Je suis dans la calèche qui me mène à cette fameuse soirée.
Il parait que même la famille royale y sera !
Ma mère, mon père, mon frère et moi nous sommes vêtus de nos plus élégants vêtements.
Je tourne la tête vers ma droite. Mon frère est accoudé contre la vitre, regardant le paysage dehors. La nuit est tombée. Il est vêtu d'un veste noire en velours, par-dessus une chemise blanche. Ses cheveux noirs et lisses sont soigneusement coiffés, son teint est pâle.
Son habillage sobre colle avec sa personnalité. Plutôt discret, il ne cherche pas à s'imposer et ce n'est pas dans sa nature d'être invasif comme le serait une veste aux nombreuses couleurs.
En face de moi, ma mère se tient bien droite. Très fière, comme à son habitude, elle est vêtue d'une robe bordeaux évasée assortie à la couleur de ses cheveux, roux foncé. Elle a mis du rose sur ses joues et sur ses lèvres, je suis prête à parier qu'elle veut donner une bonne image auprès des familles bien plus nobles que nous et qui seront, elles aussi, à cette fête.
A côté d'elle se tient mon père. Légèrement voûté, il porte un costume en queue-de-pie noir et blanc très simple, semblable à celui que porte mon frère. Ses cheveux sombres sont en épis, comme à leur habitude et ses yeux fixent le sol. Il est une fois de plus perdu dans ses pensées.
Mon père est un éternel rêveur. Doux, il n'a jamais réussi à se détacher de sa vision idyllique de la société, jamais réussi à réaliser à quel point celle dans laquelle nous vivons est brutale, violente parfois, mais surtout terriblement élitiste. Si l'on nait baron, on le reste toute notre vie, au mieux.
Mais bon, passons. N'allons pas penser politique un jour aussi festif !
Moi aussi je me suis faite belle. J'ai lâché mes cheveux roux d'un roux presque rouge, maquillé mes yeux bleus et mis en avant ma peau pâle grâce à ma robe bleu pastel, offerte par mon père pour mon anniversaire. Je souris : j'ai hérité des yeux et cheveux de ma mère, tandis que mon petit frère a, lui, les cheveux et les yeux de mon père (sauf que ses cheveux sont, fort heureusement, bien plus lisses et fins).
Personne ne parle dans la calèche, le silence est pesant mais je suis tant perdue dans la contemplation de l'habillage de ma famille que je n'y porte pas particulièrement attention.
La calèche s'arrête, nous en descendons.
- La comtesse de Vassili ! dit l'homme qui a ouvert la porte.
Ma mère se lève et descend les marches, élégamment.
- Le comte de Vassili ! appelle à nouveau l'homme.
Mon père se lève à son tour.
- Et leurs enfants, Thalys de Vassili et Scalès de Vassili !
Mon frère et moi nous levons pour descendre les marches, lentement.
C'est ainsi que se déroule la sortie de la calèche : en premier lieu la mère, ensuite le père, la fille puis le fils. S'il y a plusieurs garçons ou plusieurs filles, c'est le ou la plus âgée qui sort en premier.
La société dans laquelle je vis est très codifiée, extrêmement codifiée même. Il y a des règles partout où l'on va, pour chaque chose que l'on fait. C'est aussi pour cela qu'il est très difficile d'entrer dans la bourgeoisie, parce que les ouvrages contenant ces codes sont transmis de génération en génération et introuvables en librairie ou bibliothèque.
Le chemin menant au château est impressionnant : c'est une longue allée en pierre, bordée de lampes plantées dans le sol qui permettent de voir où l'on marche, mais surtout d'offrir une vue sur le jardin, dont les haies sont taillées à la perfection et les fontaines plus impressionnantes les une que les autres.
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Thé à la menthe
RomanceRoyaume de France, Thalys de Vassili, fille d'un comte et d'un comtesse fait la rencontre d'un homme étrange, à l'odeur de menthe. De plus, un autre homme fait intrusion dans sa vie : Loyus de Manselme. Mais qui est-il, et que sont ses intentions...