Light [Gone T.6]

Chapitre 6

Les enfants devaient être... cinquante. Soixante, tout au plus. Loin du nombre attendu. Très loin, même. Tressie, frustrée, les observait depuis le sommet des marches de l'hôtel de ville. Caine se tenait à sa gauche et Sam à sa droite. Les deux frères ennemis, tout comme la jeune fille, s'y attendaient. Mais ça n'en était pas moins décevant. En fait... seul le roi déchu paraissait s'amuser de la situation.

– Alors, Majesté ? Satisfaite de ton premier échec à peine trente minutes après le début de ton règne ? lui glissa-t-il, narquois.

Tressie le fusilla du regard et dut invoquer des trésors de self-control pour ne pas l'insulter. Ne pas céder à la colère. C'était inutile. Caine n'attendait que ça. S'énerver ne ferait que lui donner une raison supplémentaire de se payer sa tête.

– C'est pas grave, je vais procéder autrement... marmonna-t-elle en descendant les marches d'un pas décidé.

Cherchant des yeux quelqu'un qui pourrait lui être utile, elle avisa Paint, un gamin de 11ans assez bizarre. Originaire de Coates, il avait acquis son surnom en se nourrissant de peinture lors de la grande famine. Il fallait croire que son organisme était particulièrement résistant, car aucun problème de santé n'en avait découlé...

Le dévolu de la meneuse se porta sur lui. Plantée au milieu de cette foule d'enfants tous très surpris de la voir ici après ces longs mois loin de la ville, elle l'interpella :

– Hey ! Toi !

Paint regarda autour de lui, les globes oculaires arrondis, avant de poser un index sur son propre torse. Elle roula des yeux. Son cerveau, lui, avait peut-être été impacté par son régime alimentaire...

– Oui, toi. Le gosse qui bouffe de la peinture. Tu vois où se situe l'école ?

– Euh... oui, approuva-t-il en avançant timidement vers elle. Je vois.

– Bien. Va me chercher des pancartes blanches et quelque chose pour écrire dessus, comme... un feutre. Noir, de préférence. Il doit y en avoir plein le bâtiment.

Voyant qu'il ne bougeait pas et la regardait comme s'il avait à faire à un extraterrestre, elle haussa le ton :

– Pas dans mille ans ! Maintenant !

Le garçon, après avoir sursauté, partit à toutes jambes vers l'école publique de Perdido Beach, qui se situait à l'extrémité nord de Brace Road. Sam et Caine la rejoignirent. C'est le premier qui la questionna, un peu perdu :

– Qu'est-ce que tu manigances, encore ?

– Je n'arrive pas à faire décoller les enfants de la barrière. Donc, je vais tenter ma chance avec les adultes. Pendant que je me charge de ça, tu sais trouver Quinn ? Il continue de pêcher, à ce qu'on m'a dit.

– Il est en mer avec ses équipes depuis cinq heures du matin, approuva Caine. Je peux envoyer l'un de mes hommes le chercher en barque. Enfin... si ça te va, bien sûr ? Je ne suis que le second, après tout.

Tressie dut de nouveau faire son maximum pour ne pas prêter attention à ses piques. Sans le gratifier du moindre regard, elle accorda :

– Bonne idée, fais ça.

– Bien, Altesse.

Avec une dernière courbette provocatrice, il s'en alla d'un pas rapide en direction de la marina. Dès qu'il fut à bonne distance, la jeune fille se mit à fixer son dos et grommela, les poings serrés :