Le Signe de l'Ange - partie II - Lee Know [EN COURS]

I.

« Les retrouvailles nous font rappeler de vieilles histoires. »
- Albert Zilevou.

- Ma chérie ! S'exclama la vieille femme femme lorsque la porte de son appartement s'ouvrit sur sa petite fille.

- Grand-mère !

La femme âgée se rua sur la brunette qui venait d'entrer et l'enlaça de toutes ses forces.

Depuis combien de temps est-ce qu'elle ne l'avait pas vu en chair et en os ?

- Je ne t'attendais pas avant demain soir mon trésor, dit madame Gong lorsqu'elles se séparèrent.

- Je sais mais j'ai pu me libérer un peu plus tôt au bureau.

- Tu travailles trop ma Yuri. Viens donc t'asseoir, je vais nous faire un peu de thé.

- Je vais le faire grand-mère, vas t'installer au salon en attendant.

- Merci ma petite.

Quelques minutes, c'est le temps qu'il leur a fallut pour que chacune retrouve sa place : la gentille et serviable Yuri qui s'efforce de prendre soin de sa grand-mère tandis que la vieille femme tente du mieux qu'elle peut de lui servir de figure parentale.

*

La jeune femme se réveilla en sursaut, le corps tout engourdit. Elle s'était endormie sur le canapé, devant la télévision.

Un coup d'œil rapide à son portable pour regarder l'heure : 21h25. Il n'était pas si tard que ça.

Elle remit ses chaussures, son manteau, et après s'être assurée que sa grand-mère dormait toujours, quitta l'appartement.

Yuri fit quelques pas dehors et s'installa sur un petit banc en bois non loin de l'entrée de l'immeuble.

Elle sortit son téléphone de la poche de sa veste et entreprit de répondre à quelques mails importants, le reste attendra son retour à Toronto.

La brune étouffa un bâillement en rangeant son cellulaire qu'elle remplaça par un paquet de cigarettes déjà bien entamé : des slims, mentholées.

Il fallait toujours qu'elles soient mentholées, ça rendait le goût du tabac un peu moins infâme.

Elle alluma sa cigarette et tira une longue bouffée avant de recracher la fumée en fermant les yeux.

- C'est interdit de fumer dans les résidences seniors.

La jeune femme rouvrit les yeux en se figeant. Devant elle un adolescent à la tignasse rebelle couleur ébène et coupée courte. Ses petits yeux sombres en amandes la scrutait à travers l'obscurité.

Il semblait très jeune mais était déjà doté d'une rare beauté, un visage angélique aux traits fins et parfaits qu'on ne voit que dans les films ou les magazines.

Et pourtant, elle lui trouvait un air presque familier.

- Qu'est-ce que tu fais dehors à cette heure-ci ? Lui demanda-t-elle en écrasant sur le sol sa cigarette encore entière.

Le garçon haussa les épaules.

- Je ne pense pas que ça vous regarde.

Yuri haussa un sourcil.

- Ah oui ? C'est pourtant un peu étrange, un jeune de ton âge qui vient roder aux alentours d'une résidence seniors...

- Je ne rode pas ! S'exclama le brun. Je suis venu voir une amie, c'est tout.

La jeune femme quitta son banc pour le rejoindre, les bras croisés sur sa poitrine comme pour se donner une certaine prestance.

- Une amie ? Insista-t-elle en faisant quelques pas de plus.

Elle était désormais sous la lumière blanche des réverbères.

- Oui...

En apercevant son visage l'adolescent eut un mouvement de recul, les yeux écarquillés.

- Ça va pas ? On dirait que tu as vu un fantôme...

- Je... Il faut que j'y aille !

Il rabattu sa capuche sur sa tête et s'enfuit en courant, laissant son interlocutrice perplexe sur ce qu'il venait de se produire.

*

- Tu es déjà rentré ? S'étonna l'homme qui était installé sur le canapé lorsque son fils passa devant lui.

- Hein ? Euh ouais, répondit le noiraud visiblement perturbé par ce qu'il venait de se produire dehors.

- Alors, comment elle va ?

- Qui ça ?

- Comment ça « qui ça »? Madame Gong !

- Oh ! Elle... Elle va bien... Papa ?

- Oui ?

- Est-ce qu'elle... Est-ce que c'était prévu qu'un proche ou quelqu'un de sa famille vienne lui rendre visite ?

Le père de famille réfléchit quelques instants avant de finalement lui faire « non » d'un signe de tête.

- Tu es sûr que tout va bien bonhomme ?

- Je sais pas trop...

- On peut en parler si tu-

- Je... Je vais aller me coucher, je suis fatigué, le coupa le jeune homme. Bonne nuit 'pa.

- J'allais dire « si tu veux » mais d'accord. Bonne nuit mon grand, murmura l'homme alors que son fils quittait déjà la pièce.

*

- Où est-ce que t'es... C'est pas vrai, l'autre jour encore elle était là... Ah ! Je t'ai trouvé !

Le jeune homme descendit de la chaise sur laquelle il était monté pour accéder au haut de sa penderie et s'installa sur le sol de sa chambre, une vieille boîte à chaussures dans les mains. Il vida son contenu sur le parquet et se mit à trier les différents objets qu'elle contenait. Avec délicatesse et précaution il re-rangea les rares souvenirs qu'il lui restait de sa mère et s'attaqua aux photos sans perdre de temps.

- Je le savais... Chuchota-t-il lorsqu'il la reconnu.

Ce cliché devait dater d'une dizaine d'années, peut-être un peu moins. Il avait été prit alors qu'il vivait encore dans cette maison...

Il était dehors, dans le jardin, sous les premiers flocons de neige du mois de décembre. Emmitouflé dans une épaisse doudoune bleu marine et riant aux éclats tout près d'elle.

C'était la même femme que celle qu'il avait croisé ce soir, il en était certain.

Elle avait quelques années de plus, une silhouette et style vestimentaire différents.
Ses cheveux étaient désormais coupés au carré et légèrement plus clairs qu'auparavant mais ces yeux eux n'étaient pas différents.
Elle avait toujours cette même étincelle dans le regard.

Cette étincelle qui lui avait donné envie de continuer à avancer.

Cette étincelle qui les avaient sauvés son père et lui après la mort tragique et brutale de sa mère.

C'était elle.

- Yuri...