Une rumeur mortelle

Chapitre 19 : « Quand deux cœurs s'unissent... »

Après avoir mûrement réfléchi, Abdoul décida d’accepter sa situation d’handicap et de se battre. Il avait au moins la chance d’être en vie alors autant en profiter en étant une meilleure personne bien sûr.
I

l regrettait amèrement tout le mal qu’il avait fait autour de lui, et était en pleine phase de repentir. Abdoul envoya un message à Sonia, dans un premier temps :
Abdoul
Tu ne me pardonneras surement jamais mais je tiens à te présenter mes plus plates excuses. Tu ne méritais pas ce que je t’ai fait et crois-moi, si j’avais le pouvoir de remonter le temps, jamais je n’aurais agi ainsi. Crois-le ou non, tu es la meilleure chose qui me soit jamais arrivée !
Il envoya un second message mais cette fois-ci à Aminata :
Abdoul
Vous m’avez toujours traité comme un membre de la famille à part entière et je vous ai trahi de la pire des manières. Aucun mot, aucun acte n’effacera ce que je vous ai fait. Je ne peux que demander pardon sachant que rien ne pourra ramener Fatou Kiné. Présente également mes excuses à maman Mata, mame Kiné et Mansour.
Il lui restait encore une dernière personne : sa mère. Elle avait tout plaqué pour rester à son chevet et il la traita de tous les noms d’oiseaux au lieu d’apprécier sa présence.
Abdoul
Je n’ai jamais pu encaisser le fait que tu sois partie en me laissant avec cet homme qui est de marbre. J’aurai dû essayer de comprendre les raisons qui t’ont poussées à partir sans moi au lieu d’être égoïste et de t’avoir jugée. Ce sont dans les moments les plus difficiles que l’on reconnait les personnes qui tiennent vraiment à nous. Merci d’avoir sauté dans le premier avion pour prendre soin de moi, merci pour tout maman. Tu m’as redonné goût à la vie. Tu es peut-être à des kilomètres de moi mais c’est comme si tu étais à mes côtés.
Il remercia chaleureusement Satou car, sans elle, il serait toujours en train de se morfondre. Cette parfaite inconnue venait de changer le cours de son existence…
 
*Au domicile des Gomis
 
Aminata est assise sur le lit de sa mère, vêtue de blanc. Elle a une écharpe dorée sur la tête et un chapelet à la main. Immobile, elle ne fait qu’égrener son chapelet et sourire lorsqu’un visage familier apparait.
Christelle et Seynabou sont assises à côté d’elle. Les meilleures amies de sa défunte grande sœur l’avaient beaucoup épaulée. Elles l’avaient accompagnée faire toutes ses courses. Seynabou lui avait offert sa coiffure et son maquillage. Ses coiffeuses s’étaient déplacées jusqu’à chez Aminata à cet effet. Christelle quant à elle, lui avait offert le tissu et sa paire de chaussures. Fatou Kiné pouvait-être fière de ses amies ; Elles étaient sincères, fidèles et surtout loyales.
Mansour se précipita dans la chambre de sa mère et cria :
Mansour
                  Heureux ménage Mme Almami !
Quelques cousines d’Ami se ruèrent vers elle pour la féliciter mais également pour lui tapoter la tête (*KONG : les femmes célibataires désirant se marier tapote la tête de la mariée afin d’être la suivante).
Maman Mata vint chercher sa fille et lui demanda de venir saluer et remercier les invités qui la réclament. Les gens fusaient de partout. Le commissaire Maurice prit Aminata dans ses bras et elle fendit en larmes. Il lui rappelait tant son défunt père, parti trop tôt. Ils étaient inséparables de son vivant.
Mame Kiné
Sèche-moi tes larmes toi aussi, ton maquillage va finir par couler et tu risques d’être vilaine sur les photos !
Maurice
C’est un jour heureux ma chérie, alors pas de larmes.
Aminata
J’aurai aimé que papa soit là…
       Fatou Kiné aussi…
Maurice
Ils auraient été très fiers de toi en tout cas. Les connaissant, ils ne veulent que ton bonheur alors profite de chaque instant. Aujourd’hui c’est ton jour !
Maman Mata et mame Kiné avaient rêvé de ce moment depuis des lustres. Fatou Kiné était partie mais c’était grâce à elle que sa petite sœur rencontra l’amour de sa vie.
Enfin un autre événement heureux au sein de cette famille qui le méritait tant. Aminata prenait des photos par ci et par là en attendant que son mari arrive. Ce dernier était déjà prêt et attendait l’arrivée de deux de ses amis. Ces derniers devaient venir le prendre et l’accompagner chez sa femme.
Almami ne réalisait toujours pas qu’il venait officiellement de changer de statut matrimonial. Tout s’était passé tellement vite, de la demande de main à la cérémonie. Son rêve s’était enfin concrétisé…
Aminata n’avait jamais eu de relations amoureuses. Almami était son premier petit ami et il avait fini par être son époux. Elle l’ignorait mais elle était très enviée par beaucoup de ses cousines, qui la trouvait très chanceuse.
Dès qu’Almami arriva avec ses amis, une invitée souffla aux *bongo-men (* Des hommes qui tapent sur une calebasse et alliant sonorités et paroles valorisantes) que le marié venait d’arriver. Ils se précipitèrent vers sa délégation et ne cessèrent de le tarir d’éloges. Almami se mit à leur distribuer des billets par ci et par là avant d’entrer dans la maison. Il entra, salua toutes les personnes qu’il croisa puis se dirigea vers le salon. Maman Mata l’accueillit chaleureusement puis lui fit la bise. Elle le félicita avant de prier pour lui et de le présenter aux personnes présentes dans le salon. Almami se dirigea ensuite vers le couloir car il venait d’y apercevoir sa magnifique épouse. Il lui fit un énorme sourire avant de la prendre dans ses bras, sous les applaudissements des personnes présentes. Une fois de plus, Aminata versa des larmes ; Pas de tristesse, cette fois-ci mais de joie. Elle ignorait ce que l’avenir leur réserverait mais une chose était sûre, elle était plus que déterminée à être une bonne épouse. Les amis d’Almami congratulèrent la mariée puis prirent une photo avec elle.
Christelle et Seynabou prirent énormément de photos et de vidéos du couple. Ami boxait désormais dans la même catégorie qu’elles.
La lune de miel de Nabou fut de très courte durée.
En effet, la première femme de Madior lui avait supplié de rentrer, car une de leur fille avait fait une crise d’asthme et le réclamait. Nabou refusa au début, puis finit par céder.
La première épouse l’avait-elle fait exprès ? C’était l’avis de Christelle et de la maman de Seynabou. Le bon côté des choses était que le mariage avait au moins été consommé. Seynabou n’avait qu’une chose en tête : tomber enceinte. Sa coépouse avait déjà des enfants alors il était impératif pour elle d’en avoir également. Elle avait remarqué la manière dont son mari parlait de ses enfants. Il les aimait plus que tout et faisaient sa fierté et elle voulait plus que tout lui en donnait rapidement.
Christelle ne comprenait pas le raisonnement de son amie. Elle était à peine mariée qu’elle essayait déjà de rivaliser avec sa coépouse. Cela ne lui ressemblait guère. Cependant, elle préféra ne faire aucun commentaire là-dessus. Christelle faisait partie de ces nombreuses femmes qui était contre la polygamie. Dans sa tête, secondes et troisièmes épouses rimaient avec « briseuses de ménage » et les hommes polygames avec « menteurs professionnels ».
Christelle
Comment un homme peut-il aimer plusieurs femmes en même temps ? C’est tout simplement impossible et inconcevable ! Et puis ils passent leurs temps à mentir à leurs épouses. Ils diront pratiquement la même chose à chacune d’elles sans même forcément le penser. Heureusement que cela n’existe pas dans la religion chrétienne.
 Marcel
C’est ton point de vue et je ne peux que le respecter. Cependant, je ne suis pas d’accord avec toi lorsque tu dis que ce sont des briseuses de ménage.
Christelle
       Tu ne réussiras pas à me convaincre du contraire !
Marcel
Ce n’est pas le but bébé. Tu penses que s’il y avait assez d’hommes pour chaque femme, la polygamie existerait ? aucune femme n’aime partager. Elles le font juste à contrecœur, même celle qui choisisse d’être dans un mariage polygame !
Christelle
Pff ! Changeons de sujet. N’oublie pas que nous commençons la formation demain à l’église. C’est très important compte tenu du fait qu’elle a pour but de nous préparer à la vie conjugale tout en nous rappelons nos droits et obligations.
Marcel
Merci pour le rappel. Il y a tellement de choses à faire que je finis par en oublier certaines.
Christelle
Je sais mon amour. Ce n’est pas évident. Heureusement que la date fatidique approche à grand pas. Que le Seigneur nous facilite tout !
Marcel
   Amen mon ange.
 
« Le mariage est et restera le voyage de découverte le plus important que l’homme puisse entreprendre » ; Sören Kierkegaard.
 
--------------------- FIN DU CHAPITRE -----------------------