Nous descendons les marches menant à la salle à manger. A peine sommes-nous arrivés que ma mère me fait signe.
Elle a les joues rougies et semble bien s'amuser.
Je m'en approche, et elle s'exclame, désignant d'un signe de la main Loyus :
- Oh, Thalys ! Ce jeune homme est absolument adorable !
Je regarde "le jeune homme adorable" avec des yeux ronds. Il ne s'est pas comporté comme tel quand il était avec moi, c'est étrange. Tys et moi nous asseyons. Je prends place entre mon ami d'enfance et le garçon rencontré ce matin, en face de ma mère, mon père à sa gauche, et, assis à côté de lui, mon frère.
- Trij ! appelle ma mère.
Un valet arrive, ses grands yeux apeurés, la fixant, attendant son ordre.
- Amenez l'entrée ! s'exclame t-elle avec un sourire qui se veut réconfortant.
Aussitôt, Trij disparaît, en direction des cuisines.
- Ainsi, vous revenez d'Angleterre ? questionne Loyus à l'intention de Tys, avec un air légèrement moqueur.
Le concerné fronce les sourcils puis interroge :
- Comment savez vous...?
- Je le sais, c'est tout, répond l'autre homme.
C'est à présent un duel de regards qui se joue entre les deux. Vous vous doutez bien que puisque je suis entre eux, ils doivent se pencher pour se regarder dans les yeux.
Ho, mais cette scène est vraiment drôle !
C'est ainsi que j'éclate d'un grand rire.
Je ne sais pas pourquoi, mais c'est vraiment drôle !
Ma mère me jette un regard outré, l'air de dire : "Thalys ! On ne rit pas ainsi à table !". Je redouble d'hilarité.
Mon père fixe la table sans rien dire, puis s'empare soudain d'un parchemin et d'une plume et inscrit deux trois mots, presque fiévreusement.
Je regarde à ma droite et vois Loyus, m'observer. Je plonge mon regard dans le sien, et y décèle... Serait-ce de la tendresse ? Ou autre chose, de plus fort encore ? Il ne me lâche pas du regard, et moi non plus d'ailleurs, un sourire rêveur fixé sur ses lèvres. Je m'attarde sur lui, quand un rire mélodieux s'échappe de sa bouche pour s'élever aux côtés du mien.
Je commence à avoir mal au ventre, lorsque ma mère se met à son tour à glousser, laissant échapper un son proche de celui du dindon.
Mon frère semble ignorer où se situer, tandis que moi je ris, je ris !
Progressivement, on se calme, et en regardant Loyus, je me dis qu'il est beau, avec ses joues rougies par le rire et ses yeux brillants.
- Combien de temps l'entrée mettra t-elle à arriver ? interroge mon père d'un air détaché, coupant toute rêverie.
- Cela commence à être long, en effet, confirme mon frère, jouant avec un bouton de sa veste.
Tys se racle la gorge, regardant à mon opposé, comme s'il était gêné de ma présence. Je sens un profond malaise s'être installé dans la pièce.
Sans aucun doute, c'est de ma faute. Je me mords la lèvre : ce n'était absolument pas mon intention !
- Je vais prendre l'air, dis-je soudainement en me levant.
- Moi aussi, intervient Tys, faisant racler sa chaise sur le sol.
Nous étions prêts à partir, quand Loyus intervint :
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Thé à la menthe
RomansaRoyaume de France, Thalys de Vassili, fille d'un comte et d'un comtesse fait la rencontre d'un homme étrange, à l'odeur de menthe. De plus, un autre homme fait intrusion dans sa vie : Loyus de Manselme. Mais qui est-il, et que sont ses intentions...