Chapitre 4

2.2K 277 28
                                    

Je me rappelais très clairement la bouille malicieuse qu'il arborait au sein de ses premiers films, lorsqu'il n'était qu'un enfant ; son visage était sans conteste l'une des raisons qui lui avait permis de se retrouver propulsé au rang de superstar, alors qu'il était encore incroyablement jeune.

Je me rappelais également son évolution : à l'adolescence, son air mutin avait été remplacé par un charisme qui ne lui avait plus jamais fait défaut. C'était à partir de cette époque qu'il était devenu cet acteur adulé, aussi bien pour son talent que pour son physique ravageur.

Alors forcément, l'image qu'il dégageait dans la plupart de ses films était celle que j'avais à l'esprit juste avant de le rencontrer : celle d'un jeune homme particulièrement séducteur, au regard à tomber et au sourire indescriptible.

Pourtant, l'individu que j'avais en face de moi ne correspondait en rien à cette représentation. Les mains dans les poches de son jean foncé, il continuait de faire les cent pas dans le séjour. Il paraissait agité, nerveux. Ses cheveux châtains ébouriffés et sa barbe de trois jours lui donnaient un air débraillé ; ses traits tirés et ses cernes gigantesques laissaient croire qu'il n'avait pas dormi depuis plusieurs jours.

Lorsqu'il commença à parler, je remarquai tout de suite sa voix rauque :

— J'en ai absolument rien à foutre. Qu'ils aillent tous se faire voir.

Il était grand, élancé, bien que son tee-shirt kaki dévoilât des épaules larges et des muscles dessinés. Il arborait quelques tatouages foncés sur le bras droit, faisant ressortir sa peau hâlée par le soleil.

L'homme portant la chemise à carreaux s'éclaircit la gorge :

— Écoutez, notre but n'est pas de vous dire ce que vous devez faire, surtout maintenant que le tournage est fini. Notre client aimerait juste que vous respectiez votre part du contrat.

— J'ai dit que j'en avais absolument rien à foutre.

Il s'arrêta soudainement de marcher, se figea, la mâchoire serrée. Il observait l'extérieur de la maison, les mains toujours dans les poches. Je remarquai alors que son apparence négligée n'affectait en rien l'harmonie des traits réguliers de son visage.

Je ne pouvais détacher mon regard de lui. Sa grande taille, sa carrure, son attitude : il attirait l'attention, il intimidait, il se dégageait de lui un charisme brut, indéfinissable, que je n'avais jamais vu auparavant.

— Bonjour, je suis Alexandra Serra, l'agent de M.Evans.

Alex fit quelques pas assurés et se planta devant la table où les deux hommes étaient assis. Ils se présentèrent à leur tour, et je compris rapidement qu'ils étaient les avocats des producteurs du film.

— Messieurs, il faut me laisser un peu de temps avec lui. Nous devons discuter et mettre au clair ensemble les conditions de cette promotion. Le mieux serait que je vous rappelle dans les prochains jours, afin de vous communiquer ce qu'on aura convenu ensemble.

Alex avait parlé d'une voix chaleureuse et polie, ce qui ne lui ressemblait pas. En vérité, je ne devrais pas être étonnée ; si en tant qu'agent elle se montrait aussi désagréable que dans le privé, elle ne serait pas là où elle en était aujourd'hui. Elle était obligée de jouer un rôle bien différent de son tempérament naturel.

Jared se tourna brusquement vers Alex, réagissant enfin à sa présence.

Il la foudroya du regard :

— Aucune envie de discuter de ça avec toi. Mêle-toi de tes affaires et barre-toi.

— C'est justement mon boulot, me mêler de tes affaires, lui répliqua-t-elle, en fournissant un effort considérable pour ne pas hausser la voix.

De toi à moi (with love) - Partie 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant