It's Buddie Bitch

Vincente

Eddie était couché, regardant le plafond en réfléchissant, ressassant un passé qu'il ne pourra jamais rattrapé.
Buck, son petit-ami est tout prêt de lui et l'observe, il aimerait comprendre à quoi il pense et pourquoi ça semble le rendre si mélancolique. Il se glisse dans ses bras, posant sa tête contre son torse. Il aimait entendre les bruits de son cœur quand il l'observait.

« Hé Eddie.. A quoi tu penses ? Buck le regarde encore en posant sa question, sur un ton assez bas, ne sachant pas si c'est une bonne idée de lui demander cela.
-Je pense au passé, à tout ce que j'ai pu rater. Le ton d'Eddie semble fragile, un peu ailleurs aussi mais pourtant il a ce doux sourire pour Buck pour lui assurer que tout va bien alors que ça ne va pas.
-Tu veux en parler ? Buck tente mais il a encore une fois peur de le braquer.
-Aujourd'hui, c'est la date où je me suis rendu compte que j'étais gay, ou bi, je ne sais toujours pas. »

Eddie rit mais Buck sait que quelque chose ne va pas, son rire est rempli d'une souffrance dont il ne comprend pas la cause. Enfin si, il sait. Il sait qu'une partie de sa famille ne l'a jamais accepté et que pour lui aussi ça a été dur de l'accepter, que les choses sont encore flous, même maintenant qu'ils sont ensembles. Mais il ne comprend pas ce qui lui fait autant mal avec cette date.
Il se redresse et plonge ses yeux dans ceux de l'homme qu'il aime car il sait qu'Eddie veut en parler mais n'osera jamais et car lui il veut comprendre, pour pouvoir soigner cette blessure.

« Raconte-moi tout, je t'écoute, jusqu'au bout. »

Alors Eddie se met à raconter.
Il est au lycée à El Paso, en terminal si il se souvient bien. Il rencontre ce garçon, Vincente. Il est gentil, il est drôle, il lui donne l'impression de découvrir un nouveau monde. C'était son ami, ça a été son premier amour.

La première fois qu'ils se sont vu, c'était dans la cour. Vincente lisait, il lisait toujours et Eddie avait simplement voulu savoir ce qui le passionnait autant. Il avait plusieurs fois observé Vincente avant ça, il faut bien l'avouer. Il le voyait toujours lire, ou dessiner. Son visage était à la fois si fermé et si expressif, il comprenait en l'observant chaque situation, si son livre le surprenait ou l'ennuyait et si il était fier ou non de son dessin.
Eddie ne le connaissait pas et pourtant il le comprenait et il savait que son livre l'ennuyait. Alors il est venu lui parler, bêtement, ne sachant pas trop quoi dire. Mais Vincente l'avait accepté, lui avait répondu et ils avaient discuté.

Ils continuèrent les jours suivants, ils se découvraient lentement, ce qu'ils aimaient, ce qu'ils détestaient. Ils avaient des discutions rythmés, des débats interminables car aucun des deux ne voulaient avoir tord, des fous rires incontrôlables. Très vite, ils ont lié une forte amitié à toute épreuve.
Mais cette amitié était cachée, dissimulée. Il ne fallait pas en parler, Vincente avait sa réputation, une mauvaise réputation et Eddie avait peur d'en souffrir. Il avait prit du temps pour se débarrasser de la réputation qu'il avait au début du lycée, celle de pinche gringo et il avait réussi finissant même par être plutôt apprécié dans son lycée et il ne voulait pas que ça change. C'était égoïste de sa part, il le sait, mais à l'époque il n'était qu'un ado qui avait besoin d'être aimé. Alors il évitait qu'on le voit traîner avec Vincente, il gardait leur relation qui lui faisait tant de bien secrète. Il avait peur, il était terrifié qu'on comprenne que si il traînait avec lui, c'était car il était comme lui.

Mais très vite, les rendez-vous qui ne se faisaient qu'après les cours, se firent aussi les week-ends, dès qu'ils le pouvaient. Eddie cachait aussi à sa famille qu'il le voyait, il avait peur qu'eux aussi sachent, qu'eux aussi comprennent. La peur le dévorait et il savait que ça dévorait aussi sa relation. Le secret ne durerait jamais éternellement même si il y mettait toute sa force. C'était sans doute le plus terrifiant là-dedans.
Et il le cachait même à Vincente, alors que ça devrait le premier à la savoir, surtout qu'il n'apprenait pas de ses erreurs car il avait fait la même chose avec Buck, prêt de vingt ans après !