Chapitre 2

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Ça faisait déjà quelques jours que les vacances étaient terminées, et quelques jours que Remus lisait cette lettre tous les soirs. Il voulait arrêter d'y penser, mais c'était sans doute peine perdue. Les chocolats trônaient toujours fièrement sur son bureau, et il avait songé à s'en débarrasser, mais il ne parvenait pas à s'y résoudre.

Il fallait croire qu'il était bien plus faible qu'il ne l'avait pensé. Qu'il n'était pas parvenu à passer au-dessus de cette histoire malgré les quinze années qui s'étaient écoulées.

Harry continuait de venir lui rendre visite dans son bureau, et Remus avait fini par lui dire de se servir dans les chocolats, parce qu'il n'avait aucune intention de les manger lui-même. Et parce qu'il ne parvenait pas à les jeter pour autant.

Ils discutaient toujours de James, l'adolescent posant de plus en plus de questions à propos de Lily également. Et Remus y répondait avec plaisir, même si les souvenirs que ça faisait remonter n'étaient pas forcément agréables une fois qu'il se retrouvait seul.

Harry posait également des questions sur Sirius, et il s'efforçait d'y répondre. Heureusement, le petit brun semblait s'être rendu compte qu'il n'était pas très à l'aise à l'idée de parler de lui, et les questions à son sujet étaient plus rares.

Ce soir-là, Remus relisait la lettre pour ce qui lui semblait être la centième fois. C'était inutile, il aurait pu la réécrire de mémoire. Il la connaissait par cœur à présent, et ça faisait encore plus mal. Parce qu'il était incapable de se sortir ces mots de la tête, parce qu'il y pensait à chaque fois qu'il fermait les yeux.

Et il ne sut pas vraiment ce qui le poussa à faire ça ce soir-là, si c'était la douleur sourde dans sa poitrine, ou le manque qui se faisait bien trop fort. Si c'était simplement sa volonté de rester éloigné qui se fissurait, ou si le fait que ce soit la pleine lune et qu'il s'agissait toujours des nuits où ils trouvaient un moyen de tous se retrouver qui jouait bien trop sur son moral. Peut-être qu'il se sentait simplement trop seul, et qu'il arrivait à bout de ce qu'il pouvait supporter. Peut-être qu'il était incapable de résister à la tentation.

Toujours est-il que, peu importe ce qui le poussa à le faire, Remus composa le numéro qu'il connaissait par cœur également à présent, et qu'il appela. Son cœur battait à ses tempes, tellement fort qu'il lui semblait que les sons autour de lui n'existaient plus, comme si du coton était enfoncé dans ses oreilles.

Il retenait sa respiration sans s'en rendre compte, alors que les tonalités résonnaient dans le silence de son petit salon. Jusqu'à ce qu'il décroche. Jusqu'à ce que sa voix lui parvienne.

- Allô ?

Et ce simple mot le fit craquer totalement, alors que sa poitrine se serrait et que les larmes dévalaient ses joues sans qu'il ne tente même de les arrêter. C'était sans doute une mauvaise idée, il n'aurait jamais dû appeler. Il ne savait même pas à quoi il pensait.

Et pourtant, il ne pouvait pas se résoudre à raccrocher. Il posa une main sur sa bouche comme pour contenir ses sanglots, prenant une longue inspiration en tentant de se calmer. Il renifla un peu, laissant échapper un sanglot étranglé.

- Remus ? fit la voix alors qu'il abandonnait l'idée de retenir ses pleurs. C'est toi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

L'inquiétude dans la voix de Sirius lui fit peut-être plus mal que tout le reste. Parce que peu importe ce qu'il avait fait, peu importe qu'il soit parti sans donner de nouvelles, il semblait toujours autant s'inquiéter pour lui.

- Eh... Remus, parles moi.

La voix était douce à présent, bien trop, et il secoua la tête comme s'il était capable de le voir.

Dear professor [WOLFSTAR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant