Chapitre 8 : « Les remises en question »

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« Une main, même vide, est parfois d'un grand secours » ; Jean Ethier-Blais.

Aminata était épuisée. Il était une heure du matin et elle venait enfin de regagner sa chambre.

La douleur qu'elle ressentait était indescriptible. Tout comme Mansour, elle essayait de faire bonne figure surtout devant sa mère et mame Kiné mais au fond, ça n'allait pas du tout. Elle prit une douche, enfila un teeshirt puis s'allongea. Elle sortit le portable Fatou Kiné de son tiroir de chevet et se mit à lire ses messages. Depuis la mort de sa sœur, elle ne lâchait plus son téléphone, c'était un peu comme si le fouiller la rapprochait davantage d'elle.

Comment feraient-ils pour vivre sans Kiné ?

Aminata était soulagée de pouvoir occuper le poste de sa sœur dans quelques jours. Elle avait vu des messages de certaines des collègues de Kiné qui la traitaient de tous les noms d'oiseaux et elle ne comptait pas en rester là.

Maman Mata n'arrivait pas à dormir. Elle ne cessait de penser à sa fille et au châtiment de la tombe.

Cette mère éplorée ne cessait de demander pardon au Bon Dieu à cause du suicide de sa fille. Fatou Kiné ainsi que son frère et sa sœur avaient appris le Coran et elle n'était pas sans savoir ce qui y était dit sur le suicide ; Que Dieu ait pitié de son âme.

Tout comme sa mère, Aminata ne réussit pas à dormir. Elle prit son téléphone et se mit à chercher le profil Facebook de Sonia. Et si c'était elle ?

Elle ignorait pourquoi, mais il y avait quelque chose chez cette femme qui lui déplaisait mais elle était incapable d'expliquer le pourquoi. Ce n'était pas la raison pour laquelle elle la soupçonnait. Il fallait être aveugle pour ne pas se rendre compte qu'Abdoul avait le béguin pour sa grande sœur, comme souligné par Christelle en début de soirée. Sofia n'était pas dupe, c'était si flagrant et on sentait nettement qu'elle était jalouse de Fatou Kiné. Ce qu'il fallait déterminer, c'était si elle était l'auteure du message ou non.

Figurez-vous que Sofia n'était même pas venue présenter ses condoléances. Kiné n'était peut-être pas son amie mais elles avaient grandi ensemble, dans ce quartier. Ses parents avaient même fait le déplacement.

Aminata sortit un bloc note pour noter tout ce qui lui passait par la tête ; Elle envoya ensuite un message à son ami informaticien afin de vérifier s'il y avait du nouveau mais s'endormit avant même qu'il ne réponde...

Christelle passa la nuit chez Nabou ; Elles étaient toutes les deux allongées sur le même lit, dans le noir. Elles se remémorèrent les bons moments passés avec Fatou Kiné. Qui aurait pu imaginer que c'était ce triste sort qui lui était réservé ?

Tout comme Aminata, elles étaient plus que décidées à découvrir la vérité.

La mort de Fatou Kiné avait poussé Christelle à revoir ses priorités. Elle prit également conscience que la vie ne tenait qu'à un fil et que tout pouvait basculer en une fraction de seconde. Elle fit donc une confidence à Nabou :

Christelle

Tu sais quoi ? je vais dire OUI à Marcel !

Nabou n'en revenait pas, malgré sa douleur, elle laissa échapper un cri de joie :

Nabou

Il était temps ! c'est une très bonne nouvelle. Est-ce la mort prématurée de Kiné qui t'a fait changer d'avis ?

Christelle

Entre autre !

Nabou

En tout cas je suis ravie de l'entendre. Marcel est quelqu'un de bien et je suis persuadée qu'il continuera de te traiter comme une reine.

Christelle

Je l'espère en tout cas.

Nabou

J'imagine déjà la tête qu'il fera quand tu le lui annonceras. J'espère qu'il n'ira pas chercher le prêtre immédiatement avant que tu ne changes d'avis.

Christelle

Il en est capable hein ! toi-même tu sais !

Nabou

Kiné aurait été si contente, elle a tout fait pour te convaincre d'épouser Marcel. Heureusement cela va se faire, mais sans elle, malheureusement. Comment peut-on être si mal intentionné et si mauvais ?

Christelle

Les gens sont fourbes, mesquins et envieux. Le fait qu'elle ait commencé à travailler très tôt et qu'elle possédait une voiture, même si ce n'était pas la sienne, ne plaisait pas à beaucoup de personnes. Les gens qui échouent ne veulent pas voir les personnes de leurs entourages réussir.

Nabou

Je serai capable de tuer le responsable de mes propres mains. On nous a enlevé notre sœur, notre meilleure amie... C'étaient nous trois contre le monde entier !

Christelle

Le monstre qui a détruit nos vies, ne l'emportera pas au Paradis, ça je te le garantie.

Nabou

J'ose seulement espérer qu'il souffre autant que nous en ce moment.

Christelle

Il est impératif que nous découvrions qui a fait ça. Mais comme je le disais, je suis convaincue que c'est Sonia.

Nabou

Hum c'est une piste à creuser mais allons-y doucement avant d'attaquer une innocente.

Christelle

Oui, je sais. En attendant, je souhaite que Fatou Kiné honte cette personne démoniaque chaque jour. Bonne nuit ma chérie, je commence à somnoler.

Nabou

Amine touf touf. Moi aussi déjà que je n'ai fermé l'œil de la nuit depuis la mort de Kiné. Doux rêves.

Abdoul était dans sa chambre assis sur sa natte de prière, un chapelet à la main. Il pria pour le repos de l'âme de Fatou Kiné avant de plier la natte, la ranger et s'assoir sur son lit. Il était dépassé par les événements. Il ferma les yeux, et des souvenirs avec Kiné commencèrent à défiler. Certains le fit rire aux éclats, d'autre juste sourire. Il fut interrompu par la sonnerie de son téléphone. C'était encore Sofia. Abdoul fixa l'écran de son portable avant de le retourner. Il ne voulait pas se prendre la tête avec elle, une fois de plus.

Sofia avait un fort tempérament. Ce qui énervait Abdoul c'était le fait qu'à aucun moment, elle ne l'ait soutenu. Tout ce qu'elle faisait c'était se plaindre et créer des problèmes.

Il n'avait pas le cœur à cela. Tout comme les proches de Kiné, il soufrait énormément de sa disparition si brutale. Elle avait été arrachée à leur affection si tôt et au moment où ils se rapprochaient davantage...

Des larmes coulèrent mais il les essuya rapidement...

Mame Kiné pria longuement pour sa petite fille. Elle se rappela le jour de la remise de diplôme de cette dernière. Maman Mata et elle avaient tellement pleuré de joie. Elles étaient si fières d'elle. Fatou Kiné était sortie major de sa promotion.

Elle s'en voulait terriblement de n'avoir pas beaucoup plus échangé avec Kiné au sujet de cette fausse rumeur. Qu'aurait-elle dû faire pour éviter que la situation dégénère ?

Avaient-elles surestimaient Kiné ?

Lorsqu'une personne parait forte nous avons tendance à croire que quelque soient les épreuves de la vie, elle les surmontera sans le moindre équivoque or ce sont ces mêmes personnes qui sont le plus sujettes à perdre pied.

La famille de Fatou Kiné trouvait son attitude démesurée, et Fatou Kiné avait l'impression que son entourage prenait son traumatisme à la légère. Ce qui est fait étant fait, prions pour que la personne responsable de tout cela, soit rapidement démasquée et mise hors d'état de nuire.

-------------------- FIN DU CHAPITRE -------------------------

Une rumeur mortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant