Banshee's Screams - 2 - Kraken [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]

↠ Prologue ↞

Plus je l'observe, plus je me demande ce que j'ai bien pu louper. Je découvre une facette de Shannon que je n'aurais jamais cru voir un jour. Sa main ne tremble pas alors qu'elle taillade la peau de celui qui l'a, un jour, fait souffrir. Son visage ne révèle aucune émotion et je crois que, jamais je ne l'ai vue aussi concentrée. Sans passer pour un prétentieux, je suis plutôt doué dans mon domaine et, soyons claire, la mort est une assez bonne amie, mais la façon dont Shay exerce sa vengeance me fascine.

Je suis d'ailleurs surpris qu'elle ne sente pas mon regard sur elle, parce que je suis incapable de décoller mes foutues rétines de la vision qu'elle m'offre. Par contre, je sens bien celui de son frangin sur ma personne, mais je préfère l'ignorer.

Lorsque la tortue d'O'Malley se termine, Shay me redonne mon couteau, puis quitte la pièce sans un regard en arrière. Mes pieds réagissent avant mon cerveau et je me retrouve à poursuivre sa sœur de mon président. Mes yeux ne la lâchent pas et, lorsqu'elle dégobille par terre, je me précipite vers elle pour retenir ces cheveux. Une fois les soubresauts de son estomac calmé, elle se tourne vers moi en essuyant honteusement sa bouche.

Cette scène aurait dû me rebuter, parce que clairement, la gerbe, c'est franchement pas top, mais je ne peux m'empêcher de la trouver magnifique. Tellement magnifique que je fais un pas dans sa direction et vient poser ma main sur sa joue, alors que ma conscience me crie de m'écarter.

— Ça va mieux ? demandé-je.

— Ouais, merci.

Elle s'écarte de moi, comme si mon toucher l'avait brulée, puis focalise ses prunelles partout, sauf sur moi. Je fronce les sourcils face à sa réaction et tente de ne pas en prendre compte, en vain, du coup, je préfère dévier sur un autre sujet.

— Il a dû sacrément te faire souffrir pour que tu te déchaines sur lui, à ce point.

— Tu n'as pas idée, murmure-t-elle si bas que je l'entends à peine.

Sa réponse m'intrigue, mais je ne pose aucune question. Je m'apprête alors à rejoindre son frangin pour finir le travail, lorsque sa voix fend l'air et m'arrête net.

— Je vais partir.

Je me retourne face à elle, légèrement surpris par ce qu'elle vient de m'annoncer.

— De quoi est-ce que tu parles ?

— Je... je ne peux pas rester à Londres.

— Pourquoi ? C'est quoi ces conneries ?

— Ce ne sont pas des conneries, comme tu dis si bien, mais mon choix. Je ne peux pas rester à Londres... près de toi. Te voir avec une nouvelle brebis chaque soir me tue à petit feu et, comme je sais que, jamais, tu n'arrêteras, je préfère partir. J'ai besoin de m'éloigner pour pouvoir t'oublier.

— Mais tu vis chez Poppy. Pourquoi, en plus de ça, il faudrait que tu quittes la ville ?

— Tu ne comprends vraiment donc pas ?

Elle semble peinée que je ne pige pas la raison de son départ. Je me remémore ses paroles en boucles, et pourtant, je capte que dalle. Je sais que je ne suis pas le plus intelligent des hommes, loin de là même, et je m'en fous, la plupart du temps, mais là, j'ai l'impression d'avoir loupé un truc important et ça me fout les boules. Néanmoins, je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit, qu'elle tourne les talons et cours en direction du club. Je jure en passant une main dans mes cheveux long, puis shoote dans un caillou avant de rentrer dans le hangar.