Chapitre 8

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— Quoi ?

J'avais parfaitement compris ses propos, mais cette interrogation reflétait surtout ma stupéfaction de le voir ici, près de moi, assis dans la pénombre. Et lorsque je croisai son regard, toujours aussi profond que dans mes souvenirs, je me sentis perdre pied.

— T'es sourde ? J'ai dit que t'avais une jolie robe. Enfin, c'est surtout tes jambes qui sont jolies.

Sa voix était rauque, son ton assuré et tranchant. Ses yeux parcoururent scrupuleusement mon corps tandis que je restais plantée face à lui, ma coupe à la main, incapable de bouger ou de prononcer le moindre mot. Je ne savais pas si c'était le champagne ou sa présence, mais une bouffée de chaleur m'envahit.

Devant mon silence et mon immobilité, il s'impatienta :

— Ne me dis pas que tu es le genre de fille qui fait semblant de ne pas accepter les compliments. Il n'y a rien de plus faux, ni de plus insupportable. Déjà que je n'en fais jamais, tu pourrais au moins me remercier.

A ces mots, Jared Evans leva la bouteille qu'il tenait dans sa main et but directement au goulot, sans me quitter du regard un seul instant.

Comparé à la dernière fois où je l'avais vu, il était beaucoup plus apprêté. Il portait un costume noir qui s'ajustait parfaitement à sa carrure élancée et athlétique, bien que le nœud de sa cravate soit desserré et que sa chemise blanche soit légèrement sortie de son pantalon. Ses cheveux étaient moins ébouriffés, il n'avait plus sa barbe.

Assis nonchalamment sur le muret, les yeux toujours braqués dans ma direction, il semblait tout droit sorti d'une séance photo pour un parfum ou une marque de luxe.

Comme cela, il ressemblait beaucoup plus à l'acteur que je connaissais.

Et il était beau. Beau à tomber.

Lorsque je pris conscience que je l'observais bouche-bée telle une vulgaire groupie, je pris mon courage à deux mains et me raclai la gorge :

— Je ne suis ni fausse, ni insupportable. Et tu le saurais si tu me connaissais.

Il n'y avait rien d'agressif dans ma voix, mon ton était plutôt détaché et je me félicitais intérieurement. Bien qu'il me fasse un effet indescriptible, je n'avais aucune envie de lui montrer la fascination qu'il exerçait sur moi.

Il posa la bouteille à ses côtés. Ses yeux étaient toujours plantés dans les miens, mais l'air hautain qu'il arborait jusque-là fut remplacé par une certaine confusion.

— On s'est déjà vus, non ?

Donc il ne se rappelait pas vraiment de moi.

J'essayai vainement de cacher ma vexation :

— Je suis la sœur d'Alex. Je suis venue chez toi ... L'autre jour.

Il fronça légèrement les sourcils avant que je perçoive une lueur étrange dans ses yeux :

— Charlie.

Il avait prononcé mon prénom à voix basse, plus pour lui-même qu'à mon attention ; et pourtant, sa voix raisonna au plus profond de moi.

Il se redressa légèrement et me lança :

— Tu paraissais beaucoup plus jeune la dernière fois. Quand on s'est rencontré, t'avais l'air d'une gamine.

Il ne s'embarrassait pas avec des formules de politesse et ses mots fusaient, vifs et aiguisés. Étonnamment, alors que les traits parfaits de son visage et l'intensité de son regard me subjuguaient toujours, le malaise que j'éprouvais en sa compagnie me sembla soudainement moins pesant.

De toi à moi (with love) - Partie 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant