Chapitre 18

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Marchant côte à côte, chacun remplissant avec assiduité leur mission. Depuis leur arrivée, aucun mot ne fut encore prononcé. En soi cela n'était foncièrement pas dérangeant. Cependant, le silence régnant entre deux avait le don de frustrer la jeune femme. Elle fut tentée par l'optique de le confronter directement, néanmoins cela ne réglerait nullement le problème. De plus, faire une scène au milieu de cette foule était tout sauf approprié. Lydia décida donc de la jouer plus fine. Qui sait ? Peut-être que cela marcherait !

-Je suis également la cadette de ma fratrie. La brune sentit le regard du jeune homme se poser sur sa personne, mais il ne rétorqua point. Mon frère était de cinq ans mon ainé.

-J'en ai déjà été informé, nul besoin de me le rappeler. Finit-il par déclarer avec dédain. Se répétant mentalement que la patience était la meilleure des vertus, elle parvint à garder son calme.

-Malgré l'ancienneté de mes souvenirs, je me rappelle clairement mes crises de nerfs. Ne supportant nullement la présence des autres autour de lui, je lui témoignais quotidiennement mon mécontentement. Ses yeux se perdirent dans ses moments où elle n'était encore qu'une enfant immature et maladroite. Pourtant, ce comportement était tout à fait justifiable.

Un sourire discret prit place sur ses lèvres quand elle remarqua la lueur d'intérêt présent dans le regard du jeune noble. Il ne disait rien et se contentait d'écouter en silence. Pourtant, il était indéniable que ce qu'elle lui confiait avait attisé sa curiosité. Nombreux furent ceux ayant remarqués la jalousie du blond envers ceux qui accaparaient l'attention de son frère. Constater qu'autrui pouvait être ainsi, lui aussi, devait sans aucun doute l'intéresser.

-Petite, j'avais une santé fragile qui me coûtait d'attraper tous les virus environnants. De ce fait, je passais l'entièreté de mes journées cloîtrées dans ma chambre à lire les livres présents dans ma bibliothèque. Parfois, je m'amusais même avec les créations de mon père, malgré son interdiction. Ajouta-t-elle en laissant filer un ricanement.

-Vous ne pouviez rien faire d'autre ? Elle bougea négativement la tête.

-J'ai d'ailleurs longuement mépriser ma mère pour cela. Notamment à la suite du décès de mon paternel. Cependant, quand nous sommes enfants, nous ignorons énormément de choses. Telle une fille capricieuse, j'exigeais de l'attention.

-Et votre frère ? N'était-il pas présent ?

-Si, bien sûr. Cependant, je refusais sa compagnie. J'étais affreusement jalouse de sa personne. Il arqua un sourcil, intrigué par sa réponse. Il pouvait se balader dehors et flâner sans problème. Il avait accès à tout ce dont je rêvais, la liberté.

-De ce point de vue, cela semble logique.

-Pourtant, il n'a jamais tenu rigueur de mon comportement. Malgré mes remarques acerbes, jamais, il ne m'a abandonné. Quoi que je faisais, il venait toujours vers moi. Il m'a appris et montré des choses que je n'aurais jamais pu connaître à travers mes ouvrages. Il sacrifiait son temps libre pour me rendre visite et me présenter ses dernières trouvailles.

-Cela devait être agréable.

-Vous n'avez pas idée... Il était mon échappatoire face à ma solitude, mon modèle... Celui qui me prouvait que ma tristesse n'avait pas lieu d'être et que la vie était belle. C'est pour ces raisons que je ne pouvais m'empêcher d'être désagréable envers ses amis ou connaissances. J'avais peur qu'ils me le prennent... Ils n'en avaient pas le droit ! C'était mon frère, mon seul et unique frère... Déclara-t-elle, la tête emplit de souvenirs. Mais le temps a passé et j'ai fini par comprendre que cette jalousie était idiote. Lui aussi avait le droit de connaître le bonheur auprès d'autres personnes. Cependant, cela ne m'empêchait pas de surveiller ses fréquentations ! Précisa-t-elle dans un doux rire.

Justice Du CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant