Chapitre 15

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- Je vous déclare à présent, mari et femme. Monsieur, vous pouvez embrasser la mariée.

Un baiser ... Avec toutes ses leçons et les préparatifs pour le mariage, Anya en avait complètement oublié que la cérémonie devait se conclure par un baiser, elle qui n'avait jamais embrassé personne de son plein gré. Lorsqu'elle croisa le regard de Tobias, elle comprit qu'il ne bougerait pas le premier et attendrait qu'elle fasse un pas dans sa direction. Ses angoisses s'envolèrent. De quoi avait-elle eu peur exactement ? L'espace d'un instant, elle avait oublié que l'homme qui lui faisait face n'était pas l'un de ceux qui laissait traîner ses mains baladeuses sur son corps dès qu'elle passait un peu trop près, chargé de nourriture et d'alcool sur un plateau. Non. Lui était un guerrier, un gentleman qui cherchait toujours à la mettre à son aise, s'adressant à elle sans jamais hausser le ton. Non. Elle n'avait pas peur du puissant combattant dont la dangerosité pouvait se deviner à la simple vue de ses nombreuses cicatrices et surtout à la grande balafre qui lui barrait le visage. Et après tout, qu'étais-ce qu'un baisé ? Un simple contact peau à peau avec une autre personne. De nombreuses fois ils s'étaient touché les mains, alors qu'y avait-il de différents si cette fois-ci ce devait être leurs lèvres ? Et leurs invités devaient y croire. Se tenant fermement les main, la jeune femme releva la tête et sourit à Tobias qui sembla comprendre le message. Il saisit délicatement l'une des main de la jeune femme et lui sera doucement, il posa l'autre sur sa joue et s'approcha avant d'unir leurs lèvres dans un chaste baisé. Anya aurait presque pu croire qu'un papillon s'était posé sur ses lèvres tant le toucher était doux et léger. Quand elle rouvrit les yeux, elle put voir face à elle son tout nouvel époux qui souriait aux convives en les saluant de grands signes de la main, l'autre tenant toujours celle d'Anya.

Jamais le château n'avait connu pareille animation depuis que Tobias en était devenu le maître il y a de cela quatre ans. Nombreux étaient ceux qui occupaient la piste de danse, une joyeuse mélodie accompagnant les pas rythmés, pendant que les autres présentaient leurs meilleurs vœux aux nouveaux mariés. Bien que la jeune femme ne connaissait pas la moitié des invités, elle avait reconnu quelques personnes présentes lors de la soirée de Lord Erick, ainsi que les élèves de Tobias qu'elle avait put rencontré quelques jours auparavant. Ils n'étaient pas nombreux, mais il semblait que ce soit toutes des personnes que le guerrier connaissait bien.

Au petit matin, Anya discutait joyeusement avec Jacobine et d'autres dames, les langues ayant été délier par le vin.

- Eh là je lui ai dit: Bat les pâtes mon grand ! Si vous désirez en voir plus, il vous faudra me passer la bague au doigt !

- Et que s'est-il passé ?

- Et bien j'ai déjà quatre enfants !

Toutes sifflèrent d'admiration devant l'histoire que venait de compter dame Ivène, une femme rondelette d'une trentaine d'année au visage enfantin. Lorsque son regard se posa sur Anya, l'attention de toutes les autre femmes se portèrent également vers elle, une lueur curieuse dans le regard.

- Et vous Dame Anya ? Comment avez-vous rencontré le seigneur Tobias ? Il est vrai qu'il s'est absenté un moment, mais personne n'aurait deviné qu'il rentrerait accompagné d'une dame.

- Oh ... eh bien ... Jacobine jeta un regard inquiet à son amie. Mon seigneur et et Balder ont fait halte dans notre région. Ils cherchaient un endroit où se reposer donc nous les avons hébergés quelques temps. Un jour, je me suis retrouvé en mauvaise posture avec des individus de passage et ils me sont venus en aide.

- Et vous êtes tombé amoureux ?

- Oui ?

- Que c'est romantique ! S'extasia l'une des femme.

Anya et Jacobine se regardèrent, soulagées qu'elles ne cherchent pas à connaître plus de détails, sûrement trop alcoolisées pour même se souvenir de l'histoire qu'elles venaient d'entendre. La jeune femme elle même avait eu un peu de mal à mettre ses idées en ordre pour leurs compter leurs ''rencontre'', le vin étant particulièrement bon et ayant coulé à flot.

- Anya, je pense qu'il est temps pour nous de nous retirer, je vais vous aider à vous préparer.

- A me préparer ?

- Oh oui allez-y ! Nous espérons que ça ira pour vous. Si je peux vous donner un petit conseil, ayez toujours l'air d'apprécier, même si ce n'est pas le cas. Toutes acquiescèrent.

- Très bien, merci ?

Jacobine prit le bras de sa protégé et se dirigea vers les grandes portes. Elles croisèrent sur leurs chemin Tobias, Lord Erick et Balder qui discutaient. Lorsque Lord Erick les aperçut, il ne put retenir un sourire.

- Ah je voie qu'il va nous falloir bientôt vous laisser.

- En effet, je ne voudrais pas faire attendre trop longtemps mon épouse. Répondit-il tout en déposant un léger baiser sur la main libre de la demoiselle.

Les deux femme quittèrent la grande salle sous les regards des convives. Gravissant les marche lentement suite à l'état de Jacobine, Anya s'inquiéta pour son amie.

- Allons-y doucement.

- Oui ... Ouf ... Il serait temps que bébé pointe le bout de son nez !

- Ça ne devrait plus tarder.

- J'espère bien !

Arrivé dans la chambre, la jeune femme fit s'assoir son amie qui poussa un soupir de soulagement. Pendant que Jacobine reprenait son souffle, Anya défit les épingle qui rendait son crâne douloureux et laissa retomber sa chevelure dans son dos, appréciant se sentiment de délivrance.

- Pouvez-vous m'aider à me défaire de ce corset ? Je ne pourrais le supporter une seconde de plus.

- Bien sûr très chère.

Son amie l'aida à se dévêtir de sa toilette certes très jolie, mais d'une complexité telle que la jeune femme n'aurait pu s'en extraire seul. Puis elle revêtit une robe légère pour passer la nuit, mais étrangement plus élaborée que les habituelles habits de nuit qu'elle portait.

- Savez-vous ce qui vient après la cérémonie de mariage ?

- Je pense en avoir une certaine idée. Ma mère nous a quittés alors que je n'étais qu'une jeune fille. Elle a abordé le sujet quelques fois tout en restant assez vague mais ayant vécu les dernières années entourée de femmes libérées, je pense que ce à quoi je pense ne doit pas être très loin de la réalité. Elle prit une grande inspiration. Les époux, après la cérémonie et le repas, passent la nuit ensemble où ils s'unissent afin de sceller leur mariage.

- Oui, c'est bien cela.

- Mais ça ira, nous sommes sous contrat donc tant que personne ne sait que nos corps ne se sont pas unis il n'y a pas à s'inquiéter. Il nous suffira simplement de faire comme-ci.

- Eh bien j'ai bien peur que cela ne suffise pas. Tobias va devoir redescendre avec une preuve.

- Une preuve? Quelques coups furent donnés à la porte.

- Anya ? C'est Tobias, puis-je entrer ?

- Oui bien sûr.

- Venez me voir demain, nous boirons le thé.

Jacobine serra fort sa protégé dans ses bras avant de quitter la pièce en refermant la porte derrière elle, laissant seul les jeune mariés. Anya ne bougea pas de l'endroit où l'avait laissé son amie. Bien droite, elle observa Tobias quitter sa veste de costume et remonter ses manches haut sur ses avant-bras. Son sang se glaça. Dustin remontait lui aussi parfois ses manches lorsqu'il la frappait afin de ne pas tacher ses vêtements si toutefois du sang venait à gicler. Est-ce qu'à présent qu'ils étaient mariés il pensait pouvoir faire d'elle ce qu'il voulait ? Cachait-il son jeu depuis le début ? Non ça ne pouvait être ça. Quel avantage tirait-il de cette union si ce n'était pour les raisons stipulées sur le contrat ? Mais oui ! Le contrat ! Il se devait de le respecter ! Cette fois elle aussi en avait un exemplaire et pourrait l'utiliser contre lui si toutefois les choses tournaient mal. Elle regarda rapidement autour d'elle pour trouver de quoi se défendre si ses craintes se réalisaient, une chose était sûre, elle ne se laisserait pas faire.

Le prix de la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant