Posée la tête contre son torse, je me laissais aller. Mes mains divaguaient sur sa peau, accrochant quelques poils au passage, juste de quoi le faire grogner.
- Ça t'amuse hein ? souffle-t-il dans mes cheveux.
Pour toute réponse, j'enfonçai un peu plus mes doigts dans sa toison.
- T'es insupportable, fit-il en me relevant la tête du bout des doigts.
Je me redressai m'appuyant sur mes coudes pour regarder son visage, sans vraiment le voir. La seule pensée que j'étais avec lui me comblait de joie.
Je posai mes lèvres sur les siennes, sûrement trop doucement à son goût puisqu'il attrapa l'arrière de mon crâne avant d'intensifier notre échange.
- Ne m'oublie pas, glissa-t-il à mon oreille une fois satisfait, je t'attendrai.
Mon regard tentait encore une fois de scanner l'homme que j'avais devant moi. Sa peau bronzée, ses traits flous, ses cheveux que je pouvais parfaitement sentir sous mes doigts, mais que mes yeux n'arrivaient à définir.
- Wakey wakey Charlotte !
Je regardais le noir obscurcir la pièce, impuissante. Ma tête bourdonnait, vibrait de plus en fort jusqu'à ce qu'elle rencontre la réalité.
- The dogs are hungry !
J'ouvrai les yeux difficilement, espérant que la douleur dans mon front ne s'estompe. Pourtant, j'y étais habituée. Depuis 8 mois qu'il était parti, chaque réveil avait été aussi éreintant.
Je repoussai la couverture rêche d'une main, me massant le crâne de l'autre et entrepris de m'asseoir. La sensation du parquet brut m'aida à retrouver pieds, j'étirais mes bras puis mes jambes pendant qu'on tambourinait à la porte.
- Coming !
Quelques secondes après, j'avais tout perdu de la chaleur réconfortante de ma nuit de sommeil. Frissonnante, j'enfilais quelques vêtement et attrapant un pull avant de sortir de ma petite chambre.
Elin était dans la cuisine et s'attelait à préparer le petit déjeuner pour tout le monde. A peine passée la porte, Jotka, une jeune husky d'Alaska, vint me gratifier d'un coup de langue monumental lors d'un accueil plutôt mouvementé.
- Ro deg ned, Jotka.
- T'as entendu ma puce, calme-toi !
La chien retrouva son sérieux et partit attendre sa ration auprès de ses confrères. Après un bref salut lancé à Elin, j'enfilais mes bottes et sortis dans la neige pour rejoindre l'enclos. Les chiens hurlaient déjà à la mort.
- J'arrive, j'arrive !
Je préparais les gamelles tranquillement, puis fis sortir les chiens deux par deux. Les plus disciplinés se rangeaient tranquillement devant leur écuelle, tandis que les plus jeunes se débattaient pour atteindre plus rapidement leur nourriture.
- Honning, putain !
La chienne venait de casser la corde qui me permettait de la guider, la deuxième en trois semaines.
- Arrête de ronger ça, sérieux, t'as assez à manger !
Elle m'ignora royalement et se rua sur son petit déjeuner.
Une fois le dernier chien installé, je regardai ma petite tribu se goinfrer et se taquiner les uns les autres.
Depuis trois mois que j'étais au refuge, ces grosses bêtes m'en avaient fait voir de toutes les couleurs, et pourtant je m'y étais rapidement attachée comme à des enfants. Jotka évidemment était de loin celle avec laquelle j'avais le plus de lien, après tout, c'était grâce à elle que je m'étais retrouvée ici.
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Nuit polaire
قصص عامةCharlotte vient de vivre un drame. Devoir réapprendre à vivre après la perte d'un être cherche demande plus de courage encore lorsque l'on porte le poids de la culpabilité. Cette fiction est la suite d' "Et soudain".