Surya

4/ Regarde moi jusqu'à demain

Après être repassée le plus silencieusement possible par ma chambre parce que Yudai voulait un baiser avant de s'endormir, je suis finalement redescendue en bas malgré que la fatigue commençait sérieusement à poindre le bout de son nez.

Au passage, notons que le petit avait raison. Koko a un sommeil de plomb, elle n'a pas bougé d'un cil malgré que Yu soit montée dans le lit, lui ait repris la couette, et que je lui ai conté de nouveau une histoire pour qu'il s'endorme parfaitement.

Il est aux alentours d'une heure du matin et nous sommes toujours rassemblés dans le salon, à discuter tandis que Takemichi et Keisuke ont débuté une partie de Mario Kart. Le match est plutôt serré, mais je me retiens de faire un commentaire sur le choix peu glorieux des personnages. Bref.

- Mais bouge ta caisse Takemichi, putain ! J'arrive pas à passer, râle le brun, la mâchoire serrée.

Mais quel abruti, c'est pas possible.

-Mec, ta moto est bloquée parce que c'est le top départ, là tout de suite, appuyez sur « 2 » espèce de cons, AVANCEZ BORDEL ! Vous voyez pas que vous êtes les seuls sur la ligne ? Intervient Draken, aussi exaspéré que moi, visiblement.

- Ah, c'était pas un 1 contre 1 ? Lance le blond avec la manette.

Je retiens un fou-rire nerveux et je vois que le grand tatoué à côté de moi souffle, lui pour s'empêcher de les étriper je suppose...

Je me désintéresse personnellement de leur partie, pour me concentrer sur la discussion qui anime les autres. D'après ce que j'ai pu comprendre, ils discutent d'une rencontre qui a eu lieu dans l'après-midi contre des collégiens qui rackettaient des écoliers.

Je trouve ça cool qu'ils aient défendu des gamins. Je pensais à tort que leur gang se résumer à se battre, se bagarrer, et se chicaner. Des activités diversifiées, quoi.
Ça m'apprendra à juger sans réelles connaissances.

Je regarde un par un les garçons présents dans la pièce, les observant silencieusement. Chifuyu, qui surprend mon regard en me souriant a l'air de quelqu'un de plutôt calme. J'aime beaucoup le pétillement qu'il a dans le regard. Mitsuya aussi et je le trouve plutôt franc, ce que je trouve cool. En plus, j'adore son look. Oui, bon, c'est superficiel comme compliment, mais c'est sincère. Draken lui, je le trouve juste et réfléchi, au contraire de Keisuke qui lui est impulsif et très taquin, mais pas méchant pour deux sous, je crois.
En fait, ils ont tous des qualités qui leur sont propres et je trouve ça beau à voir.

T'as du mal à l'admettre si vite, ma vieille, mais tu les aimes bien.

Je souffle difficilement, c'est vrai. Ils sont loin d'être méchants. Sûrement ai-je de la chance, car je suis la sœur de deux de leur membre, mais je me sens bien. Merde, je passe une bonne soirée avec des gens autour de moi. Je me sens bien. J'ai peur de m'accrocher à des chimères oui, mais là à cet instant précis, j'espère vraiment que ces personnes autour de moi deviendront mes amis. Mes premiers vrais amis.

Les dernières notes de Come as you are s'éteignent doucement. Je souris intérieurement face à l'ironie de la situation, "Viens comme tu es".Peut-être est-ce un signe ? Je secoue légèrement la tête, chassant mes pensées profondes de mon esprit.

Regarde-moi, de Lomepal s'élève alors dans la pièce.

J'arrête automatiquement de me plonger dans mon monde. J'adore cette chanson, elle me transporte dans une atmosphère spéciale à chaque écoute, je ne m'en lasse pas. Mes lèvres chantonnent le refrain seules, comme par automatisme. Je pourrais rougir de fredonner des paroles aussi explicites, mais je me fiche de tout ça. J'adore chanter, danser jusqu'à sentir mon souffle se saccader, j'aime la profondeur des paroles, j'aime leur sens et il suffit de tout ça réuni pour que cet air me possède complètement.