L'Espoir d'une Renaissance (Loki - Tome III)

Sur le sentier de Hell

Sous le ciel étoilé bornant les crêtes épineuses des sommets de Sokovie, deux frêles silhouettes marchaient. Tels des êtres fantomatiques, ils progressaient entre les troncs des sapins décharnés pour regagner le domaine de la forteresse.

Là-haut, nid d'aigle pendu sur les hauteurs, les ruines de la forteresse fumaient toujours. Un silence de mort, chape de plomb, venait de tomber sur eux. Une odeur de brûlé et de cendre envahissait l'atmosphère portant avec elle une épaisse sensation de désespoir.

Épuisés, Loki et Verity se dirigeaient vers la rougeoyante clarté qui se répandait en aura infernale au dessus de leur tête. Au son rythmé de leur souffle, ils avançaient lentement. La neige alourdissait leurs pas et rendait tout mouvement difficile.

La jeune femme, perdue et toujours mutique, avançait aux côtés du dieu. Elle bravait le froid, la fatigue et la peur qui la terrassaient. Et Loki n'était pas mieux loti. Sans ses pouvoirs, il n'était qu'un mortel.

Chaque coup de vent s'engouffrant entre les arbres n'avait de cesse de piquer leurs membres. Démon espiègle, il s'enroulait autour d'eux, balayant leurs vêtements, leur espérance. La fraîcheur de l'air glaçait Loki dont les cheveux et les vêtements souillés n'avaient pas séchés. Son corps commençait à trembler. S'ils ne parvenaient pas à se réchauffer, leurs lèvres prendraient une teinte bleue terrifiante. Et la fatigue les assommait. Loki trébucha et se retint contre l'écorce rêche d'un sapin. De sa main se souleva alors une forte odeur de sève et de bois gagna ses narines.

Sur les hauteurs, les rafales de vent semblaient fouetter les vestiges de la forteresse comme dans un râle effrayant. Ici bas, la neige crissait toujours sous les pas des marcheurs qui se faisaient plus rapides. L'orée de la forêt apparut enfin devant eux, ils entrèrent sur le domaine de la forteresse qui n'était plus qu'un champ de bataille. Des tirs de projectiles avaient labouré le sol. La terre maculait la neige en formant des tâches disgracieuses. Des dizaines de robots jonchaient le sol.

Sur cette terre de désolation, ils marchaient quand Loki arrêta Verity d'une main. Tous deux virent, face à eux, la carcasse d'un monstre d'acier. Ce cyclope endormi semblait les observer. Avec stupeur, les deux acolytes l'étudièrent comme pour s'assurer qu'il était bien hors d'état de nuire.

« Où sont les autres ? »

Surpris, Loki se retourna et vit le soldat américain accompagné du scientifique à la colère inassouvie.

« Dites-nous où sont les autres ?

- Je ne sais pas, répondit Loki. Nous avons été conduits loin de la forteresse avant qu'elle ne s'écroule.

- Vous avez intérêt à tout nous dire. »

Face au ton menaçant de Steve, Loki, et d'un geste protecteur, invita Verity à se placer derrière lui.

« Je vous assure, je ne sais rien plus. »

Ce climat de tension aurait certainement dégénéré si un crépitement n'avait pas retentit de nulle part. Des étincelles grésillantes commencèrent à tournoyer au milieu du rien. Leur mouvement cylindrique s'accéléra pour créer un passage dont le diamètre s'élargit. Une odeur de soufre et d'acier parvint de cet endroit mystérieux.

Dans un bruit de bottes et sous des toussotements longs, plusieurs silhouettes, couverts de poussières, apparurent.

Arrogante, Natasha poussait par l'épaule Clint Barton qui trébucha au sol. Wong ne quitta l'obscurité à son tour d'une démarche peu assurée avant que le cercle de feu ne disparût totalement dans la nuit.

« Où sont les autres ? fit Loki en s'avançant vers lui.

- Vous ! Ne vous approchez pas davantage, intima l'espionne rousse.