Noblesse et Pauvreté©

A R R I V É E

Dès les premiers jours à Versailles, le malheur s'abattit sur Izuku et ses maladresses en agacèrent plus d'un. Entre les pichets d'orgie reversées sur les tapis de chambres, les plateaux repas finissants sur la mousseline des nobles robes et les sols collants de coupelles de caramel ayant glissé de ses mains, Izuku s'en voulait un peu plus à chaque nouvelle réprimande. Il commença à amèrement regretter cette inscription (qui n'était même pas la sienne) et bientôt, les larmes lui montèrent aux yeux à la moindre remarque; décidément, la vie à Versailles était non seulement épuisante, mais aussi très exigeante. Une chance qu'il n'ait pas encore croisé son père, mais comme il le savait si bien, cela ne saurait tarder... 

Le moral du bouclé descendit un peu plus, et énervé de cette situation, il se décida à se ressourcer dans une bibliothèque, peut-être trouverait-il un livre sur les manières à adopter au château ? La manière de tenir un pichet convenablement et comment ne pas trébucher sur les carrelages glissant des allées afin de ne pas renverser les repas sur les gens de la cour ?

Si même Izuku savait qu'il n'en trouverait certainement pas, il espérait au moins trouver du réconfort dans un livre, des textes et des mots qui l'emmèneraient loin de ces dures exigences; encore fallait-il qu'il en trouve une dans l'amplitude de ce château... 

l'après midi passante, notre jeune protagoniste au cheveux verts réussi a finir toutes ses taches sans trop de mal et décida de faire une exploration approfondie du château en vue de, peut-être, trouver une bibliothèque.

C'est ainsi qu'il erra dans les allées le reste de la journée, passant dans les couloirs, grimpant aux marches, traversant les portes et revenant parfois sur ses pas (souvent à cause d'un cul-de-sac).

C'est aux abords du coucher de soleil et après 2 heures de marche qu'Izuku eut la certitude d'être absolument perdu. Il s'agenouilla alors contre un mur en quête de répis et soupira longuement; il laissa tomber ses paupières de fatigue, respira longuement et fit le vide dans son esprit. Lorsqu'il rouvrit ses yeux, il remarqua une porte, dissimulée dans l'ombre d'une colonne, mais il était presque sûr de ne jamais l'avoir vu ici auparavant. Il continua d'observer cette porte, et inconsciemment, se dirigea vers celle-ci; quelque chose l'attirait irrémédiablement vers cette porte. 

Il s'en approcha, doucement, comme envoûté, et posa la main sur la poignée, poignée qu'il actionna après quelques secondes; il ouvrit la porte, entra, et ses yeux s'émerveillèrent de stupeur et d'excitation devant la pièce qui s'offrit à lui. Il passa une dizaine de minutes sans bouger, un peu comme bloqué, puis se repris en main et s'avança doucement dans ce qui était une sorte de bibliothèque, mais dix fois plus grande que la norme. Il se déplaça dans la pièce, arpentant les rayons de livres à la recherche de quelque chose d'intéressant, et trouva un intitulé qui sembla faire son bonheur : "La vie invisible d'Addie Larue" de V.E Schwab. 

Satisfait de cette trouvaille, il le prit, sortit et s'en retourna à sa chambre avec, tout content de sa trouvaille. Après trois heures de lecture, ayant de nouveau le moral et décidé à agir comme il le faut, il se mit en tête de passer sa soirée et de sacrifier son sommeil pour s'entraîner à servir correctement : équilibre, stabilité, adresse, souplesse, rattrapage en cas de catastrophe, etc... Il passa sa nuit à travailler et retravailler ces points faibles chez lui, jusqu'à arriver à un résultat convaincant. 

C'est seulement aux abords de deux heures et demi du matin qu'il pris une pause et mangea son repas apporté six heures auparavant, savourant son potage de choux froid, accompagné de pommes rôties sèches et de crème au œufs liquide. "Un délice" songea-t-il sans aucune once d'ironie; même congelé, jamais il n'avait pu manger une telle nourriture par le passé, et le seul mot qui lui venait en tête en ce moment était : succulent.