37. Infiltration

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Si, il y a exactement un an, vous me disiez que je me retrouverai un jour dans un kayak direction une base scientifique suspicieuse en Chine, je vous rierais au nez. Sauf que, vous vous en doutez, j'étais actuellement dans ce kayak. Et Neru ne cessait de gigoter, pétrifiée à l'idée de tomber dans les eaux troubles, m'empêchant de ramer correctement.

Vous vous demandez sûrement ce que je faisais dans un kayak. Et bien, si vous aviez une bonne culture géographique de la Chine, vous sauriez que Qingdao et donc Haichuan se trouvent sur la côte est —il n'y a que deux côtes, l'est et la sud, mais ça, si vous n'êtes pas trop bêtes vous devriez le savoir. Et il se trouvait que les gens de Sano Arai avaient eu la merveilleuse idée de construire leurs laboratoires... sur l'eau. Ce qui rendait son accès chiant au possible et qui nous avait obligés à "emprunter" des kayaks à une entreprise qui en louait dans la ville.

Qu'est-ce que j'allais faire dans la base scientifique de Sano Arai ?

Faire le boulot des Naicho H, parbleu.

Sachant l'urgence de la situation, il était hors de question que j'attende bien sagement les renforts pour les regarder faire sans nous. Et puis, on était capables de s'infiltrer tous seuls, j'avais confiance en mon équipe. D'accord, nous n'avions aucune expérience sur le terrain. Mais nous avions chacun des capacités bien utiles.

Nous avions donc attendu toute la journée, faisant croire à l'agent Kinjou que nous comptions patienter comme demandé, et sommes partis une fois qu'elle dormait profondément. Je doutais qu'elle ait un sommeil très profond, puisqu'elle était formée pour intervenir dans n'importe quelle situation à n'importe quelle heure, mais passons.

Je disais donc que nous ramions au clair de lune, nous fondant dans l'ombre bienfaitrice de la nuit. Nous avions dû partir de la plage pour longer la côte et trouver les grands bâtiments modulaires. Je n'avais aucune idée de comment le personnel y avait accès, peut-être par un tunnel souterrain.

Le trajet nous prit une bonne demi-heure et beaucoup de sueur. Le truc, c'est que contrairement au plan de base, j'étais la seule à ramer parce que Neru flippait trop, alors que Katsunaga et Nahoshi alternaient. J'étais donc épuisée quand j'atteignis le bout de terre sur lequel était construite la base. Nous avions accosté du côté où poussait un petit tas d'arbres, espérant que personne n'ait l'idée saugrenue de faire une balade sylvestre à deux heures et quelques du matin.

Je tirai la main de Neru qui s'extirpa du bateau en tremblant. Je dus mettre ma main sur sa bouche quand elle s'exclama qu'elle ne remonterait plus jamais dans un kayak. La pauvre, elle oubliait qu'on aurait le retour à faire.

— Tout le monde est ok ? chuchotai-je à l'intention de mes camarades qui hochèrent la tête.

Je ne me serais jamais crue chef d'équipe, puisque c'était toujours Neru qui menaient nos missions étant enfants, mais ça m'allait plutôt bien. Je n'étais plus la Yoko peu confiante qui n'osait pas s'imposer. J'avais grandi.

Nous traversâmes silencieusement la forêt et longeâmes les murs du bâtiment. Heureusement pour nous, les fenêtres étaient très hautes, et il n'y avait pas de caméras. Très vite, nous réussîmes à atteindre la face de l'entrée. J'avais parlé trop vite, il y avait bien une caméra de ce côté là. Pour l'instant, nous étions encore dans son angle mort. Je mordis l'intérieur de ma joue. J'avais un plan au cas où on se trouverait face à des caméras, mais je n'avais pas prévu que celle-ci soit aussi haut placée. Je jetai un œil à Nahoshi qui devait se dire la même chose, puis au gigantesque arbre qui longeait les bâtiments. Il suivit mon regard, et déglutit.

— Tu veux que moi... je monte ça... ? demanda-t-il alors qu'il savait très bien que la réponse était positive. Je suis pas un homme de terrain, moi.

UNTIL I GO BLIND | shinso fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant