Chapitre deux

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Cigarette - Saez

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Cigarette - Saez

— LOUIS —
Août 2020.

Je m'approche petit à petit du centre de Lille, là où Zayn et le reste de la bande m'attendent. Le ciel s'amalgame de cyan et de gris, ne sachant plus trop à quoi s'en tenir, un peu comme moi. Quelques faisceaux de soleil dispersés trouvent un chemin parmi le désordre des nuages, mais sans plus.

J'aperçois la fontaine de la Grand'Place et ma petite bande assise là, sur le bord. Tout le monde parle, rigole, mange, boit... Ils ont des sourires aux lèvres et des bouteilles en main. Je remets ma mèche en place tout en m'avançant vers la grande et somptueuse fontaine. Je cherche mon paquet de cigarettes dans la poche de ma veste en jean, puis j'en sors une et grille le bout.

Les cigarettes me rappellent les relations humaines, qu'elles soient amoureuses, amicales ou haineuses. Tout commence par des étincelles puis des flammes, en essayant de satisfaire les besoins ou les désirs. Les deux sont généralement mélangés en même temps. Puis on respire, c'est le début, on ne s'attend à rien, on ne profite que du moment, du confort immédiat. Puis à la moitié, le besoin principal ou l'impulsion est partiellement assouvie. On commence à nous rendre compte que la cigarette est sur le point de s'épuiser et on se demande si on doit en rallumer une autre. On regarde vers l'avenir et on ne connaît pas la voie à suivre. Parfois, on doit la rallumer et émettre une forte étincelle, mais une fois rallumée, elle a un goût différent. Puis plus la fin approche, plus la cigarette nous brûle la gorge, nous fait mal, mais on se raccroche à elle, on se dit qu'il faut en profiter au maximum, inspirer jusqu'à la dernière latte, jouir du moindre souvenir. La fin est là, et on finit par la jeter, parce qu'elle n'a plus rien pour nous, plus rien à nous apporter si ce n'est que de la douleur immédiate et future, et l'on finit toujours par se dire « je vais m'en griller une autre. »

T'as déjà fini le taff toi ? Je lance en donnant une tape sur l'épaule de Zayn, calcinant ma cigarette en lui jetant un regard amusé. Le basané se retourne pour me faire face et hoche la tête avec un petit sourire.

— Fallait bien que je sois là pour fêter ta réussite !

Je vois à ses yeux qu'il est complètement défoncé, ce qui ne change pas de d'habitude. Il allait jusqu'à en revendre dans tout Lille. Aux jeunes, aux moins jeunes, aux gens respectables, aux marginaux. À tout le monde. En vérité, il se faisait pas mal de blé, c'était un bon gagne pain. Parfois j'avais peur pour lui, j'avais peur qu'il se fasse choper et embarquer. C'est mon meilleur ami depuis toujours, et je n'ai certainement pas envie qu'il se retrouve derrière les barreaux pour une connerie de ce genre. Mais les temps sont durs et il faut bien trouver de quoi payer les courses, le loyer et les dépenses quotidiennes. Ce n'est pas mon futur salaire de tatoueur et le sien qui peuvent payer tout ça. Ça ne suffit pas. Et s'il continue à se défoncer toute la journée et arriver complètement déglingué au travail, il ne restera plus que mon salaire et là, ce sera vraiment la merde. Mais maintenant que j'ai postulé au salon de tatouage, mon salaire assurerait bien plus de charges et nous pourrions peut-être même mettre un peu d'argent de côté.

La fièvre dans ses yeux [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant