Une Part De Chacun 2

Montrez-leur l'anneau Frodon

Legolas observa le conseil se remplir peu à peu, assis entre Glorfindel et un elfe qu'il ne connaissait pas.

Dès que son père avait été prévenu qu'Elrond donnait une audience importante, il l'avait envoyé lui sous prétexte que cette affaire nécessitait une personne fiable. Mais l'ellon savait très bien qu'il cherchait à le faire sortir de sa bulle de lamentations.

Gollum s'était échappé de la prison des elfes noirs, voilà le message qu'il devait porter. Ennuyant certes, mais élémentaire, comme le lui avait signifié le roi.

Accoudé sur sa chaise, il soupira. Si seulement Tauriel avait été avec lui, il se serait certainement davantage investi dans sa mission, et y aurait surtout pris plaisir.

Mais l'elleth avait pris le bâteau pour Aman, quittant de ce fait la Terre du Milieu, et son royaume. Legolas ne pensait pas pouvoir imaginer la difficulté de ce choix. Depuis la mort du nain, elle n'avait jamais plus été la même. Il avait tout d'abord pensé que ce ne serait qu'un état passager, puis, voyant les mois passer, s'était résolu. Tauriel ne serait plus jamais Tauriel.

Après elle et son père, il en avait déduit une chose, l'amour tue. Mais raisonner comme cela n'atténua pas sa peine, bien au contraire. Son cœur se serra. Il se sentait tellement lamentable.

Une légère pression sur son coude lui indiqua que Glorfindel cherchait à attirer son attention. Relevant la tête, le blond remarqua que l'elfe lui montrait du menton un point à quelques mètres de lui.

Intrigué, il posa son regard sur la silhouette chapotée qui passait l'arcade principale pour se diriger vers sa place.

Notant sa présence, Gandalf le salua d'un hochement de tête, auquel l'ellon ne répondit pas. Ses yeux bleus se durcirent instantanément, et il serra les poings. Quelle cruauté qu'il doive subir la présence du magicien.

Camouflant sa peine derrière sa rancœur, il se redressa, redorant le blason de son peuple.

Son père avait été là pour le soutenir au moment crucial comme il l'avait promis, mais jamais cela n'avait comblé le vide qu'avait laissé son absence.

Quelques nains aux longues barbes s'installèrent sur leur chaise, et Legolas crut en reconnaître un qui avait participé à la reconquête d'Erebor. Âgé, à la barbe blanchie, il discutait avec l'un de ses confrères plus jeune, à la chevelure d'un roux flamboyant qui lui rappelait celle de Tauriel. Aux vues de leurs nombreuses ressemblances, ils devaient être de la même famille.

La salle se remplissait peu à peu, tandis qu'Elrond et les jumeaux Elladan et Elrohir prenaient place.

Il devait s'agir d'un cas de crise pour que le maître de Fondcombe ne fasse venir des elfes, des nains, et des hommes aussi importants. Il avait repéré les représentants du Gondor et du Rohan à leur écusson, celui de la Lothlorien, et d'autres elfes de Haute Maison.

Il fronça les sourcils, remarquant l'absence de Saruman. Le magicien blanc n'aurait-il pas dû être assis là, à la place de Mithrandil en tant qu'élu des Valar ?

Son regard affûté se posa sur la silhouette d'Aragorn qui pénétrait à son tour dans la salle.

Le rôdeur n'avait pas changé depuis le temps où il l'avait rencontré. Vêtu pauvrement, il se remarquait facilement parmi les autres. Il marchait comme à son habitude, la tête haute, l'épée à la hanche, en digne successeur du trône du Gondor.