La fièvre dans ses yeux [L.S]

Chapitre dix-neuf

I need some sleep - Eels

— HARRY —
Mars 2021.

Lorsqu'il prononce ces deux mots, mon coeur se met à tressauter. Je prends quelques secondes pour réaliser. Je ne sais plus où je suis, je ne sens plus mon corps, mes membres, mes vêtements trempés collant désagréablement à ma peau, les gouttes glissant sur mes boucles et dévalant mon visage pour s'échouer sur le bitume. Je ne sens que mon coeur battre follement dans ma poitrine. Tout est si intense que j'ai du mal à accueillir ce surplus d'émotions. Je sens ma tête tourner, mes pensées dansent et s'entremêlent dans mon esprit. Je n'arrive même plus à réfléchir correctement, tous mes sens sont brouillés.

Le silence s'installe mais il n'y a rien de pesant, au contraire. C'est comme si toutes mes peurs et mes doutes s'étaient évaporés en une seconde, en seulement deux petits mots. Deux petits mots qui changent une vie. Je me sens apaisé, et revivre. C'est comme une grande bouffée d'air que je me prends en plein visage. Je respire à nouveau, je vis à nouveau.

Ses yeux brillent d'une lueur étrange, quelque chose d'indescriptible et quelque chose que j'ai déjà vu auparavant. Cette lueur rend le bleu de ses yeux encore plus magnifique, encore plus prenant. Je m'y noie, à nouveau, comme le premier jour de notre rencontre. Dans ce bar miteux, clopes en bouche et têtes dans les étoiles.

— Je suis désolé Harry, vraiment désolé d'avoir réagis comme ça. Je n'aurais pas dû et ça ne se reproduira plus jamais, je te le promets.

Je ne lui laisse même pas le temps de continuer que j'attrape l'encolure de son pull et l'embrasse, cherchant désespérément sa chaleur. Le baiser est doux et mélancolique, je transmets toutes mes émotions par ce geste. Les lèvres de Louis sont sucrées et légèrement mentholées. J'aime leur goût plus que tout au monde. Et j'aime qu'il me sert contre lui comme il le fait en ce moment. J'aime quand ses doigts s'échouent dans ma nuque, puis dans mon dos, et sur mes hanches, et partout sur mon corps. J'aime ces instants légers à ses côtés et comme j'aime le savoir près de moi et prêt à tout pour moi. Parce que je sais que je serai prêt à tout pour lui, pour le rendre heureux. Je ne veux jamais que ce moment s'arrête. Je veux rester ici avec lui, jusqu'à la fin de ma vie.

Puis sans que je m'en rende véritablement compte, on se retrouve chez moi. J'ai probablement dû lui proposer qu'on se réfugie à mon appartement, dans le feu de l'action. Une fois la porte fermée, j'attrape sa lèvre inférieure avec mes dents et tire dessus ce qui le fait couiner. J'ai envie de sourire à ce son mais je ne peux pas, bien trop occupé à glisser ma langue dans sa bouche lorsqu'elle est assez ouverte. Les baisers s'enchaînent, de plus en plus rapides et de plus en plus langoureux et sauvages. Mes deux mains viennent alors se poser sur ses hanches, en dessous de son pull et il se met à gesticuler. J'en viens même à le plaquer contre la porte. Son corps heurte cette dernière et il couine de plus belle. Je jure que c'est le meilleur son que j'ai entendu de toute ma vie.