IMPROBABLES CONFIDENCES

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Le taxi déposa Kriline en face du 24. La rue était calme et silencieuse comme d'habitude. On n'entendait rien sinon le son lointain des postes téléviseurs de dizaines de foyers qui terminaient paisiblement en famille leur journée.
La nuit était déjà tombée et un crépuscule mourant dans le ciel était le seul vestige de la journée qui déjà s'achevait. La Gayley était une rue étonnement paisible le soir si l'on tenait compte de l'agitation qui régnait en général à Westwood. Charmant quartier du sud de Los Angeles, il abritait une université, un musée et plein d'autres attractions qui en faisait un coin très animé.

Kriline paya le chauffeur après avoir récupéré le résultat de ses courses à l'arrière du véhicule. Elle traversa la rue, faisant résonner le son de ses talons sur le macadam, alors que l'air frais du quartier lui caressait la figure tout en agitant les pans de son trench marron.

Une fois poussée la porte du domicile, elle fut surprise par le calme et le silence qu'il y régnait. Elle posa ses emplettes sur le mobilier de l'entrée et après s'être débarrassée de son trench, elle héla :

- Gabrielle ! Nelly ! Je suis là !

Un rapide coup d'œil dans la salle de séjour lui indiqua qu'elle était vide. La télévision était éteinte et il n'y avait que le son des rideaux qui planaient au rythme du vent qui s'engouffrait par la fenêtre qui donnait un semblant de vie aux lieux.

Pourtant, même sans le voir, Kriline savait qu'il y avait quelqu'un dans la maison. Ses exceptionnels sens lui permettaient de sentir la présence d'êtres vivants des mètres à la ronde. Elle entendit quelqu'un descendre l'escalier. Une seconde plus tard, Nelly parut, le visage engourdi, les cheveux un peu décoiffés et son vêtement laissait entrevoir son épaule dénudée et la bretelle de son soutien-gorge.

- Salut Kriline !

- Salut ma belle, tu dormais ?

- Mouais, je faisais une petite sieste.

- Où est Gabrielle ?

Alors même que Nelly s'apprêtait à répondre, Gabrielle franchit le seuil de la porte d'entrée, un journal et le casque d'une moto calés sous le bras. Elle avait l'air exténuée. Kriline lui sourit avant même qu'elle sortit de la pénombre de l'alcôve de l'entrée.

- Bonsoir Kriline, dit-elle nonchalamment.

- Houlà ! Salut, t'as l'air crevé. Vous avez une sale tête toutes les deux, qu'est-ce que vous avez fait de vos journées ?

Gabrielle se cala contre le mur d'entrée tout en ôtant ses gants. Elle chercha Nelly du regard et y trouva la même expression que dans la sienne.

- Sinon, qu'est-ce que tu nous as ramené ? s'empressa de couper Nelly, essayant de détourner l'attention de Kriline en fouillant dans le sac qu'elle tenait.

- C'est rien que des revues, la bouffe est dans le sac près de l'entrée.

- Qu'est-ce que t'as pris ? s'enquit-elle tout en examinant le contenu du sac en papier laminé que Kriline avait posé près de l'entrée. Viande hachée, champignons... laitue, beurk !

- Quelle petite nature ! la taquina Kriline en allant poser ses livres et son sac à main. Sois gentille et range ça dans le frigo quand t'auras fini de les admirer.

Gabrielle était restée appuyé contre le mur et observait la scène d'un air absent.

- T'as réparé la vespa ? lui lança Kriline en sortant de la cuisine.

- C'est pas le casque de la vespa, je l'ai chouré à un pote à Prunelle Dean. Je trouve qu'il a de l'allure.

- Évidemment, je devine qu'il ne s'en est pas rendu compte, ironisa Kriline.

Wãlden - Tome 1: HégémonieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant