Salem

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Les sanglots secouaient mon corps à un rythme irrégulier, je n'en pouvais plus. D'abord ma famille, ensuite mon village ensuite Karl... Je vivais un cauchemar qui était réel, pourtant une infirme partie de moi me donnait espoir "ce n'est rien tu vas te réveiller et retrouver ta famille et ta routine quotidienne", si seulement je pouvais ne serait-ce que les revoir une dernière fois...

J'avais très mal dormi, rongé par les remords je ne pouvais m'empêcher de me dire que c'était ma blessure qui avait conduit les animaux au village, et provoqué la mort de centaines d'habitants, c'était ma bêtise qui les avait tués...

Quelqu'un frappa à la porte, m'arrachant de mes pensées, je ne répondis pas je n'en avais pas l'envie, le sourire fatigué de Luna se dessina à côté de la porte, qui n'avait toujours pas été remplacée.

Elle s'asseya silencieuse sur le lit, les yeux remplis de chagrin, de compréhension, elle brisa le silence:

- Ecoute je n'arrive jamais à trouver les mots justes... Alors je t'ai ramené une feuille d'arbre.

Elle posa la feuille à côté de ma tête que j'avais enfoui dans mon oreiller, je levai ma tête pour observer cette feuille fanée d'un mois d'automne.

Je posa son cadeau sur ma table de chevet et me levai difficilement en la remerciant, mais je n'arrivais pas à me forcer à sourire ou à paraître heureux. Je me préparais pour la réunion au hall.

Cette fois sur le chemin les habitants me dévisageaient, une mère en pleure arriva vers moi en criant, un cri de chagrin, qui me paralysait au plus profond de moi.

Luna me poussa brusquement me ramenant à la réalité, elle avait raison, je devais éviter de traîner dehors.

Aaron le chef entra dans la salle dissipé, il avait un bandage autour de son bras, ses traits étaient encore plus durs qu'à son habitude, on remarquait aussi cette manière de marcher, ces bras se balançant agressivement le long de son corps. Il s'arrêta debout contemplant la salle, de droite à gauche, sa voix me tira de ma rêverie:

-Selon les reports de nos dernières sentinelles encore en vie, l'attaque était pleinement coordonnée, ils connaissaient donc notre manière de se défendre et, pire, là où nos gardes étaient positionnés, cette information est je le rappelle confidentielle. De plus, les animaux ont encerclé tous les points stratégiques du village, le biologiste Edward va vous expliquer plus en détail...

Un petit Monsieur s'avança timidement sur la scène, habillé avec des habits de camouflage il prit la parole d'une voix timide:

-D'après les dissections, cette espèce présente de nombreuses caractéristiques communes à plusieurs races d'animaux, ce qui nous laisse deux possibilités; soit... Il ravala sa salive sous le stress, les animaux ont été élevés dans un climat spécial et ont évolué au fil des années, ce qui demande des décennies et donc peu probable. Sinon selon certaines théories scientifiques nous avons affaire à un cas de manipulation génétique, ce qui est une première dans l'histoire...

Des murmures arrivèrent dans toute la salle, nous étions loins de pouvoir réaliser cette prouesse scientifique, donc si un peuple à accompli cela, alors qu'en est il de leur civilisation?

Une personne cria dans la foule:

-Je suis sûr que c'est la faute des nouveaux, nous aurions jamais dû les accueillir, le premier problème à régler c'est eux.

La foule acquiesça, l'homme qui venait de prendre la parole était l'homme avec qui j'avais discuté dans l'hôpital, ses traits trahissaient la peur, la haine, le chagrin, ce mélange était effrayant à voir, pourtant je ne pouvais m'empêcher de compatir.

-Je pense qu'ils faudraient les tuer, ils nous laisseront tranquille comme ça

La foule acquiesça de plus belle, ils avaient peur ils voulaient que tout ça s'arrête.Zoé pressa sa main autour de moi, je sais que cela voulait dire qu'elle avait peur. Le chef Aaron pris la parole

-Ecoutez ce n'est pas forcément..

-Donnez leurs corps en offrande, l'interrompit une dame

La foule se pressa autour de nous, on m'attrapa le bras, une dame serrait mon bras de toute la force qu'elle pouvait, une autre personne me plaqua au sol et m'immobilisa. Quelqu'un attrapa Zoé et la mit sur son épaule, elle se débattait comme elle pouvait, j'entendis ses cris, ses sanglots s'éloigner.

Aaron ne contrôlait plus rien, je distinguais son impuissance dans ses yeux, il ne pouvait plus rien pour nous. Il s'assit et cria:

-Qu'on les donne au loup !

La foule scanda, on m'assomma, je perdis connaissance porté par la foule.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 22, 2022 ⏰

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Jules RusticaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant