La légende d'Elion

Chapitre 8

— Quoi ? s'exclama Amélia, espérant avoir mal compris.

— Il s'appelait Seth Stark.

— Attends...Stark comme Jefferson Stark ?

— Oui... C'était son frère.

Amélia était sous le choc. Ses sourcils remontèrent et ses yeux s'écarquillèrent.

— James, le père d'Ethan, Jefferson et papa étaient de grands amis. Nous sommes issus d'une famille de sorciers, papa contrôlait le feu et l'air. Jeff, lui, n'avait aucun pouvoir mais une capacité intellectuelle supérieure à la normale. Dans une famille de sorciers, si les gènes sont transmis, seul le premier né peut développer des pouvoirs. En grandissant, Jefferson alimenta une profonde jalousie envers papa et James, qui était lui aussi un sorcier. Pour pallier son manque de pouvoirs, il construisit une machine capable de voler les pouvoirs d'autres créatures magiques, mais pour cela elles devaient mourir. Cet inconvénient eut pour conséquence la colère noire de James, qui refusait totalement de faire partie d'un tel massacre. James et Jefferson s'isolèrent alors dans leur royaume respectif. Et, au milieu de tout ça se trouvait notre père. Les deux rois lui demandèrent de choisir un camp et après plusieurs mois de réflexion, il choisit celui de son frère, c'était sa seule famille après tout. Au fil du temps, Jeff accumula des pouvoirs et devint de plus en plus puissant. Papa commençait à ne plus être d'accord avec ses méthodes qui devenaient de plus en plus barbares. Aussi, il décida de ne plus prendre part aux querelles de ce monde et se retira dans celui des humains. Il changea de nom et rencontra maman, raconta Olivia d'une traite.

La bouche d'Amélia était entrouverte, mais aucun son n'arrivait à sortir. Le choc était trop grand. Tout ce qu'elle connaissait de son père était basé sur des mensonges. Toute sa vie n'avait été qu'un énorme mensonge. Malgré le trouble flagrant de sa sœur, Olivia décida de continuer. Il lui fallait aller au bout, elle ne pouvait plus porter ce secret toute seule.

— Il y a trois ans, j'ai commencé à découvrir mes pouvoirs...

— Tes pouvoirs ?

— Oui, je maîtrise le feu, comme papa. Et c'est à ce moment-là qu'il a commencé à m'expliquer nos origines. Mais il y a deux ans, il a été appelé par James qui commençait à perdre du terrain face à Jefferson. J'ai appris plus tard que maman devait rester avec nous, mais ils ne sont jamais arrivés jusqu'au portail...Ce n'était pas un accident de voiture Lili... Ils ont été assassinés par des Stark.

Un tourbillon d'émotions submergea Amélia et elle commença à pleurer. La colère et la tristesse avaient pris le dessus sur la surprise. L'évocation de la mort de ses parents faisait remonter des souvenirs douloureux qu'elle avait essayé d'enfouir au fond d'elle, il y a longtemps. L'implication des Stark dans celle-ci lui donnait des envies de meurtre. Maintenant qu'elle savait, elle se jura de faire tout son possible pour être à la hauteur de son rôle et pour anéantir son oncle. Des larmes commencèrent à rouler sur les joues d'Olivia et d'une voix tremblante elle dit :

— Écoute Lili, je suis tellement désolée. Je sais que tout cela est dur à accepter, je suis moi aussi passée par là.

— Alors pourquoi être partie ? Et m'avoir laissé me débrouiller seule !

Le visage d'Amélia était ravagé par les larmes, des larmes de tristesse, mais aussi de colère. Tout son corps tremblait et elle se sentait sur le point d'exploser.

— J'avais si peur pour nous, que nous soyons les prochaines. La seule solution que j'ai trouvée était celle d'honorer la parole de papa et d'anéantir Jefferson. Je ne pouvais pas t'emmener avec moi, tu étais trop jeune, je ne voulais pas que tu sois blessée. Tu étais plus en sécurité dans le monde des humains...

— Parce que tu crois que j'étais plus en sécurité ? Tu ne sais rien de ce que j'ai vécu !

— Lili...

— Non, stop! Je ne veux plus rien entendre ! C'en est trop ! s'écria Amélia en se levant.

— S'il te plaît Lili, écoute-moi, s'affola sa sœur en lui prenant les mains.

Amélia se dégagea brusquement de l'emprise de sa sœur. Elle avait l'impression de ne plus la connaître et son contact était comme une brûlure sur sa peau. Sa respiration était difficile, elle se sentait submergée par ses émotions et par ses pleurs. Alors qu'Olivia était sur le point de parler, Amélia lui hurla de la laisser tranquille et s'enfuit. Sur le chemin de sa chambre, elle heurta quelqu'un. Elle bredouilla des excuses sans même lever la tête et s'apprêtait à reprendre son chemin quand une main se posa sur son bras. Elle leva alors ses yeux embrumés de larmes et découvrit le visage inquiet d'Ethan. Il la prit par les épaules et ancra ses yeux bleus dans les siens.

— Amélia, essaye de te calmer, dit-il d'une voix étonnamment douce.

Elle tenta de reprendre une respiration plus tranquille et essuya ses larmes d'un revers de main. Une fois calmée, elle fut troublée par le regard d'Ethan toujours posé sur elle et ses mains sur ses épaules.

— Tu as parlé avec Olivia je suppose ? demanda-t-il.

— Oui...

— Je comprends que tu aies besoin de temps pour accepter toute cette histoire, mais soit indulgente avec ta sœur. Elle n'a jamais voulu te faire de mal. Il n'y a pas eu un jour où elle n'a pas pensé à toi et à ce que tu devenais.

— J'ai l'impression que toute ma vie n'a été qu'un mensonge...

— Amélia, l'amour de tes parents et de ta sœur n'étaient pas des mensonges.

À ces mots, les larmes se remirent à couler le long des joues d'Amélia. Sans qu'elle ne le vit, Ethan eut un élan de compassion en tendant le bras vers elle, mais se ravisa au dernier moment et lui dit :

— Tu devrais aller dormir.

— Je vais y aller oui, pleurnicha-t-elle.

Sans un mot de plus, elle tourna le dos au souverain et prit le chemin de sa chambre.

— Essaye de te mettre à sa place, vous aurez besoin l'une de l'autre, lui dit Ethan alors qu'elle était déjà à quelques mètres.

Amélia ne se retourna pas mais elle savait qu'Ethan avait raison. Olivia était la seule famille qu'il lui restait et elle l'aimerait toujours, quoi qu'il arrive. Cependant, elle lui en voulait tellement, elle avait toujours cru qu'il n'y avait aucun secret entre elles mais elle avait tort et cela lui brisait le cœur. C'est l'estomac noué et l'esprit tourmenté qu'elle alla se coucher.