Chapitre 2

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KYLE

Nous sommes le 25 décembre et la seule chose que je trouve à faire c'est regarder la neige tomber sur le sol, assis sur un banc. Il est huit heures du matin et j'attends depuis un certain temps que le soleil se lève. Le campus est encore calme, à cause de la soirée les étudiants dorment toujours, et puis c'est les vacances. Mais moi je ne dors pas, je ne peux pas, ou bien je ne peux plus si je ne prends pas de somnifère.

Mon téléphone vibre dans ma poche et ma main se crispe quand je vois le destinataire : Monsieur Andrews, alias mon père.

Mr Andrews : Ton cadeau de Noël va arriver dans la journée.

Je ne prends pas la peine de répondre, lui ne prends pas la peine de prendre de mes nouvelles, de m'inviter à passer Noël avec lui ou simplement de me souhaiter de Joyeuses fêtes. Quand j'étais petit j'espérais toujours qu'il me porte un peu d'attention, je faisais tout pour en tout cas. Baston sur baston, drogue sur drogue. Alcool aussi, j'ai pris ma première cuite à onze ans, détruisant son canapé super cher par la même occasion. Mais non, il n'a jamais daigné me porter une quelconque attention. Alors il m'offre chaque année, le jour de mon anniversaire et à Noël, un cadeau de plus en plus cher.

Le soleil montre enfin le bout de son nez, comme s'il s'était dit que j'avais besoin qu'on éclaire ma vie à ce moment précis. J'observe le campus avec un regard vide. Je suis à Harvard University mais je ne ressens rien. Je suis dans une des plus prestigieuse Université, à souffler parce que je m'en carre l'oignon. Je repense alors à la semaine merdique qui vient de se dérouler.

Il y a une semaine :

Voilà déjà cinq jours que je me suis fais exclure de mon université à cause de ce connard. Depuis le temps que j'avais envie de lui en emmancher une. Il l'a mérité, ça aurait dû me soulager de l'envoyer à l'hôpital avec son traumatisme crânien et tous ces bleus sur son visage et son corps de merde. Mais non, ça n'a rien changé putain ! Faudra-t-il que je l'envoie dans sa tombe pour qu'il me laisse enfin tranquille ? Ce mauvais incident m'a valu une exclusion définitive, parce que oui, ce n'est pas la première fois que je casse la gueule à quelqu'un et j'avais déjà plusieurs avertissements. La seule chose qui les faisait me garder, c'est le fric de mon père. Comme toujours de toute manière.

Avachi sur le canapé, cigarette dans le bec, je vois débarquer mon paternelle, hors de lui.

- Kyle, je n'en peux plus de toi et de tes crises de gamins ! Quand vas-tu te comporter comme un adulte responsable ?! Je ne pourrais pas toujours réparer tes conneries, crie-t-il.

- Payer, ouai... dis je de façon à ce qu'il ne m'entende pas.

Puis il continue son monologue m'engueulant pour les cigarettes, la drogue, les filles (quelles filles d'abords ?). Et j'en passe. Tout ce cinéma dure une quinzaine de minutes où il ne cesse de hausser le ton, de me balancer ce qu'il croit être mes quatre vérités en pleine tête. J'ai vingt ans et mon père me sermonne comme si j'en avais cinq. Quand je pense que quand j'étais petit j'étais prêt à tout pour qu'il me porte un tant soit peu d'attention même si c'était pour m'engueuler ou me priver de quelque chose. Je voulais qu'il soit là. Maintenant je n'en ai rien à foutre, je veux juste qu'il me foute la paix. C'est alors que j'entends une chose à laquelle je ne m'attendais absolument pas :

- Le 24 décembre tu feras ton entrée à Harvard University, c'est là bas que j'ai étudié et j'ai réussi à t'y faire entrer en cours d'année grâce à un vieil ami.

- Et ton fric aussi, dis-je sarcastiquement.

Faisant comme si il ne m'avait pas entendu il continue :

Pourquoi moi ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant