Yokai XIII

CHAPITRE DEUXIÈME

Rendez ce qui ne vous appartient pas, gardez ce qui vous appartient. Car un jour viendra, où vous gagnerez ce qui ne vous appartient pas.

- Nero -

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Heming Welingerd faisait le bilan du chiffre d'affaire de ce mois, il était plongé dans la paperasse sans se laisser distraire par le moindre bruit. Souvent il se levait lorsque la fatigue le gagnait en restant trop longtemps assis, sa fenêtre était devenu sa seule occupation et son café son meilleur ami. Des papiers repassant sur ses mains puis des stylos l'aidaient à lire certains paragraphes que sa vue n'arrivait guère à atteindre. En même temps, lorsqu'il remarquait une anomalie quelconque il se passait la main dans ses cheveux gras en poussant un juron avant de corriger l'erreur.

Depuis bien des années la chaîne de pharmacie de monsieur Heming Welingerd, ancien chercheur à l'académie des sciences de Hylter, gagnait en renommée. En outre les produits fabriqués dans ses propres laboratoires prouvaient bien leur efficacité en face de cas extrêmes. La région de Hylter le considérait comme l'un des piliers de la médecine. WePharm était le mouvement qu'il avait lancé, consistant à donner des médicaments aux pauvres qui souffraient dans la Basse Ville, Punkdream. Cause noble, complot décelé par une habitante de la Basse qui par hasard entendit sa conversation avec un homme étrange à l'allure fade et une femme. La pharmacie de la Basse était remplie de médicaments, le seul souci était les prix élevés et la certitude que ces médicaments étaient bien fiables. Welingerd voulait utiliser les habitants de la basse ville comme cobayes pour un nouveau médicament qui comportait des risques, après tout il n'y aurait aucune perte. L'accord du Gouvernement lui avait été donnée, Punkdream servirait enfin à quelque chose. Cette jeune fille qui avait écouté la conversation tenterait de démanteler cette vile manigance, mais Welingerd n'en resterait pas à la regarder. Le plus petit des problèmes peut devenir le plus gros des soucis, comme il disait rarement. Son meilleur escadron, il ne prit qu'un mercenaire afin de traquer cette fille, lui faire passer l'envie de vouloir se frotter aux divins de la Haute.

- Monsieur Welingerd ? Disait une voix féminine venant d'un appareil à côté de sa lampe de bureau. Quelqu'un vous demande.

- Laissez-le entrer, Diana.

Après quelques secondes, quelqu'un entra dans le bureau de Welingerd qui avait toujours les yeux rivés sur ses documents. La personne qui entra prit directement place sur une chaise. Welingerd posa doucement ses papiers en les rangeant, il croisa ses doigts en souriant à la personne en face de lui. Cette personne portait une tenue décontractée du dimanche, un simple pantalon en cuire usé et une chemise verte également usée pliée aux manches, ses chaussures étaient noires avec la même caractéristiques que le haut du corps, usées, et ses cheveux dans un état étrange, en rajoutant à cela des lunettes de vue présentant certaines éraflures.

- Bonjour à toi, dit Welingerd les doigts croisés soutenant son menton, comment se passe la traque ?

L'homme en face de lui avait un détail de particulier avec les autres personnes que Welingerd avait rencontrées. Sa bouche était cousue de fil métallique, impossible pour lui de parler logiquement. Mais si Welingerd le parlait, il s'attendait donc à une réponse. L'homme ne bougeait, même un peu, ses lèvres.

- Seizer s'en occupe. Prononça l'homme.

- Seizer ? Réussira-t-il à la faire taire ?

- Est-ce que vous doutez de notre efficacité, Welingerd ?

- Non, loin de là. Je n'ai qu'à de rares occasions fait appel à Seizer, je ne sais pas de quoi il est capable.