Nyarnar Fëanáro-Nosseo

III

Nelyafinwë est rentré.

Atar se tourne vers Ammë, le regard froid. « Emmène les à l'extérieur » ordonne t'il « je ne veux personne dans cette pièce, hormis Nelyafinwë ».

Nelyafinwë hausse les sourcils. « Atar...? Qu'y a-t-il ? »

Atar ne réponds pas, mon frère n'ose pas en demander plus.

Ammë soupire, s'adressant au reste d'entre nous. « Allons donc faire un tour dans les jardins ». Elle prends les jumeaux par la main pour les entraîner à l'extérieur. Morifinwë ne se fais pas prier pour les suivre.

J'espère que Atar ne sera pas trop sévère avec Nelyafinwë.

Je lance un regard inquiet en direction de mon aîné, avant de quitter la pièce à mon tour pour rejoindre le reste de la famille.

Seul Kanafinwë est resté en arrière.

Je m'éloigne de mes frères, allant trouver un peu de tranquillité à l'ombre d'un grand saule. Juste à côté, est érigée une statue de Nessa, la danseuse, exécutant l'une de ces belles figures. Comme toutes les autres, celle-ci fut sculptée par Ammë. Notre jardin est peuplé de ses œuvres, trônantes parmi de nombreux arbres, quelques ruisseaux aménagés, et une végétation variée.

Je me sens un peu ridicule, maintenant, mais lorsque j'étais enfant, il m'arrivait parfois de parler à ces statues. Elles me paraissaient si réelles... et à vrai dire, je n'avais personne d'autre à qui je pouvais réellement me confier.

J'étais proche avec Atar, mais ce n'est pas pour cela que je pouvais tout lui dire.

Morifinwë s'est toujours montré distant avec moi, et Turcafinwë, il passait déjà la majeure partie de son temps à courir les forêts d'Oromë.

Quant à Nelyafinwë et Kanafinwë, ils étaient déjà grands, et contrairement à eux, qui semblent avoir toujours eu une aisance naturelle pour se faire apprécier de tous, je n'ai jamais été très doué pour me faire des amis.

J'avais donc donné un nom et une personnalité propre à chacune de ces statues, peu importe qui elles représentent.

Nessa, qui se tiens tout juste à côté de moi, par exemple, était Tasarwen; la Dame du Saule. Tulkas, près de la fontaine, était l'esprit des eaux, bien que j'étais probablement le seul dans tout Aman à associer le Vala guerrier aux pouvoirs de Ulmo...

« Fëanáro! Fëanáro ! »

Je sursaute, brutalement coupé de mes songes. Autour de moi, les jumeaux dansent en riant.

« Fëanáro ! » Les jumeaux répètent.

Je sens ma poitrine se serrer. Si il y a un nom que je déteste plus encore que "Atarinkë", c'est "Fëanáro", lorsque celui-ci est utilisé pour s'adresser à moi !

Je foudroie les jumeaux avec un regard noir. « Hé ! Ne m'appelez pas ainsi ! » Bon sang, pourquoi faut-il toujours que ces deux-là viennent tout gâcher ?

Les jumeaux gloussent « mais on dirait Atar, avec ta tunique ! Alors maintenant, on t'appellera Atar, pendant que vrai Atar est occupé à disputer Nelyo ! »

La tunique... je l'avais presque oublié.
« Mais je ne suis pas Atar ! Et j'ai envie d'être tranquille, allez embêter quelqu'un d'autre ! »

Pityafinwë ne m'écoute pas et viens s'asseoir à côté de moi. « Ataaaar, tu peux jouer avec moi et Telvo ? »

Ne comprennent ils pas le Quenya ? « Je viens de vous dire que je ne suis pas Atar ! Et puisque je ne peux pas avoir la paix ici, alors je vais aller la trouver ailleurs ! »