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Sous ma couverture, je frissonne en constatant l'heure qu'il est. Je dois me lever et aller au travail mais je n'en ai vraiment pas envie. Et au lieu de lancer ma playlist spotify comme tous les matins, les couleurs attractives de instagram me distraient. C'est là que je réalise... depuis la dernière fois qu'on s'est vu, Aubrey et moi ne nous sommes pas parlé. Notre dernière conversation remonte à la nuit où on s'est donné rendez-vous à la patinoire. Depuis la semaine dernière donc.

Sans m'en apercevoir, je finis par passer une heure devant mon écran en scrollant encore et encore, à la recherche de je ne sais pas quoi. Voir la vie des gens sur les réseaux sociaux me fait réaliser à quel point la mienne est nulle. Plate je dirais même. Je fous rien. Je m'en veux.

Prendre ma douche paraît comme une corvée à laquelle je me colle sans vraiment beaucoup de conviction. Je m'apprête assez lentement. Après l'anniversaire de Eloïse, j'ai attrapé un rhume dont je me remet beaucoup trop vite à mon goût. J'aurais aimé être malade un peu plus longtemps pour pouvoir éviter le boulot. J'ai passé ma fin de semaine clouée dans mon lit et j'aurais aimé y rester. Vous avez compris, je ne veux vraiment pas partir travailler.

Pourtant me voilà, comme une coquille vide dans ma voiture et sur le parking de la patinoire. Je suis encore en train de me demander si je dois affronter le regard de tout le monde. Eloïse a sûrement dû raconter tout ce qui s'était passé à tout le monde. Ils vont attendre des explications ? Ils vont me traiter différemment? Je vais perdre leur estime... comment je peux me faire passer pour une bonne personne? Ils n'auront plus confiance en moi. Est-ce que je dois faire comme si je n'étais au courant de rien et agir comme d'habitude jusqu'à ce que quelqu'un m'en parle? Ou peut-être que je dois préparer un discours... juste au cas où on me demande de me justifier ? J'inspire profondément, advienne que pourra.

Je sors de ma voiture avec mes affaires et entre dans les locaux. J'ai des images de mes jours à la caserne militaire qui me reviennent en tête. Je ne suis pas sensée être paralysée par le regard des autres. Ils peuvent me gêner, mais pas m'empêcher de bouger. Alors je bouge, je me met en mouvement.

En arrivant, Eloïse et Henry étaient déjà sur la piste. Marshall et Victoria s'affairaient à nettoyer les grandes vitres. Je les salue. Je salue aussi Eloïse, qui etait sur la piste en train de s'échauffer. Elle me repond en me faisant un signe de tête... ok.

Dans mon bureau je commence par trier mon courrier avant de me plonger dans le monde magique d'internet. Je pense que je devrais travailler sur le site de la patinoire. M'enfin, toujours est-il que j'ai reçu plusieurs mails complètement inhabituels. C'était des marques de vêtements, des partenariats et des réponses des différents sponsors que j'avais contacté pour pouvoir faire monter le niveau des futurs compétitions et promouvoir la patinoire. Incroyable. Mon sourire remonte. En voilà une bonne nouvelle.

La pause de midi arrive très vite. Je décide d'appeler Cedric en vidéo. On a pas eu beaucoup de temps lui et moi depuis qu'il est rentré à LA. Il répond aussitôt.

-Heeey!

-Hey! Tu fais quoi? Je lui demande en voyant la caméra bouger.

-Je marche... vite... peut-être même que je courre un peu. Je dois rattraper mon bus. Déjà qu'il passe toutes les 30 minutes, si je le rate je suis fichu.

-Pourquoi t'as répondu alors? Et au fait, tu ne devais faire réparer ta voiture?

-Bah parce que je voulais te parler tiens! Et ma voiture... c'est une autre histoire. Donne-moi une minute-

Je l'entends s'essouffler et à en croire les mouvements de la caméra, il a dû taper un dernier sprint pour atteindre son bus. Presqu'une trentaine de seconde plus tard, la caméra se stabilise. Le temps qu'il trouve une place où s'asseoir et c'est bon il est de retour.

Jungle [Drake]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant