Tracas et timide tendresse.

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En rejoignant Roberte, je me tords les doigts nerveusement. Cette dernière lisse ses boucles à la main, dos à moi. Son regard se perd sur les nombreux dessins qui couvrent le mur ciel. Elle m'apparaît plus frêle tout à coup, sa vigilance ainsi baissée et les mots de Keske flottent au dessus de ma tête. Ces créatures... Ils veulent la connaître. Mais quelque chose me dit que leurs intentions ne sont pas aussi nobles qu'ils le prétendent.



Je crois que j'ai peur.




Pas pour moi, plus pour moi. Pour elle.


- Dis... Roberte...


Elle acquiesce sans se retourner.


- Oui, Robert ?


Mine de rien, elle est un petit gabarit, son dos est recouvert d'un rideau de cheveux.


- Tu les connais les créatures d'ici ?


Et le rideau se crispe sans prévenir.


- Non, je n'en connais aucune.


En un bond, je franchis les derniers centimètres qui me séparent d'elle et passe mes bras autour de ses épaules. Elle se tend d'avantage sous la stupeur tandis que je la serre fort contre moi.


- Pourquoi tu me mens ?

- Je... ne les connais pas tant mais je sais qu'eux meurent d'envie de me parler. 

- Ça ne te fait pas peur ?

- Non. ( elle pivote enfin la tête ) Enfermée depuis toujours dans ma cage, je n'ai jamais appris à avoir peur...

- ( je resserre mon étreinte ) Je ne veux pas que tu apprennes...

- On cohabite tous ici. Il y aura bien un moment où il faudra se confronter à tout ce beau monde.

- Le plus tard sera le mieux !

- Tu les as déjà rencontré ces autres, n'est-ce pas ?


J'opine, enfouissant mon nez au plus profond dans ses cheveux.



*



- Et là, qui est-ce ?

- Iok il me semble. 


Roberte m'accompagne voir les autres habitants, ceux qu'elle sait inoffensifs. Nous approchons d'un drôle de bonhomme au crâne immense et parsemé de nervures. Les parois irrégulières et teintées d'un rouge flou sont toutes étriquées,  il semble être sur le point d'exploser. Cet aspect là contraste avec son visage rond et enjoué. Et quand on baisse les yeux, on peut constater qu'après son cou, son corps consiste en un amas grouillant de tentacules. Je suis fasciné. Je pose un genou à terre.

ღ Robert et Roberte, les deux compères ღOù les histoires vivent. Découvrez maintenant