Chapitre 11

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Évidemment, je n'étais jamais rentrée dans une limousine. L'occasion m'avait été donnée d'en voir circuler dans les rues de Paris, mais j'avais toujours trouvé ce moyen de locomotion complètement absurde et ostentatoire.

Celle que j'avais en face de moi était noire et affreusement démesurée ; elle était garée à l'écart de l'entrée, dans l'obscurité, feux éteints.

Le chauffeur vérifia autour de lui, peut-être pour vérifier qu'il n'y avait personne autour de nous, et ouvrit la portière. Il me fit signe d'entrer.

La lumière tamisée mettait en valeur des fauteuils en cuir beige, un sol recouvert d'une espèce de moquette sombre et un mini-bar garni de bouteilles diverses. L'intérieur était assez grand pour accueillir une dizaine de personnes.

Je laissai échapper un éclat de rire devant le ridicule de cette voiture dans laquelle je m'apprêtais, contre toute-attente, à monter.

Un rire qui se stoppa net en apercevant le passager qui m'attendait.

Il avait enlevé sa veste de costume et portait seulement sa chemise blanche, dont les manches maintenant remontées laissaient entrevoir ses avant-bras vigoureux et ses longues mains. Je percevais vaguement l'encre de son tatouage sur le bras droit. Il était installé négligemment sur l'une des banquettes, un de ses pieds reposant sur celle d'en face.

Il tenait son portable en main et sans me regarder, me lança :

— Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?

Ne sachant pas où me mettre, je m'assis maladroitement en face de lui, essayant de ne pas me cogner la tête contre le plafond particulièrement bas.

— Rien, je ...

Le chauffeur ferma la porte et l'intérieur de la limousine me parut soudainement très étroit, d'autant plus que des cache-vitres opaques ne permettaient pas de distinguer l'extérieur, plongé dans l'obscurité.

Depuis ma décision irréfléchie de le suivre, j'avais fait preuve d'une assurance qui m'avait empêché de songer un seul instant à ce que cela impliquait. C'est-à-dire me retrouver en tête à tête avec quelqu'un que je connaissais à peine, avec celui qui obscurcissait mon jugement d'une manière extrêmement inquiétante.

Maintenant que j'étais piégée dans cette voiture avec lui, ignorant tout de la suite des événements, je perdis un instant mes moyens.

Il leva la tête vers moi. Ses yeux me transpercèrent.

Heureusement — ou malheureusement — pour moi, l'alcool m'aida à me reprendre quelque peu :

— C'est donc comme ça que tu dragues les filles ? Avec une limousine ?

Alors que la voiture démarrait, j'essayais vainement de faire la conversation, mais avec mon naturel et dans mon état, je risquais rapidement de dire n'importe quoi.

— Qui a dit que je te draguais ?

Je soutins son regard pour finalement y voir un air railleur.

Il se pencha vers le mini-bar et alors qu'il nous servait deux verres, il ajouta :

— Et puis c'est pas comme si j'avais besoin de ça.

Spontanément, je me moquais de lui :

— Ha oui c'est vrai. Tu es Jared Evans ...

— Merci de me le rappeler, j'avais oublié.

Il me tendit un verre, moqueur ; je l'attrapai sans hésitation, évitant tout de même le contact de ses doigts.

De toi à moi (with love) - Partie 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant