Chapitre 4 : La gaffe

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Les cours de linguistique et de littérature française c'était plutôt bien passés, les professeurs prenaient en compte le fait qu'on sortait tout juste du lycée mais ils disaient qu'une fois la période d'adaptation passée, ils feraient leurs cours normalement.

Alors que je me dirigeais vers mon cours de russe je vis Monica discuter avec une autre fille, lorsqu'elle me vit elle me fit un grand sourire et me salua de loin. Cela me rappela que je ne pourrai pas manger avec elle ce midi puisque nos emplois du temps étaient en discordance. Je mangerai donc seule ce midi... Ou peut-être cela sera l'occasion de rencontrer de nouvelles personnes ?

L'amphi était déjà plein lorsque je mis le pied dans la classe. La fac de West-View avait de petits effectifs, ce qui était un gros avantage selon moi puisqu'il était tout de même plus simple de suivre un cours parmi une cinquantaine d'élèves plutôt qu'une centaine, voire plus.

Je choisis la première place libre et m'assis en poussant un soupir, le russe avait toujours été une de mes matières favorites au lycée, j'espérai vraiment avoir une bonne prof.

Alors que je sortais mon ordinateur portable de mon sac, je remarquai la rousse qui m'avait aidé à récupérer mes clés hier. Elle était vraiment jolie et avait un sourire à faire fondre le plus froid des glaciers. Et puisqu'elle était près des sièges occupés par les étudiants je la pris pour une élève. Voyant qu'elle me regardait je lui fis mon plus beau sourire charmeur tout en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Elle se mit à rire sans que je comprenne pourquoi et se dirigea vers le bureau du professeur. D'ailleurs c'était étrange puisque notre professeur de russe n'était toujours pas arrivée...

Ce n'est que lorsqu'elle se mit à parler d'une voix forte en nous souhaitant la bienvenue que je compris. Morte de honte, je me ratatina sur ma chaise. Évidemment que ce n'était pas une étudiante ! Elle n'aurait jamais eu les clés de l'administration sinon ! Je me sentais vraiment stupide, j'étais à deux doigts d'avoir essayé de draguer un professeur... Pendant toute l'heure je me suis complètement déconnecté de la réalité. Mes yeux étaient rivés sur ses lèvres qui se mouvaient au fur et à mesure qu'elle parlait, sur ses yeux qui balayaient l'assemblé, sur ses mains qui volaient devant elle lorsqu'elle s'enflammait dans ses propos... Je buvais ses paroles sans vraiment les écouter, résultat je ne pris aucunes notes.

Lorsque le cours prit fin et que je me dirigeai à pas lent vers la sortie je l'entendis m'interpeller.

- Mlle. Potts ? Pourriez-vous rester un instant ?

Surprise je retournai sur mes pas, l'amphi c'était entièrement vidé et il ne restait plus qu'elle et moi dans cette salle immense. Sans savoir pourquoi, je sentis le battement de mon cœur s'accélérer. La peur de la remontrance sans doutes.

- Oui bien sûr, il y a un problème ?

- Pas vraiment mais j'ai remarqué que vous n'étiez pas vraiment attentive... Vous n'avez pris aucune note. Si la matière ne vous intéresse pas, pourquoi l'avoir prise ? Je suis persuadée que d'autres étudiants auraient été ravis de prendre votre place ! Le russe dans votre licence est une matière très sélective, donc j'avoue que je ne comprend pas pourquoi vous y prêtez si peu d'attention. D'autant plus que j'ai vu dans votre dossier que vous aviez eu d'excellents résultats dans cette matière les années précédentes.

- Je... Je suis désolé si je vous ai fait sentir que je n'étais pas attentive, c'est juste le temps que je m'habitue à ce nouveau rythme, je vous promet d'être plus à l'écoute la prochaine fois. J'étais juste un peu distraite cette heure-ci mais cela ne se reproduira plus.

- Bien, je préfère cet état d'esprit là, je trouvais ça dommage qu'une élève comme vous ne soit pas méticuleuse en ce qui concerne mon cours. Mais bien que cela ne soit que le premier cours de l'année, il est tout aussi important. C'est pourquoi je préférerais vraiment que vous ayez des notes en ce qui concerne le programme et l'année qui nous attend. Tenez, je vous donne une copie des notes de mon cours...

- Merci beaucoup... Décidément vous êtes trop bonne. Hem. Enfin, heu non ! Enfin si, mais je veux dire... Heu... Vous êtes sympa quoi, enfin, je... Argggggg ! Bref. Merci. Bonne journée !

Je vis ses yeux rirent, mais j'étais tellement morte de honte que je préfère sortir de la salle le plus vite possible. Après quelques mètres à me perdre dans les couloirs je me laissais glisser le long d'un mur en soupirant. Je suis la pire... La reine des gaffes, sans le moindre doute ! Non mais sérieusement, comment ai-je pu lui sortir un truc pareil ? J'avais juste envie de m'enterrer à six pieds sous terre. D'abord je la drague à moitié et après je lui dis qu'elle est bonne ? Bon évidement que cette expression est tout à fait innocente, mais je n'ai jamais aimé l'utiliser pour cette exacte raison . Pfff, je ne pourrai plus jamais la regarder en face... Et pourtant, qu'est ce que j'ai envie de la regarder... Bon y/n ça suffit ! Secoue toi et arrête tes bêtises !

Dans un mouvement de résolution je me suis relevée et dirigée vers le restaurant universitaire pour combler mon estomac criant famine. Sur le chemin, j'en profite pour envoyer un message à ma mère pour la rassurer et lui dire que tout se passait très bien. Petit mensonge puisque j'étais clairement en train de me demander si je ne devrais pas changer de fac pour ne plus avoir à croiser Mme. Romanoff, n'étant jamais dans l'exagération bien sûr, mais il était inutile de l'inquiété pour une histoire aussi stupide. Et puis ce n'était pas comme si je devais m'inquiéter de quoique ce soit, elle ne m'en tiendra pas rigueur. Si ?

Arrivée dans la file d'attente je la remarqua comme par hasard en train de discuter avec mon prof de linguistique française, M. Barton. Lorsqu'elle m'aperçut, elle me fit un sourire qui me fit frissonner.

Mais ce n'est qu'une fois assise à ma table que je repensa à notre conversation. Attendez... Elle savait que je n'avais pris aucunes notes, elle n'aurait jamais été si catégorique si elle ne m'avait pas observé un tant soit peu... En plus elle avait lu mon dossier, alors que nous étions seulement le premier jour de cours ? Ça n'avait aucun sens... Et que voulais-t-elle dire par : "une élève comme vous ?"...

Décidément, cette année s'annonçait vertigineuse...

Le Ruban RougeWhere stories live. Discover now