bientôt le 3 janvier, et j'appréhende autant que chaque année...
Ceux qui disent que la douleur se fait moins vive avec le temps, je pense qu'ils ont tort. Elle est toujours aussi forte, la plaie reste toujours aussi à vif.
Seulement, avec le temps on apprend à mieux le cacher.

On s'est finalement endormis l'un contre l'autre, la télévision en guise de fond sonore.
Papa est encore au travail, Nahoya est parti travailler, car lui ne voulait pas continuer ses études. Honnêtement ? Je comprends. Plusieurs fois j'ai pensé arrêter, et trouver un petit boulot sympa comme lui.
Le problème restant ma crainte des autres toujours aussi présente, bien que hier soir fut un défi relevé avec succès. En y repensant, je suis fière de moi. J'en ai parlé avec Sota, et lui aussi m'a félicité, ce qui m'a transportée d'espoir.

Pour en revenir à Nahoya, il travaille à mi-temps dans un temple à quelques kilomètres d'ici. Un dojo me semble t-il. Il entraîne des enfants à « l'art du combat », selon ses propres termes. Je trouve que ça lui sied plutôt bien. Il s'y épanouit et pour moi c'est tout ce qui compte.

Le temps passe et c'est finalement mon père qui nous a réveillé en rentrant. Quelle ne fut pas ma surprise en constatant qu'il était à la maison si tôt.

Il s'est approché de nous, et nous a caressé doucement la tête comme quand on était petits. Il faisait souvent ça, ou bien il nous prenait en photo et c'est le bruit clinquant du flash qui retentissait qui nous réveillait. Autant vous dire que j'avais une préférence, en matière de réveil...

Je le regarde en m'étirant doucement. Sota me devance, lui posant la question qui n'en est pas vraiment une, qui nous brûle visiblement les lèvres à tous les deux.

- Déjà rentré ? Lui lance le bleu à mes côtés.

- Quel miracle, j'ajoute, sarcastique.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jan 28, 2022 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Surya Où les histoires vivent. Découvrez maintenant