Chassés

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Des cris provenaient du colisée, Karl et moi revenions sur nos pas sans même échanger un regard, l'inquiétude creusait nos visages. De nombreux scénarios s'immisçaient dans nos têtes, mon cœur battait à tout rompre: je connaissais déjà cette sensation, celle de l'inquiétude qui torture l'esprit, qui ronge notre intérieur. Karl me rassura de sa voix caverneuse:

-Il ne lui arrivera rien, nous le savons cette fille est trop maligne pour qu'il lui arrive quelque chose...

Je ne partageais pas sa pensée, mais je comprenais que ses paroles se voulaient être rassurantes, l'intention était présente même si elle ne soulageait pas mes mœurs. Il sprinta vers le colisée, je tentais de suivre la cadence mais il était anormalement rapide pour sa carrure, j'arrivais finalement à l'intérieur du colisée pour voir un spectacle déchirant.

Les mêmes animaux qui m'avaient auparavant traqués se disputaient une prise au centre du stade, c'était une petite fille inerte... La scène me glaça le sang, l'horreur me paralysait... Je tentais de reconnaître du mieux que je pouvais la fille, en vain je n'osais même plus bouger... On me secoua

-Jules il faut partir ils sont plus d'une trentaine, j'ai retrouvé Zoé

Je vis le visage effrayé de Zoé qui me sauta dans les bras, Karl avait eu le courage d'ignorer ce spectacle pour aller chercher Zoé. Elle était tout aussi soulagée que moi, elle était tout ce qui restait de mon village, elle était ma seule famille. Karl nous réveilla:

-Il faut courir, dit-il en nous poussant en avant

On quitta le colisée, des cris fusaient de toutes parts, la panique s'était installée dans le village, les bêtes l'envahissaient. On continuait de courir en ignorant le spectacle, on entama le chemin qu'on connaissait tant, il était trop dangereux de se rapprocher du grand hall: les loups se précipitaient vers l'agitation, flairant la chair...

On suivait le sentier, on voyait au loin de nombreux soldats prendre part à ce combat déséquilibré, trop peu nombreux pour résister à l'envahisseur . Karl nous attendait en haut de la monté, il nous rassura:

-Ne vous-inquiétez pas tant que je suis là il ne vous arrivera rien, de toute façon ce n'est pas des boules de poil qui me feront du mal

Il tentait de détendre l'atmosphère en vain, on connaissait trop ces horreurs. Mais son attitude avait en effet quelque chose de relaxant, ce visage si fière ces gestes maîtrisés et parfaitement calculés démontraient un sang froid à toute épreuve.

Son visage se décomposa, il nous prit par le bras et nous poussa en avant.

Je me retournais pour apercevoir trois bêtes qui se rapprochaient dangereusement, elles avançaient avec aisance dans notre direction, je pus mieux observer ces bêtes qui me terrifiaient tant.

Elles étaient en effet plus grandes que des loups, leurs pelages étaient magnifiques. Une fourrure argenté reflété au soleil, des rayures brunes et rousses traversaient le bas de son abdomen, le pelage était touffu et abondant sans pour autant ralentir les gestes de l'animal. Ces yeux de couleur bleu ciel brillaient, sa machoire plus imposante et avancée laissait découvrir des crocs puissants et affutés. Ces griffes étaient apparentes, reflétant plus des griffes de félin, sa queue touffue battait frénétiquement sous l'excitation.

Si ces animaux étaient un peu plus amicaux, ils auraient fait de magnifiques animaux de compagnie. Pourtant ils se rapprochaient toujours autant, Karl nous sortis de notre horreur:

-Aller bougez-vous, il nous poussa encore une fois, on se rejoint dans la gîte

Et il partit dans la direction des animaux, je pris la main de Zoé et courut dans la direction de la gîte sans me retourner. On suivait le chemin, nos pas foulaient la terre heureusement nous ne rencontrions aucune autre bête sur le chemin, Zoé se retournait occasionnellement espérant voir Karl.

On arrivait à bout de souffle à la gîte, où la grande porte était grande ouverte et aucun signe de vie ne semblait émaner de cet endroit si cordial. J'entrais en criant:

-Luna tu es là?

Des bruits de griffe déchirant le bois arrivait du second étage, des cris fusaient derrière une porte. Avec Zoé on échangea un regard on avait compris. Je courus dans la cuisine prendre le plus grand couteau en inox, Zoé était déjà montée malgré mes contestations.

Je monta les escaliers quatre à quatre, cette fois des bruits de course s'échappaient du second étage, des objets entre-choqués tombaient sur le sol. J'entendis le cris de Zoé qui me glaça le sang, j'arrivai dans le couloir vide où les affaires étaient parsemées au sol. Je le traversai aussi rapidement que je pouvais, pour retrouver une bête dos à moi qui était placée devant Zoé, lui empêchant tout échappatoire, elle était coincée contre un mur.

La bête flairant en plus de ma présence un danger, elle sauta en un éclair sur Zoé qui n'étais pas assez rapide ni pour esquiver ni pour se protéger. La puissance la renversa contre le mur, ce tête émis un choc effrayant contre le mur, les crocs de la bête se plantèrent dans l'épaule de la jeune fille qui criait sous la douleur. L'hurlement me réveilla, l'adrénaline monta en moi, je sautai sur le loup couteau en avant en visant sa gorge. Le couteau s'enfonça difficilement dans sa peau, pourtant il lâcha immédiatement Zoé qui s'éffrondrait inconsciente au sol. Le loup prit de violents spasmes, s'éteignit devant moi en grognant de douleur. Je courus vers Zoé qui en plus de saigner abondamment de l'épaule, présentait des lésions au niveau du crâne.

-Luna il faut que tu... ma voix se cassa sous l'émotion

Elle arrivait, ne présentant aucune blessure apparente, la panique dessinait son visage ces yeux me fuyaient du regard, pourtant une frêle voix parvint de sa bouche

-Il faut... que tu m'emmènes ma trousse de secours dans la salle de bain, deuxième tiroir à gauche

J'accourus le temps pressait, la vie de ma petite soeur était en jeu...

Jules RusticaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant