_ Tu penses que ça peut marcher ?
Il se tourne vers elle, impassible. Avec un visage froid comme celui qu'il affiche, on pourrait penser que rien ne l'atteint. Ses yeux d'un bleu gris plus froid que n'importe quel iceberg la dévisage alors qu'elle reste assise sur la table. La pièce est plongée dans un silence de mort, aussi sérieux que la discussion dans laquelle ils se sont placés. Seul le vieux chat de la concierge ayant pris congé dans leur appartement présente une forme de vie animé dans l'espace austère.
_ Je ne sais pas. Rien n'est sûr.
Si une canalisation avait été percée, le bruit qu'elle aurait provoqué aurait rendue l'ambiance digne d'un film d'horreur. Malgré les trente degrés extérieur et les vingt-huit là où ils se trouvaient, l'espace semblait quand même être aussi froid que la plus glaciale des planètes. Le matou pousse un ronronnement, réclamant à l'homme de quoi se nourrir en se frottant à sa jambe. Ce qui ne semble pas lui faire quoi que ce soit. Pire encore, le gel de son corps semble se transmettre à celui du félin qui s'écarte rapidement en feulant. Repartant bredouille de l'appartement pour rejoindre son véritable propriétaire.
_ Toi qui es d'habitude si sûr, ça prête à confusion, souffle l'intéressée en posant son menton dans sa main.
Son expression semble fatiguée, presque embêtée. Ses cheveux décolorés récemment renvoyant une froideur que ses yeux noirs ne peuvent pas transmettre. Sa bouche fine dont les lèvres sont rougies par la chaleur n'ajoute que plus à son apparence fantomatique. Mais face à elle, l'homme n'est pas déstabilisé. Face à cette beauté venue d'un autre monde, la sienne plus simple, marquée uniquement par ses yeux éblouissants n'est pas moins fantastique.
Une ambiance de film d'horreur, habitée par deux beautés surnaturelles, représentant chacune un des deux sexes qu'offre la nature humaine. Une situation incroyable, mais hypnotisant.
_ Si tu voulais une autre réponse, il fallait me dire laquelle tu désirais, ou te la donner toi-même.
Enfin, une expression se fraye un passage dans ce havre d'impassibilité. Doucement, les lèvres rouges de beauté féminine se redressent en un fin sourire amusé. Lui se contente de s'adosser au plan de travail de la cuisine. L'observant en gardant un visage rigide mais d'une douceur époustouflante. Ni amusement, ni ennuis. Pas d'agacement mais pas de tristesse. Un mur a été brisé, mais il devait être en calcaire, celui qui reste debout semble être de marbre.
_ Tu ne dis rien ? As-tu perdu ta langue ?
Son visage ne change pas, mais sa voix se fait plus grave, plus inquiétante. Pourtant le sourire sanglant de la femme toujours assise ne se fait que plus grand. Elle continue de l'observer, sous chacune de ses contours, de voir si enfin il réagira face à elle. Ou non, comme cela semble être le cas.
_ A quoi cela servirait-il ? Tu as de toute manière raison, je ne suis pas du genre à m'obstiner.
_ Ça je le sais.
Pas de rire, le seul visage qui affichait une émotion redeviens aussi lisse que possible. Les deux statuts recommencent à s'observer silencieusement. Rien ne compte si ce n'est la présence presque invisible de la personne en face. Le chat est parti, tout semble de mort. Sans regarder la scène depuis le début, le tout est semblable à une photo. Aucun muscle ne bouge. Par cette chaleur harassante, aucun courant d'aire ne vient secouer la moindre mèche de cheveux. Même les respirations semblent s'être coupées. Pourtant, s'il avait été possible d'entendre des battements de cœur, ça aurait été le cas. Deux battements, lents, sereins. Égales et d'une passivité aussi flagrante que leurs possesseurs. La rue en bas semble déserte. Il n'y a pas un bruit.
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One shot en vrac
RomanceC'est un peu n'importe quoi, j'ai créé tout ça sur un coup de tête. Ici il n'y aura que des histoires en un chapitre. D'où le nom One shot. Et globalement, les histoires devraient faire entre 2000 et 3500 mots. Bien qu'il se puisse que quelques une...