La légende d'Elion

Chapitre 42

En traversant le champ de bataille, Amélia se sentit soulagée de n'avoir croisé aucun de ses amis les plus proches, mais son cœur s'était tout de même serré à la vue des corps de certains de ses alliés. La bouche sèche et le corps courbaturé, elle suivit Axel jusqu'à un endroit plus boisé. Elle ne put s'empêcher de pousser un petit cri de soulagement en apercevant sa sœur, Sidney, Ethan et les chefs de clan. Keido était là lui aussi, posté fièrement au côté du roi dont les yeux étaient encore injectés de sang, signe de la présence toute proche de son dragon en cas de danger.

— Cas' vas bien, lui murmura sa sœur qui s'était chargée de mettre en sécurité l'ange après son attaque.

— Merci, souffla-t-elle.

Les yeux brillants, Amélia distingua face à eux ce qu'il restait de l'armée Stark. Au centre se trouvait un homme aux cheveux grisonnants et à l'air sévère. Son costume noir trois-pièces impeccable montrait qu'il n'avait pas participé à la bataille. En le voyant, son corps se mit à trembler et un flash lui revint. C'était l'homme qu'elle avait vu dans les visions lui montrant sa sœur. Tout devint alors clair ; il s'agissait de Jefferson Stark, leur oncle qui avait torturé sa propre nièce.

— Amélia, tu es devenue une jeune femme resplendissante, s'exclama l'homme.

Celle-ci eut du mal à avaler sa salive. Encore dans l'adrénaline et l'ambiance de la bataille, il lui semblait que tout cela n'était pas réel. Elle se contenta de le fixer, les yeux grands ouverts d'un mélange de peur et de surprise. Olivia serra sa main alors que Sidney la prit par les épaules comme pour la protéger.

— Je dois avouer que ta présence ici m'a surpris. Vous vous êtes bien battus, mais rien n'est fini, vous finirez par tomber.

— Vous ne devriez pas trop parier là-dessus, gronda Ethan en avançant d'un pas.

— Oh, je viens de me souvenir de quelque chose ! s'exclama Jefferson, sans se préoccuper des dires du souverain. Je voulais vous parler de votre belle et jeune servante.

Axel eut un hoquet de surprise, son cœur se mit à tambouriner contre sa poitrine et la panique envahit ses yeux. Ethan, lui, fut submergé par une rage folle et seule la présence toute proche de ses amis le retenait de se transformer pour égorger cet homme.

— Si vous avez touché ne serait-ce qu'à un seul cheveu d'Olympe, je vous jure que je vous...

— Elle va très bien, ne vous en faites pas. Voyez par vous-même, sourit-il.

Jefferson fit un geste de la main et, sous les yeux ahuris de l'ensemble de la garde, Olympe s'avança. Ses beaux cheveux roses avaient été lissés et attachés en une queue de cheval haute. Sa tenue était tout aussi étonnante. Elle portait la même combinaison noire de combat que les guerriers Stark, celle avec une araignée bleu électrique sur la poitrine.

— Je vous présente Sarah.

Soudain Keido brisa le silence en aboyant et en grognant. Il se tenait immobile, mais on pouvait voir à son poil hérissé, ses pattes écartées et sa queue dressée qu'il était sur le point de bondir. Ses babines retroussées, laissant apparaître ses crocs, lui donnaient un air menaçant qu'Amélia n'avait jamais vu chez lui. Ethan, d'un geste de la main, lui ordonna cependant de ne pas intervenir. Obéissant, il se contenta de continuer de grogner, les cornes brillantes d'une lumière dorée. Alors que tout le monde semblait être dans une confusion totale, la vision des jours précédant défila dans la tête d'Amélia et la réalité lui apparut. Une réalité qu'elle ne pouvait pas accepter, qu'elle ne voulait pas accepter.

— Qu'avez-vous fait d'Olympe ! hurla Axel plein de rage.

— Explique-leur ma belle, ricana Jefferson, visiblement heureux du déroulement des évènements.