Chapitre 3

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Anya finissait de débarrasser les tables lorsque Tobias se présenta devant elle.

- Mademoiselle Anya.

- Monsieur Tobias, en quoi puis-je vous être utile ?

- En rien. A vrai dire j'avais quelque chose à vous donner mais vous êtes parti si vite tout à l'heure, puis vous n'êtes réapparu que longtemps après.

La jeune femme se redressa en se massant légèrement ses côtes d'un air absent. Tobias, en voyant cela, fronça les sourcils.

- Mon patron avait à me parler.

- A vous parler ? Comment ? Avec ses poings ?

La jeune femme le regarda, surprise, avant de se renfermer, reprenant sa tache.

- Cela ne vous regarde en rien Monsieur.

- En effet ...

Il soupira. Jamais il n'avait comprit les hommes qui parlaient au femme avec leurs poings. Dans son pays, il n'y avait pas plus grand déshonneur pour un homme qu'être violant avec une femme. Certes, leurs rôles et leurs tâches étaient différentes, mais le respect était la base de toutes relations. Mais après tout elle avait raison, cela ne le regardait pas. Il pouvait néanmoins faire quelque chose pour l'aider à quitter cet endroit. Il lui tendit la main.

- Tenez, je souhaitais vous donner ceci, votre pourboire.

- Trois ... Rubians ? Vous êtes sûre ? Vous m'en avez déjà donné ce matin ! Vous rendez-vous compte de la somme que cela représente ?

- C'est que vos services valent à mes yeux.

- Eh bien vous n'avez pas une très bonne vue Monsieur. Mais si je prend cet argent, soyez prévenus que je ne vous le rendrais pas, même si vous finissez par vous rendre compte que vous avez commis une erreur.

- Je ne vous réclamerais pas cet argent.

Anya hésita. Trois Rubians était la somme qui lui manquait pour racheter sa liberté, mais elle hésitait. Elle avait passé tellement d'années à mettre ses pourboires de côté. Tant de nuit à rêver de ce jour que, maintenant qu'elle pouvait le toucher du doigts, cela lui faisait peur.

- Comme l'a dit Balder ce matin, je ne reprendrais pas cet argent, donc acceptez le je vous pris.

Du bout des doigts, elle prit une à une les trois pièces d'or qui reposait dans la grande mains de l'homme qui lui offrait, sans le savoir, la liberté qu'elle attendait tant. Elle les compta, puis des larmes vinrent brouiller sa vision. Ses jambes menacèrent de céder, son cœur battait vite dans sa poitrine.

- 348 ... 349 ... 350 Rubians ... Chuchota a-t-elle faiblement, elle releva vers Tobias un regard humide et plein de gratitude en lui attrapant les mains. Merci Monsieur ! Je suis libre ! Libre !

Puis elle tourna les talons et se rua dans les escaliers. Elle avait l'impression de survoler les marches. Arrivée dans sa chambre, elle renversa le coffre et arracha la latte, découvrant son butin. Elle ouvrit la dernière bourse qu'elle avait placée dans la cachette pour y ranger ses pièces. Elle sauta sur ses pieds, par où commencer ? D'abord son paquetage. Elle fouilla parmi les vêtements que contenait la malle et qui s'était renversée avec son empressement et trouva un baluchon. La jeune femme y plaça ce qu'elle pouvait, quelques chemises, quelques robes, une légères couverture. Puis, elle se jeta sur son oreiller qu'elle déchira, la joie lui offrant une force qu'elle ne se connaissait pas. Elle vida rapidement les plumes qui ne tardèrent pas à remplir la chambre et se servit du tissu comme un sac pour y placer les vingt-trois bourses de cuire qu'elle avait caché si longtemps. Jetant son baluchon par-dessus son épaule, elle dévala les marche aussi vite qu'elle les avait montés, s'arrêtant dans la cuisine pour trouver Hector.

Le prix de la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant