Deuil

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Mes gestes gagnaient en précision, désormais elle n'avait plus besoin de m'expliquer ce qu'elle attendait de moi, nos mouvements étaient synchronisés seuls des mots clefs s'échappaient de sa bouche. On allait de blessé à blessé, la vue du sang ne me dégoûtait plus et l'odeur était désormais soutenable pour moi, j'étais habituée à mon nouvel espace de travail. Nous avions commencé par soigner Zoé, Luna m'avait confié:

-Maintenant c'est à son petit ange gardien de s'occuper d'elle, et je suis sûr qu'il le fera bien

Je l'étais persuadé cette fille était trop forte pour mourir, je l'admirais secrètement et j'avais trop honte de l'avouer. Nous passâmes la nuit à nous occuper de tous les autres blessés, on accomplit notre tâche jusqu'en fin d'après-midi:

-Tu as bien bosser, on peut aller se reposer maintenant un binôme prend notre relai

En effet, je voyais un autre binôme s'avancer au milieu des blessés, l'assurance émanaient de ces deux personnages. Luna remarqua mon regard appuyé dans leur direction:

-Ca fait depuis longtemps qu'ils travaillent ici, ce sont eux qui m'ont tout appris ne t'en fait pas, ce sont Larrey et Percy ils connaissent leur métier

Je lui lâcha un sourire fatigué, qu'elle répondit d'un même sourire ce qui nous provoqua un rire incontrôlable, probablement dû à nos mines qui devaient être effroyables. Je me désinfectais et me changeais pour me poser devant l'une des deux chaises installées devant Zoé.

Je contemplais son visage qui semblait si paisible, il n'y avait aucune amélioration apparente, elle ne semblait pas s'être guérie...

Je luttais contre le sommeil pour veiller sur Zoé, mais Morphée m'accueillis dans son monde, un monde pourtant terrifiant:

<"La panique régnait autour de moi, pourtant un hululement me parvint couvrant tous les autres sons. Une grande chouette effraie blanche apparue me dominant de toute sa splendeur, je la suivis à travers les flammes en me battant coûte que coûte contre cette chaleur qui me ralentissait et qui m'endormissait.

Les flammes m'emportèrent, en m'effondrant je vis cette chouette continuer sa course m'ignorant, je voulus crier mais aucun son ne sortit de ma bouche. ">

Je me réveillais en sursaut, je m'étais endormi sur la chaise devant le lit de Zoé, la nuit était tombée des rayons éclairaient timidement la salle qui était désormais calme. Des médecins continuaient de circuler, continuant de soigner et proscrivant leurs solutions aux nombreux blessés installés désormais par terre. Je sentis une pression sur mon épaule, pour constater étonné que Luna s'était endormie sur mon épaule, je pus constater qu'elle sentait la sueur, la suie et d'autres mélanges écoeurants ce qui ne m'empêchait pas de trouver sa présence agréable. Un souffle paisible sortait de sa bouche entrouverte, ses cheveux qu'elle n'avait pas eu le temps de coiffer tombaient en cascade sur ses épaules, par ailleurs nues, elle ne portait qu'un débardeur qu'elle cachait sous sa couverture. Sous cette vue je tournais la tête gêné, je savais que je risquais de nombreux supplices de sa part si elle l'apprenait. Je me levais en évitant de la réveiller, en vain ces yeux s'entre-ouvrirent, elle me lâcha doucement:

-Tu connais le concept de douche?

Je me mordis les lèvres, finalement elle n'avait pas changé à mon plus grand désarroi. Je m'approchais de Zoé qui dormait à poing fermé, elle avait l'air d'aller mieux. Luna s'approcha d'elle, pour murmurer:

-Elle à l'air... d'aller mieux, le soulagement se dessina sur son visage, ça c'est grâce à son ange gardien, ajouta-t-elle en me regardant

Je ne pus contenir ma joie, non pas pour la remarque de Luna, mais de savoir que Zoé allait guérir. Je pris Luna dans mes bras, ce qui moi même me surpris:

-Merci sans toi elle ne serait plus de ce monde, merci pour tout

Elle me tapa machinalement le dos, plus gêné qu'autre chose par mon geste et mes paroles. Sentant la gêne je partis faire un tour sans rien ajouter, je regardais des habitants discuter, d'autres se lamenter, je remarqua Sergei qui pleurait dos à moi. Je m'approchais de lui pour discerner à l'aide des nombreuses lueurs des bougies, le corps sans vie de mon ami Karl...

Jules RusticaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant