Chapitre 2 - Descente aux Enfers

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Le vent criait dans mes oreilles, l'air épousait mon corps entier dans l'atmosphère. Je serrais les dents, fermant les yeux pour profiter de la sensation. Tomber, filer vers ce qu'on m'avait toujours interdit, le sourire aux lèvres; c'était libérant.

Durant la chevauchée céleste, même les chevaliers qui s'assuraient de la sécurité de l'îlot étaient occupés à faire la fête, ne surveillaient plus le périmètre. Alors, je savais que cette course plongeante n'allait pas s'arrêter. Non, je n'étais plus contrainte de siffler mon oiseau au dernier moment, je pouvais m'abandonner dans ma chute, sentir ma peau giflée par la fraîcheur et mes doigts me picoter sous l'agitation.

Une vague de fraîcheur se répandit autour de moi. En ouvrant les paupières avec difficulté, je me rendis compte que j'avais déjà disparu sous les nuages. Tout était blanc, au dessous et au dessus de moi. Je gardais les yeux ouverts avec difficulté. La barrière de la Déesse, si épaisse que l'on sentirait presque notre poids s'alléger, notre corps être repoussé ou retenu de la franchir; je la transperçais.
Mes oreilles bourdonnaient.

Tout à coup, en me concentrant, j'entendis un bruit gronder, couvert par le vent. Le temps de cligner trois fois des yeux, les nuages devinrent grisâtres, et s'affinèrent brutalement, balayés comme de la poussière par des courants aux trajectoires aléatoires.
Je fronçai les sourcils.

Nous avions brièvement étudié la météorologie, en classe, et bien que je n'aie pas une oreille très attentive, je me rappelais quand même que le professeur n'avait jamais décrit ce genre de phénomène, au coeur d'un cumulonimbus.

Et que pouvait bien être ce bruit ? Il semblait s'approcher de moi, de plus en plus rapidement. C'en devint vite angoissant, mais ça le fut encore plus, lorsque je tournai la tête à ma droite, pour tenter d'apercevoir quelque chose dans la brume.

L'horreur me frappa de plein fouet. Je sentis mon sang se glacer, si rapidement que je crus que j'allais vomir. Une tornade noire de débris fonçait dans ma direction, si immense qu'elle s'étirait hors de mon champs de vision. C'était comme un monstre colossal, qui s'approchait, la gueule ouverte, pour m'arracher du ciel.

Je blêmis; les vents se courbaient autour de moi, m'entraînant vers ce cercle vicieux fourmillant.

Était-ce la punition divine d'Hylia ? À ceux qui refusaient de jouer aux règles de son jeu, elle reprenait la vie sans pitié ?

Je n'entendais plus qu'un vrombissement, mes tympans assaillis par le trouble de la tempête.

Brutalement, alors que les projectiles de la tornade me griffaient le visage, me percutaient le corps tout entier, tout devint noir. Un long sifflement boucha mes oreilles.

***

J'étais enveloppée dans les lourds draps d'une fatigue éveillée. Je ne sentais plus rien de mes membres, de ma poitrine, mais je parvins à ouvrir mes paupières collantes.

À travers l'entrebâillement de la porte, mon regard se porta sur quelque chose qui, en contraste avec l'obscurité de la salle où je reposais, dénotait par la pureté de son apparence. Un homme froid, glaçant même. Il était silencieux.

Il semblait être bien plus qu'un humain, au vu de sa peau de lait, luisant comme un cristal près du feu. Ses cheveux blanc d'ivoire étaient coiffés droits, frangés ainsi qu'ils m'empêchaient de voir son visage. Une longue cape rouge à col montant ondulait dans son dos.

Son allure me laissait sans voix. Émerveillée, l'oeil grand ouvert, je ne pouvais que l'observer briller dans un silence solennel.

Son corps semblait taillé dans du marbre à la manière d'une statue antique. Il bougeait gracile et élégant, au milieu d'une solitude effrayante.

Contre le nom de mon Créateur 【Ghirahim x Reader】SSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant