Le prix de la liberté

Chapitre 1

"Plus important que la façon dont nous atteignons la liberté financière, c'est le pourquoi."
~Robert Kiyosaki~

Cling Cling Cling

Le bruit du métal qui s'entrechoquent emplissait la petite pièce. Les rayons de soleil de se milieu d'après-midi illuminait ses petites rondelles doré et argenté qui semblaient commandé le cœurs des Hommes depuis longtemps, se reflétant dans le regard bien particulier de la jeune femme qui avait étalé son butin sur son lit. Agenouillé, un grand sourire aux lèvres, elle comptait son argent.

- 19 ... 20 ... 21 pièces de Bian et 10 pièces de Rubian ...

Elle rassembla ses gains dans la bourse de cuire, fit glisser légèrement la lourde malle qui contenait ses quelques robes et souleva une des lattes du parquet. Elle y déposa son aumônière parmi les vingt-deux qui s'y trouvaient déjà. Cette vision la rendit plus heureuse encore, elle n'avait jamais été aussi proche du but, plus que quelques pièces et toutes ses années de dure labeur seraient enfin récompensées.

- Anya ! Que fais-tu bon sang ! Descends immédiatement ! Les clients te demandent !

Rapidement, la jeune femme replaça la planche et la malle à leurs place. Attrapant ses jupes, elle se précipita hors de la chambre et dévala les escaliers, manquant de heurter Dustin, l'aubergiste qui avait hérité de l'affaire de son père lorsque celui-ci avait rendu son dernier soupir il y a de cela trois ans. Bien que le père n'était déjà pas un homme facile ni particulièrement gentil, son fils était d'une méchanceté sans égale. Elle se rappelait son arrivée à l'auberge lorsqu'elle avait une douzaine d'années. Blessé, orpheline, la mère de Dustin était une femme généreuse qui lui avait offert un endroit où penser ses blessures physique et émotionnelles. Puis, avec son mari, lui avait proposé de travailler pour eux en échange du gîte et du couvert. Se considérant très chanceuse à l'époque d'avoir rencontré le couple, ce sentiment ne dura pas. L'année qui suivit, la mère succomba à la dysenterie, amorçant ainsi le début du calvaire de la jeune femme.

Après la mort de Madame, Dustin qui avait une vingtaine d'années à l'époque, rejoignit l'auberge familiale afin d'épauler son père Ralf dans la régence de celle-ci. Dès son arrivée, et bien que Anya avait à peine quatorze ans à ce moment-là, il se mit à lourdement la courtiser. En effet, si l'auberge était souvent pleine à craquer, c'était en grande partie grâce à elle. En plus d'avoir un beau visage et une grâce naturelle, Anya était dotée de particularités physiques qui fit naître beaucoup de rumeurs et de curiosité dans la région. 

La jeune femme était née châtain, mais une mèche blanche attiraient les regards sur le côté gauche de sa chevelure. Son regard, quant à lui, en troublait plus d'un. Son iris gauche était noisette, alors que la droite était aussi bleue qu'un ciel d'été. Les badauds avaient fini par en conclure que l'œil foncé lui permettait de voir le jour, alors que le clair lui donnait la capacité de voir la nuit. Quant à sa mèche blanche, tout n'était pas d'accord. Certains disait qu'ils s'agissait là de l'endroit où l'avait embrassé une fée, la bénissant et faisant d'elle un porte bonheur pour son entourage, alors que d'autre, au contraire, pensait qu'elle fut maudite par une sorcière, certains qu'elle finirait par attirer le malheur sur ceux qui l'approchent de trop près comme cela avait été le cas pour le couple d'aubergiste. Si quelqu'un lui avait posé la question, Anya se serait rangée avec ceux supposant qu'une sorcière se serait penché au-dessus de son berceau. Mais l'être humain étant d'une irrésistible curiosité, beaucoup faisaient halte dans leurs auberge afin d'apercevoir la demoiselle.

Bien que très mal à l'aise au début, Ralf n'avait pas hésité à sauter sur l'occasion afin d'attirer le plus de clients possible en jouant sur la réputation mystique de la jeune serveuse qu'il s'appliquait à propager, l'obligeant à réciter des bénédictions ou malédiction à quiconque le demanderaient contre une pièce d'argent.