Parle Moi

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Mon cher Newt,
Je sais qu'une lettre est un format très formel mais je ne me voyais pas t'envoyer un texto et je n'aurai pas eu le courage de te parler en face. Hier soir je n'ai vraiment pas compris ton comportement et en plus tu m'a laissé dans le flou. Pas un message de la journée pour me rassurer ou au moins pour m'expliquer... J'ai beaucoup réfléchi parce que je trouve que ta réaction d'hier soir reflète notre relation globale. Tu ne communique pas. Jusque là, je l'avais accepté mais je ne pourrai pas vivre plus qu'une amitié avec cette dynamique. Je ne suis pas un super héros, j'ai parfois besoin de toi, d'être rassuré, ne pas avoir à insisté pour obtenir une démonstration d'affection. Je ne suis pas non plus acquis et tu ne peux pas me faire passer du chaud au froid en quelque minute, je vais m'en lasser. Je ne suis pas réellement en colère mais j'aimerai que tu t'ouvre plus. Tu te met à ma place parfois ? Imagine si moi j'avais stoppé d'un coup nos câlins hier soir et que j'étais partis sans rien dire ce matin, tu l'aurai pris comment ? Je suis sûr que tu aurai fait la gueule et que tu te serai enfermé dans ta chambre ce soir. Pourtant, moi, si je ne t'avais pas écrit cette lettre je serai rentré souriant avec le repas du soir sans montrer aucun signe de tristesse. Une relation peut être saine avec autant de déséquilibre ? Je suis donc allé dormir chez Minho pour que tu réfléchisses ce soir et j'espère que demain tu sera capable de t'ouvrir.
Bonne nuit,
Thomas

Après avoir relu la lettre plusieurs fois je décidai de partir rejoindre Minho. Je n'étais pas en colère mais je voulais seulement marquer le coup. Je ne souhaitais pas que notre nouvelle relation débute dans les non dits. Après réflexion, je pense que mon ego a aussi été touché hier soir. Je n'ai pas l'habitude que l'on me rejette comme ça. Il m'avait blessé et je voulais qu'il le sache. Quand Minho m'avait proposé de dormir chez lui j'ai accepté instantanément.

23H. Toujours aucune nouvelle de Newt. Je tournais dans mon lit en attendant que le marchand de sable passe. Et si j'avais était trop dur ? Ou peut être qu'il s'en fout et qu'il dort tranquillement ?

00H. J'en avais marre d'imaginer des scénarios, plus absurdes les uns que les autres. La fatigue m'avait un peu déninhibé quand je décidai de rentrer à l'appart. Je prévenai Minho qui me répondit vaguement et rejoignai mon chez moi. De dehors, je vis de la lumière dans la cuisine. Que faisait-il là à cette heure-ci ? En entrant je découvris un Newt couvert de peinture, la langue tirée et les sourcils froncés. Une toile était posée face à lui. Nous nous regardâmes surpris l'un par l'autre. La scène aurait pu être drôle dans un autre contexte. Au fur à mesure que l'information montai à son cerveau, ses joues rougirent progressivement.

-Je suis désolé, commença-t-il timidement.

-Je suis désolé aussi, c'était ridicule de partir comme ça..., enchaînais-je

-Non tu as eu raison, me coupa-t-il. Tu as raison sur toute ce que tu as écrit dans ta lettre. Je suis trop pudique et c'est toi qui en pâtit.

-Pourquoi tu ne m'a pas appeler après être rentré ? Demandai-je calmement.

-J'ai essayé, mais je ne savais pas te quoi dire. Je suis tellement maladroit que j'avais peur d'envenimer les choses. Comme tu as dit que tu revenais demain soir je me suis dit que j'avais le temps de peindre.

-De peindre ? Répétai-je sans comprendre

Il s'écarta et laissa à apparaître son travail. Il y avait nous deux au milieu des arbres, je riais en faisant je ne sais quel geste énergique tandis que lui m'accrochait discrètement le pull et souriait timidement derrière. Il y avait d'autres gens qui été disposés à côté de moi et qui me parlaient. Pendant que je détaillais l'ébauche de peinture Newt m'expliqua :

-Quand on est tout les deux dans le monde extérieur c'est comme ça que je me sens parfois. J'ai l'impression que tu rayonnes, que tout le monde t'admire et que moi je suis à côté. Je ne sais pas m'exprimer parce que je n'ai rien d'intéressant à dire. Quand on est tout les deux dans notre bulle je n'ai pas cette sensation d'inégalité, je me sens juste bien et je n'ai pas l'impression de devoir prouver quoi que ce soit.

Il marqua une pause assez longue. je lui pris la main et le regarda tendrement, je voulais qu'il continue.

-Hier soir j'étais bien, j'avais envie de..., ses joues rougirent plus intensément, de faire ce qu'on a commencé mais quand on s'est déshabillé je me suis mis à penser au nombre de gens avec qui tu as couché, et puis te voir presque nu ça m'a rapellé à quel point tu étais bien gaulé. Ça m'a ramené à cette sensation d'inégalité et je t'en ai voulu malgré moi et du coup je m'en suis voulu de t'en vouloir et finalement j'ai préféré me renfermer.

-Je ne sais pas quoi te dire à part que tu es beau et que chaque occasion que j'ai eu ces dernières semaines d'apercevoir ne serait-ce qu'un centimètre de ta peau était bonne à prendre.

Il écarquillé les yeux, il parut choqué.

-Ça me met un peu mal à l'aise de te dire ça alors qu'on est potes de base. Avouai-je.

-On est plus potes depuis longtemps Thomas.

Cette phrase me créa une chaleur dans l'entièreté de corps. Elle me donna le courage d'étayer ma pensée.

-Si tu savais à quel point tu me perturbe, à quel point tu contrôle mes humeurs. J'admire ta manière d'aider les autres subtilement, de repérer les gens mis à l'écart et de les inclure sans forcer. J'aime ta créativité et l'originalité qui l'accompagne. J'aime le fait que tu ne donne ton énergie et ton temps qu'à peu de personne, ça nous donne le sentiment d'être précieux. Moi je suis si terrifié à l'idée d'être invisible que parfois j'en rajoute. Quand je suis avec toi je n'ai pas besoin d'être excessif, ton regard envers moi me prouve que j'existe. Et comme tu dit on n'est pas amis, j'ai envie de me balader avec toi en te tenant la main, j'ai envie de te dire je t'aime sans malaise, j'ai envie de toi.

Il fit gêné en entendant la fin de la phrase. Je paniquai face à ce quiproquos :

-Je voulais pas dire sexuellement, fin si mais pas que. Si tu ne veux pas de sexe, ça ne me gêne pas. Mais j'aime ton corps quand même. Et si toi tu veux moi je veux mais tu n'es pas obligé de vouloir.

Je ne savais pas sur quel pied danser. D'habitude la seule chose que l'autre souhaitait été du sexe alors que là j'étais dans le cas de figure opposé. Newt rit devant mon emmelage de pinceaux. Je le suivis et la fin de soirée  se finit dans cette ambiance enfantine. Les choses avait été posées, je ne demandais pas plus.

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