"𝐀𝐦𝐢𝐜𝐮𝐬 𝐟𝐚𝐥𝐬𝐮𝐬 𝐭𝐚𝐧𝐭𝐚𝐦 𝐢𝐧 𝐜𝐨𝐫𝐝𝐞 𝐫𝐮𝐩𝐭𝐮𝐫𝐚𝐦 𝐚𝐩𝐞𝐫𝐢𝐭, 𝐮𝐭 𝐢𝐭𝐞𝐫𝐮𝐦 𝐜𝐥𝐚𝐮𝐝𝐢 𝐧𝐨𝐧 𝐩𝐨𝐬𝐬𝐢𝐭."
Première guerre des sorciers, 1978. Alors que Maria Grant et ses compagnons luttent pour leur vie, 6 jeunes...
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La première nuit, je fus incapable de fermer l’oeil. Nous étions rentrés par portoloin, et malgré que les autres se cuisinèrent un copieux repas de minuit bien mérité, je m’étais réfugiée dans l’infirmerie que je verrouillais à double tours.
Ann dormait profondément, une assiette vide posée sur le tabouret près de son rideau témoignant qu'elle avait bien mangé. D’un coup de baguette, j’allumais alors une bougie et entrepris de lire attentivement le rouleau de parchemin que Dumbledore m’avait remis une heure plus tôt. J’étais éreintée, et si j’avais su ce qui m'attendait les jours suivants, je peux vous assurer que j’aurais plutôt opté pour mon lit illico.
L’écriture de Dumbledore avait à la fois la fluidité de la grâce, et la lourdeur de l’intelligence qu’il tentait de coucher sur le papier. Mes yeux papillonnent d’un mot à l’autre, alors que mon cerveau tente de suivre et d’assimiler ce flot d’informations. Les protocoles d’urgence, les adresses et noms sûrs, les mots de passe, les codes. La suite avait été rédigée par Maugrey. Je le devinais au changement de la calligraphie, de ton. Au changement d'ordre à conseils.
Tu devrais maintenir un emploi du temps strict. Un garde-manger pouvant subsister deux semaines est recommandé, voir la moyenne des quantités consommées par semaine. Plus les sorciers en état de se battre maintiendront un entraînement régulier, plus le protocole d’urgence sera solide. Vigilance constante.
Plus j’avançais dans ma lecture, plus les conseils devenaient spécifiques, et plus l’écriture de Maugrey se fait grossière, rapide, presque urgente. La dernière ligne est soulignée deux fois. Même les indications les plus importantes n’étaient soulignées qu’une seule fois.
Tu es seule. Personne ne viendra t’aider. Reste en vie, Maria.
Au moins, le message avait le mérite d’être clair. Si, par miracle, le camp subsistait plus longtemps qu’à une possible chute du ministère ou une catastrophe du même genre, personne ne viendrait à notre secours. Je dois être prête à nous garder en vie sans compter sur une quelconque aide extérieure. Il avait ajouté mon nom après avoir rédigé cette lettre : les lettres le composant étaient plus nettes que le reste du message de plus en plus illisible. J’étais alors certaine qu’il ne l’a pas écrite pour moi, mais pour son successeur. Ce semblant d’intimité qu’avoir ajouté mon prénom n’a pas l’effet escompté : je n’ai pas plus l’impression qu’on me fait confiance, ou que l’on croit en moi.
« Qu’est-ce que tu fais encore debout ?»
La petite voix fatiguée d’Ann me fait sursauter, et je me tourne vers elle pour lui adresser un regard rassurant :
« Je n’en ai plus pour longtemps ma puce, rendors-toi. »
Elle hoche la tête, ses cheveux dorés se secouant sur son crâne puis disparurent derrière son rideau. Je n’avais que partiellement menti : il ne me restait plus qu’une page à lire, mais je ne dormirais peut-être pas de sitôt. Le morceau de parchemin semblait avoir été rédigé à part, après le long parchemin que je venais de lire. Quelqu’un y a collé une photo représentant une cabane, et y avait inscrit en guise de légende : “à visualiser pour transplanage plus aisé”. De nombreux sorts y étaient griffonnés, certains raturés, d’autres encerclés. Puis enfin, un calendrier fait à main levée. Un cycle lunaire.