C'est le début de l'après-midi, en Eldamar, et les rayons de Laurelin filtrent à travers la fenêtre pour baigner ma chambre de leur lueur dorée.
Assis à mon bureau, la tête plongée derrière une montagne de croquis, voilà plus d'une heure que je travaille sur un nouveau projet, sans parvenir à en trouver la clé.
L'idée m'est venu il y a deux jours de cela. Alors que je me promenais dans les bois d'or avoisinants notre domaine, bien l'un des derniers endroits, en dehors de mon propre atelier, où je peux désormais trouver un peu de paix.
Lorsque j'étais enfants, il m'arrivait parfois de m'y perdre pour des journées entières. Là, je m'imaginait vivre tout un tas d'aventures, explorant chaque sentiers, allant toujours un peu plus loin, à la recherche de choses nouvelles à découvrir.
Les rayons de Telperion flirtaient avec les étoiles de Varda, lorsque enfin, je rentrait à la maison, et plus d'une fois, Atar m'a sermonné, fou d'inquiétude à l'idée que je puisse m'être perdu. Ce qui arrivait rarement, en vérité, puisque à l'usure, j'ai fini par connaître ces bois presque aussi bien que si il s'agissait de ma propre chambre. Cela ne l'a tout de même pas empêché de précipiter de nombreuses fois des serviteurs à ma recherche, lorsqu'il ne se déplaçait pas lui-même.
Mes "aventures" s'inspiraient principalement des récits que nous racontait mon grand-père, le roi Finwë, à propos de sa jeunesse passée près des rives de Cuivienen.
Endórë. La consonance de ce nom a toujours suscité en moi l'émerveillement. A quoi peut bien ressembler le continent ayant vu naître les premiers Eldar, caché au-delà de l'interminable Belegaer ?
Un jour, Atar m'a dit qu'il y mènerait notre peuple, et là-bas, il y fonderait son propre royaume.
En attendant que ce rêve se réalise, il arrivait parfois, durant ma jeunesse, qu'il nous emmène, moi, et mes frères, pour de longs voyages, allant jusque dans les confins d'Aman.
Hélas, nos expéditions devinrent de plus en plus rares, a mesure que je grandissait, et il n'y en a pas eu de nouvelles après la naissance des jumeaux.
Et voilà donc, que, comme je disais, cette idée là m'est venue à l'esprit.
Nous, les Calaquendi, avons coutume de nous orienter par rapports aux arbres de Yavanna, leur lumière croissante a mesure que nous approchons Corollairë. Je suppose que les Moriquendi, eux, s'orientent par rapport aux étoiles de Varda.
Atar fut le premier à cartographier Aman, et moi, le premier à cartographier la forêt d'à côté.
Mais il n'existe, à la connaissance, aucun instrument précis, capable de nous indiquer notre chemin, dans toutes circonstances, quelque soit l'endroit où nous nous situons.
Voilà donc, l'objet de mes recherches.
Dans l'idée, un projet fantastique, auquel même Atar lui-même n'a pas pensé !
Dans la pratique... je n'ai toujours pas trouvé par quel moyens mettre en œuvre un tel outil, et j'en viens à me demander si cela est réellement possible.
Après tout, je n'ai pas le génie de Atar, et peut-être, un tel projet est-il trop ambitieux pour moi.
Pourtant, j'ai quand même envie d'essayer. J'aimerais bien, moi aussi, être capable de concevoir de grandes choses...
Je redresse la tête, froissant mon dernier croquis. C'est inutile. Je n'y arriverais pas tout seul, simplement avec des schémas et des formules. Mais pas question de demander de l'aide à Atar.
Mon seul recours repose désormais sur la bibliothèque. Il doit bien y avoir quelques ouvrages qui puissent m'aider, et si je ne trouve pas suffisamment de continu pertinent, alors j'irais voir dans la bibliothèque personnelle de Atar.
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Nyarnar Fëanáro-Nosseo
FanfictionLa vie d'un prince Ñoldo n'est pas toujours facile, en Eldamar, au temps de l'âge des Arbres. Encore moins lorsqu'on est l'un de fils du légendaire Fëanáro Curufinwë, et que, de surcroît, on s'appelle Curufinwë Atarinkë. Péripéties de la vie quotidi...