Chapitre 5 | Ava

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Lycée
Vendredi 8 Septembre
15 : 30

    Je lâche un soupir de soulagement lorsque la sonnerie retentit. La semaine s'achève enfin, et les deux heures d'histoire avec madame Cabin ont été un réel supplice. D'habitude, j'aime beaucoup cette matière, mais là, elle va réussir à me la faire détester. Ses cheveux roux et son regard impitoyable m'ont fusillé du regard pendant deux heures sans que je ne comprenne pourquoi. J'ai failli lui balancer ma trousse à la figure, mais je me suis rappelée que je n'avais pas le droit. Faut vraiment que j'arrête d'être si agressive.

    J'ai toujours eu l'impression d'être inexistante, inutile. J'ai toujours eu la sensation que le monde continuerait à tourner de la même manière que je sois là ou pas. Et c'est justement parce que je me sens complètement transparente que je suis étonnée et épuisée par cet élan d'attention envers moi.

D'abord M. Philo. Ou Ronadone, j'ai vu son nom sur mon emploi du temps ce matin. Je ne sais pas pourquoi il me colle aux basques, sachant qu'il n'est même pas gentil avec moi. Il m'insulte de fille bizarre et de psychopathe pour ensuite me demander de s'occuper de sa fille... c'est plutôt lui le malade mental. Je le hais. Je hais sa façon de me regarder, je hais ses b... ses yeux gris verts tout à fait banals et ses cheveux bouclés à la couleur indéfinie. Et ses lèvres, il a finalement acheté du Labello je crois. En plus il a mis sa bouche sur la fourchette qui venait de quitter la mienne, berk ! Je ne peux pas travailler pour lui, impossible. Mais en même temps, je ne trouve pas de job et je dois vraiment travailler. Je dois y réfléchir.

    Ensuite il y a cette Cabin qui m'a prise en grippe, et là, un énergumène me court après alors que je me dirige vers le portail pour rejoindre ma voiture garée juste devant le lycée. Qu'est-ce qu'il me veut ?

« Hey, salut ! Ava, c'est ça ?
— Salut. » je réponds sèchement.

    Je ne prends même pas le temps de le regarder, je veux juste rentrer chez moi.

« La prof a un sérieux problème avec toi. »

    Il me soule. J'avance rapidement et ne lui réponds pas dans l'espoir qu'il comprenne le message, il suit ma cadence et m'accompagne jusqu'à ma petite C3 rouge.

« Je me disais, j'organise une fête chez moi demain soir.
— Non. »

    Il m'agace ! Il s'arrête, sûrement étonné par ma froideur, et je le laisse planté là pour rentrer dans ma voiture.

Chez Ava
15 : 47

    À une époque, il était tellement difficile de rentrer chez moi que je m'asseyais dans la cage d'escalier de l'immeuble dans lequel vit ma grand-mère pendant au moins une heure. Au début, c'était pour éviter le regard glacial et plein de déception de ma mère, tellement déçue que sa fille de quinze ans soit en cloque. Ensuite, c'était pour éviter mon fils et ses pleurs incessants. Et aujourd'hui, j'ai moins de mal à entrer, mais il est vrai qu'il est toujours difficile de croiser le regard désapprobateur de Nana chaque fois que j'outrepasse les limites avec Drew.

J'inspire un grand coup, et je me décide à ouvrir la porte. Je salue ma grand-mère puis je vais prendre une douche. J'enfile un legging et un t-shirt, puis je m'enferme dans ma chambre et me plonge dans un livre pour m'empêcher de trop penser. À dix-huit heures trente, je me rends dans la cuisine pour préparer le repas. La danse était ma première passion, la cuisine est la deuxième. Je décide de préparer une lasagne au saumon. Ce prof a vraiment une influence étrange sur moi.

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