Sauvetage

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Mes paupières se levèrent lentement, je sentis sur moi une pression insoutenable. J'essayais de me remémorer ce qu'il c'était passé et me souvenant de la fille, je me levai du mieux que je pouvais.. J'étais dans une sorte de cuve qu'avait provoqué naturellement la maison en s'effondrant, des cendres m'entouraient et quelques braises vacillantes tentaient encore de s'imposer, mourantes par manque de combustible.

Je sentis une douleur à la cheville, et constata avec effroi un bout de bois, long sur 5 centimètres de large, planté dans ma cheville. Je fis abstraction de cette douleur pour sortir de cette cuve, qui je l'espérais n'était pas profonde.

Je dégageais inconsciemment les débris pour retrouver finalement l'air frais. Je contemplais le paysage autour de moi: il n'y avait plus de cri, la lueur de la lune se reflétait sur les bouts de verre dispersés au sol. Les incendies s'étaient interrompus, ne trouvant plus de maison ils s'étaient éteints naturellement en emportant avec eux de nombreuses vies.

Il faisait froid, mon souffle dessinait de petits nuages glacés, je frissonnais, ne sachant plus quoi faire. Je me levais pour contempler les décombres et constatais que la maison s'était effondrée à l'avant, privée de certaines de ses bases porteuses.

Je me frayais un chemin par les décombres en tentant de retrouver la petite fille que j'avais abandonnée. Puis je vis avec effroi une main dépassée des décombres, l'os du radius sortant de son bras. J'enlevais les débris pour dévisager la tête de l'homme qui, présentait un angle anormal. Je souris du malheur de cet homme, finalement la justice existait dans ce monde sans foi ni loi. Je me souvenais de la fille qu'il portait dans ses bras pour la trouver finalement; écrasée sous le poids de l'homme et des décombres. Je mis plusieurs heures à la dégager, peiné par le poids des décombres et de mes blessures.

J'observais son frêle corps, sa respiration inaudible soulevait son ventre de manière désordonnée, j'observais son visage ensanglanté, une entaille découpait son visage angélique, gâchant une beauté qui semblait si parfaite.

Je l'emmenais jusqu'à ma maison épargnée par les flammes, j'entrais par le mur éventré pour observer avec effroi ma famille baignant dans une mare de sang.

Je posai la fille et pleura la mort de ceux qui m'avaient élevés jusque là. J'avais beau à affirmer mon indépendance jeune, sans eux je ne serais pas le beau garçon cultivé que je suis. J'avais grandi dans une famille riche, possédant une haute place dans l'aristocratie, j'avais pu m'instruire et m'éduquer soutenu par une famille qui m'aimait. Mon père gisait sans ces sabres: ils avaient dépouillé son corps. La rage mêlée de tristesse me donnait un goût amer, j'entendis une voix interrompre mes pensées:

-Jules...

Je me retournai pour apercevoir ma mère adossée au mur, tendant une main tremblante vers moi. Je m'approchai vivement pour l'écouter, pris par l'émotion aucun son ne sortait de ma bouche

-Il faut que tu partes, tu es encore en danger, remonte vers le nord par les forêts d'Accaria là bas tu trouveras... Elle s'effondra coupée dans ces paroles, j'aurai espéré l'entendre plus, qu'elle revienne pour que je puisse lui parler encore

Je criai frappé d'un profond chagrin, des bruits de pas à l'extérieur se firent entendre. Je paniquais pris la petite fille et au moment où je franchissais la porte je vis comme un éclair au coin de l'œil. Je vis une bête haute d'un mètre qui fuyait mon regard. Je me retournais vivement pour constater qu'elles étaient une dizaine. Je refermai vivement la porte, pour constater que des corps avaient disparu ne laissant que ma mère seule. Je vis en un éclair deux bêtes qui se jetèrent sur son cadavre, se disputant leur prise en grognant puis oubliant leur trophée s'attaquèrent entre elles pour que, finalement, le plus fort puisse repartir avec le cadavre. Je regardais effrayé ce spectacle serrant au plus fort la fille comme pour me rassurer. La bête se retourna et me contempla avec envie, se rapprochant lentement, ces griffes carressaient le sol ses pas se firent hésitant, prêt à bondir la bête se rapprochait lentement. Son souffle était calme, elle me chassait comme elle l'avait apprise toute sa vie je n'étais qu'une vulgaire proie à ses yeux. Ses babines se retroussaient, montrant des crocs affûtés, on aurait cru un rictus sur le visage de cette bête trop grosse pour un loup. Elle fondit sur moi en un éclair visant ma gorge, je mis mon bras pour me protéger, ces crocs s'enfoncèrent aisément dans la chair, me provoquant un cri de douleur. Elle tira violemment mon bras je tombais en avant, traîné par cette puissante bête. Je sentais ces crocs atteindre mon os, elle secoua mon bras déchirant petit à petit ma peau, accentuant ma douleur. J'entendis la bête crier, lâchant mon bras s'enfuyant blessé, un couteau planté dans son épais manteau de fourrure. Je vis la fille observant le spectacle effrayée par ce qu'elle venait de faire. Sans plus attendre je pris son bras et m'enfuyais par la fenêtre avec elle.

Jules RusticaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant