Promesse

Chapitre 5 : Fais le et puis c'est tout.

Simon n'arrivait pas à déterminer si l'hélico était sur eux ou pas. Il l'entendait, mais n'arrivait pas à le situer. Mike regardait autour de lui comme il pouvait, mais gardait le silence. La voiture roulait calmement, ne cherchant pas attirer l'attention du pilote si celui-ci les cherchait. Il descendit vers le sud, vers les hangars. Il freina soudain, alors que la voiture passait proche d'une énorme porte laissée ouverte. Une sirène retentit. Simon jura pour lui-même.

- Bon voilà ce que je te propose, on laisse la voiture ici, l'hélico ne peut pas la voir, et on part se cacher dans un bâtiment. 

Mike approuva d'un signe de tête. Il était pâle. Simon contourna la voiture et l'aida à sortir. Une grande tâche de sang peignait le siège. Simon blêmit à son tour. Tout en le maintenant d'un bras, le sac d'argent et l'AK dans l'autre, il s'approcha de plusieurs bâtiments plus loin. Au bout de quelques essais, une porte céda, et les deux entrèrent se mettre à l'abri

C'est bon, on a réussi à se planquer ! grésilla la voix de Jim dans la radio, bruit qui fut amplifié par la résonance du grand bâtiment vide. 

Simon faillit lâcher Mike de surprise. Mais se ressaisi à temps.

Très bien, reste plus que Mike et Simon, puis on fait le point . S'amusa Miguel. 

Il semblait ravi d'entendre qu'aucun membre de la Mano n'était tombé. Pour l'instant, pensa Simon, dont le poids de Mike se faisait de plus en plus lourd.

Le hangar était complètement vide. Traînait çà et là des bouteilles vides, et des tags aux murs montraient qu'il semblait abandonné depuis longtemps. Il monta un escalier, encourageant Mike à chaque marche, prenant la patience qu'il faut pour arriver en haut. Ils entrèrent dans une salle, avec deux fenêtres et un lavabo. Aucun meuble. Simon aide Mike à s'asseoir au sol. Il retira son sweat et pressa celui-ci sur la blessure.

 - Accroche toi Mike, ce n'est pas le premier trou de balle que tu prends ?

- Quoi ? Mike avait relevé la tête, l'air absent.

- Hein ? répondit Simon

- Hein ?   Répondit Mike à son tour.

Puis Simon comprit sa bêtise et se mit à sourire malgré la situation.

- Tu as compris ce que je voulais dire.

- Oui, chuchota Mike avec un demi-sourire. Tu me l'avais encore jamais faite celle-là.

- C'est bien si j'arrive encore à te surprendre, rétorqua Simon, appuyant nouveau sur la blessure.

- Tu me surprends toujours.  répondit Mike en grimaçant.

L'hélico semblait se rapprocher. Simon lâcha le sweat pour observer de côté par la fenêtre. Il ne voyait rien. Mais où étaient-ils ? Une patrouille en voiture allait vite trouver la Banshee et ils ne mettraient pas longtemps à leur mettre la main dessus.

Ici Simon, on est en 10100, dans un hangar, Mike a pris une balle. Il est en vie mais mal en point, un hélico nous survole et j'entends des sirènes.

Vous êtes bien caché ?  demanda Miguel, inquiet.

Oui pour l'instant mais ça ne va pas durer...

Très bien, planquez vous au maximum, on arrive. Et Mike, tiens le coup ! 

Mike activa sa radio mais ne dit rien. Il relâcha le bouton. C'était un oui à sa façon.

Simon vint s'accroupir à côté de lui, laissa l'arme à sa portée dans le cas où les flics débarquerait, pressant d'une main le linge sur la blessure et attendit, écoutant la respiration saccadé de Mike. Il souffrait en silence.

Simon fini par rompre le silence, il devait tenir Mike éveillé.

- Après tout ça, faudra vraiment qu'on aille boire un verre. Et sans radio, en douce, sans que personne ne nous trouve. Qu'est-ce que tu en penses ? demanda Simon doucement à Mike.

- Oui. J'ai une tenue à te montrer... Dit faiblement Mike.

- Oui c'est vrai.  Affirma Simon.

Silence à nouveau... Que dire. Parfois avec Mike, les silences étaient tellement plus agréables que de long discours.

- Tu m'en voudras si on y va pas ?... demanda Mike.

- Évidement ! s'exclama Simon, surprit de cette question. Et un peu en colère aussi. J'y tiens moi à ce verre. Tu n'as pas le droit de te dégonfler, surtout à cause d'un flic. 

Mike rigola puis toussa.

- Je me sens bizarre Simon... 

Simon se tourna vers lui, affolé. Il allait le perdre.

- Comment ça bizarre ? Hé, regarde-moi, Mike ! Il accompagna ses mots d'un claquement de doigt, reste avec moi !

- Mais je suis là, t'inquiète pas. Je me sens bizarre... Mais dans ma tête. 

Simon ne répondit pas, ne comprenant pas ou il voulait en venir. Il lui laissa le temps de répondre.

- Je n'ai pas peur de mourir, en fait je m'en fou. En temps normal, je me dis que si j'y passe, c'est que j'aurais mal fait mon taff. Après tout je suis en sursis depuis tellement longtemps... Puis je reviens à moi et je me dis que la prochaine fois je me laisserai pas avoir, et basta. Mais là... 

Simon retient sa respiration, ne voulant surtout pas couper son ami, qui s'exprimait que trop peu sur ses sentiments, ou en l'occurrence, son absence de sentiment.

 - Mais là, me dire que je pourrais crever et ne pas tenir la promesse que je t'ai faite d'aller boire se verre... Je ne sais pas... Ça... je ne sais pas c'est bizarre. 

Simon commençait à comprendre ce qu'il essayait de lui dire.

- ça te fait chier ?

-Je crois oui... ça me fait mal...  souffla Mike en fermant les yeux.

Simon lui prit la main et la serra fort.

- Mike ! Mike réveille-toi, Mike reste avec moi !  Simon sentait qu'il allait craquer.

Il souffla de soulagement quand Mike ouvrit les yeux.

- Mike, écoute-moi bien, si tu restes avec moi, je te promets...

- Ne promets pas Simon. Fais le et puis c'est tout...  Et il ferma les yeux à nouveau.

Cette fois, Simon eut beau lui serrer la main, lui parler, le secouer presque, Mike n'ouvrit pas les yeux...