J'ai la désagréable impression qu'on m'a enfoncé du fer bouillant dans la gorge tant elle est douloureuse. Ma salive est devenue pâteuse, comme si je venais de me fumer cinq ou six joints à la suite. Mon souffle est de plus en plus court et je me vois dans l'obligation de faire des pauses plus fréquemment.
La crainte que le ciel me tombe sur la tête s'est envolée dès lors que j'ai dû faire face à la soif déchirante et à l'air oppressant. Plus j'avance, plus les galeries sont étroites et basses, j'ai dû faire près de cinquante mètres en rampant, déchirant la peau de mes cuisses et de mon ventre au passage.
Il est près de trois heures du matin. Deux heures et demie que je sillonne cette fichue mine, le tout sans croiser âme qui vive. C'est le plus inquiétant en réalité. Je sais que nous sommes plusieurs ici, au minimum trois si on part du principe que personne n'est descendu après moi, ce qui me parait peu probable. Pourtant, nous ne nous sommes pas croisés, alors que nous allons forcément dans la même direction.Je tente de me rassurer comme je le peux, m'auto-affirmant qu'ils ont dû prendre de l'avance, ou au contraire, du retard sur moi. Après tout, je suis certaine d'aller dans la bonne direction. Enfin presque. Je suis passée approximativement sous ma maison il y a dix minutes environ. Après ça, j'ai dû improviser, prendre la galerie qui allait le plus au nord-ouest. Mais je ne suis plus sûre de rien. Certainement dû à la déshydratation, j'ai un mal de crâne insupportable qui m'empêche de me concentrer. J'en suis même venue à me plonger dans le noir absolu en verrouillant l'écran du téléphone, le tout dans l'espoir de stopper l'étau qui se resserre autour de ma boîte crânienne. J'ai rapidement dû revenir sur ma décision lorsque je me suis littéralement éclatée la tête contre l'une des parois. Je suis quasiment certaine de m'être ouvert le front mais je n'ose pas poser mes doigts sur ce dernier pour vérifier. Bien sûr, ça n'a absolument pas arrangé mon mal de tête.
Depuis l'heure, j'avance au ralenti, la vision légèrement floue, les jambes tremblantes, luttant contre l'envie de me rouler en boule dans un coin et pioncer jusqu'à que mort s'en suive. Complètement déboussolée et légèrement parano, je me retourne à chacun de mes pas, afin de vérifier que je ne suis pas suivie.
Je ne sais plus réellement ce qui me pousse à avancer. Il serait presque plus simple de faire demi-tour, au moins, je suis quasiment certaine de retrouver l'endroit par lequel je suis entrée. C'est une idée merdique puisque je sais que la sortie est dans les environs, bien plus proche que l'autre. Toutefois, les galeries se multiplient, je dois, presque tous les cents mètres, choisir entre plusieurs chemins. Je n'arrive pas à tolérer de remettre mon destin entre les mains du hasard, c'est quelque chose qui m'insupporte et quelque part, me fait franchement peur.
Je m'appuie sur le mur pour me maintenir debout, repassant en boucle les images de mon père et de mon frère pour me pousser à avancer. Le sourire pervers de Ron s'immisce dans mon esprit, me donnant presque la nausée. Je ne veux plus jamais le voir, lui et son rictus à la con. Je pense à tout ce que je pourrais faire de cet argent, la nouvelle vie qui m'attend loin de cette ville de malheur. Une seconde chance que je refuse de laisser passer. J'imagine une immense bouteille d'eau à l'arrivée - s'ils n'en n'ont pas, je les tue.
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Burning Soul Tome 1 : Lost Bullet [EN AUTO-EDITION]
Romance[RETROUVEZ-MOI CHEZ SINNER PUBLISHING 🖤] Action ou Verité ? Le jour où Avril reçoit son invitation à jouer, elle entrevoit la liberté que peux lui offrir le gain promis au vainqueur. 200 000 dollars pour se créer une nouvelle vie loin de ses démon...