Harmonie, Noa

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Noa n'aime pas, iel ne sait pas aimer. Alors, Noa danse.

Noa, si studieux, Noa, si stricte, Noa si sévère.

Noa est perfectioniste. Noa en demande toujours trop. Noa ceci, Noa cela. Noa en veut toujours plus. Pourquoi voudrait-elle danser ? De la danse classique, à la limite, mais du modern jazz ?

Noa prends sa respiration, chantonne le début de la mélodie, s'élance sans musique. Les pas se succèdent. Ses muscles brûlent, ses cheveux fouettent son visage, ses habits flottent autour de lui, comme en suspension. Son corps est en mouvement, comme emporté par un mouvement éternel et continu. Le temps s'arrête en même temps que Noa, se fige, retenant sa respiration, attendant le prochain temps pour s'autoriser à continuer.

Noa ferme les yeux et sourit, baigné dans la lumière du soleil. Dans l'éternité de l'instant, Noa bouge, doucement, élégament, fluididement. Iel ressent chacune des cellules de son corps, chaque respiration, chaque battement de son coeur. Le frottement des vêtements contre sa peau, la chaleur sur son visage, la légère tension de ses muscles jusqu'au bout des bras, les frisson des mouvements si rapide, qui s'enchaînent, accélèrent, ralentissent, recommencent, se croisent sans jamais se couper, se calment sans jamais s'arrêter.

Noa vit, bouge, aime, sur cette musique imaginaire. Il aime d'amour, elle aime de passion, iel aime de tout son coeur, de tout son corps. Et dans cette suite de pas infinie, Noa se noie, se perd, se laisse enfin respirer.

La danse s'arrête, la musique n'est plus dans son esprit. Alors Noa l'écoute pour de vrai, réécoute ce violon enchanteur, cette mélodie qui a volé son esprit et son âme. Harmonie, composé et joué par Elodie, un morceau unique et transcendental, à la frontière entre tous les styles de musique. Ce genre de morceau qui vous fait vous oublier pour mieux vous retrouver, qui vous transporte, vous touche au plus profond de vous même, vous fait croire à nouveau au bonheur.

Le bras Noa bouge tout seul, se déplace sans qu'iel y réfléchisse, la musique s'infiltre par toutes les pores de sa peau, prend le contrôle de son corps, la fait valser sans répis. Noa est submergé, enchanté subjegué. Toutes les limites dispairaisse, ces barreaux qui la retienne enfermée dans ses propres attentes tombent en poussière et Noa en sort enfin de cette prison qu'elle a créée.

La tendresse transparaît dans chacun de ses gestes, ses mouvements expriment des émotions à l'état brute, une histoire s'en dégage.

Un croisement de regarde, un sourire. Les coup de foudre n'existent pas. Un rire, si unique et singulier, un rire contagieux, si doux. La délicatesse d'une main amoureuse se promenant sur sa voisine. La lueur des étoiles, la chaleur d'un feu de camp, la surprise d'un imprévu, Noa le ressent. Cette histoire est éphémère, disparaîtra une foiss la dance finie, racontée pour la première et dernière fois.

La joie est vive, si entraînante, forte et rapide. Les plans pour cet été, des phrases improbable, une promenade en forêt. Ces plaisanteries, ces sourires en coin, ces sous-entendus, cette bonne humeur générale. Puis la suite s'approche. Une fin ? Un nouveau départ, plutôt. Les amitiés se séparent, certaines subsistent, on se perd de vue, se retrouve, plaisante sur le bon vieux temps. Les blagues deviennent mélancoliquent, les mots laissent place à un silence. Les retrouvailles ont eus lieux, tout est dit, au revoir.

De nouvelles amitiés, la main amoureuse a changé de partenaire, le temps a passé. Les bons souvenirs s'effacent, laissent place à de nouveaux, un peu différent. L'été est fini, la vie se teinte de rouge et d'orange, les feuilles commencent à tomber.

Puis les mouvements ralentissent, s'arrêtent presques, deviennent calmes et si discret qu'on les oublierait presque. C'est le moment de passer définitivement à autre chose, de jeter ces lettres, ces cadeaux si importants devenus simples souvenirs, de nettoyer une bonne fois pour toute sa liste de contacte. Les noms sont lus, pour la dernière fois, dans un silence presque religieux. Ils disparaissent, emportés par la courant.

Noa va encore plus lentement.

Ce moment doit durer, rester ainsi pour l'éternité, être retenu éternellement pour ne pas le laisser partir.

Mais la musique en décide autrement, s'adouci et s'arrête, la dernière note est passée.

La main de Noa pointe vers le ciel, essayant d'attraper les étoiles avant de retomber doucement, gracieusement.

C'est terminé.

Le point final est arrivé, l'histoire a été oubliée.

Alors, Noa sourit. Iel l'a ressentie, cette harmonie entre lui et la musique, et elle aime ça.

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