Prologue

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La fin de l'été commençait déjà à se frayer un chemin le long des rues qui défilaient par la fenêtre de la voiture. Cela faisait déjà quelques heures que nous roulions avec ma mère, dans un silence traduisant à la fois l'angoisse et l'excitation. Notre destination était celle qui nous accueillerait pour au moins les dix prochaines années. Enfin, qui accueillera ma mère en majorité puisque j'avais une chambre sur le campus de ma fac. Comme vous l'auriez compris, cette fin d'été était beaucoup plus qu'une simple rentrée pour moi, mais un nouveau départ. Nous avions quitté l'Oregon pour la Californie, ce changement m'allait parfaitement puisque le temps maussade et l'odeur continuelle de la pluie commençaient sérieusement à me déprimer. Cet échange de la pluie pour le soleil me convenait parfaitement, mais l'idée de bousculer mes repères, mes habitudes, et mon quotidien m'angoissait terriblement. Je n'étais pas vraiment le type de fille qui se fait de nouveaux amis rapidement, et qui va vers les autres le cœur sur la main. Au lycée j'avais mis du temps à m'entourer de vrais amis, nous formions une bande de cinq ou six et nous étions vraiment proches. Mais cette proximité n'empêchait pas cette solitude grandissante et grossissante au fond de mon cœur, comme une nostalgie indétrônable.

Et puis notre petite bande à fini par éclater. Deux mois ont suffi à détruire ce que trois ans de lycée avaient mis à construire. Après il faut dire qu'avec nos départs respectifs dans différents états, c'était compliqué de se promettre l'impossible mais cette séparation me peine...

C'est donc à travers la vitre de la voiture que les souvenirs de ma vie d'avant défilent, les uns après les autres, au fur et à mesure que mes pensées filent. Les bonhommes de neige dans le jardin de notre ancienne maison, mon entrée au collège, mes premières notes, mes premières déceptions, mes premières fêtes, l'obtention de mon brevet, mon entrée au lycée, mes premiers amours, mes premiers cœurs brisés, le bac de français, et tous ceux qui suivent, la mort de mon père, son entreprise légué à ma mère, mes premiers cartons de déménagements, la première fois que je sors de l'Oregon, et mes angoisses, mais elles, ce ne sont pas mes premières. C'est donc l'estomac noué que je remarque la décélération de la voiture, jusqu'à son arrêt total. Les yeux fixés sur ce qui semblait être une porte de garage j'entendis ma mère couper la radio de la voiture et dire : "Et voilà, on est arrivé" suivi d'une longue expiration. L'arrivée devant cette maison encore étrangère me fait comprendre que ça y est, nous y sommes, c'est le début d'une nouvelle histoire.

Le Ruban RougeWhere stories live. Discover now