Dentelle et manette

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Le carton de son colis éventré au sol, elle tourna sur elle-même devant son miroir, manqua de trébucher sur ledit carton, pesta, se recoiffa, osa lever les yeux vers son reflet.

Elle avait craqué. Un ensemble de lingerie. De lingerie burlesque ! Elle qui était trop ronde, trop dodue, trop grande, avec ses longs bras dont elle ne savait jamais quoi faire.

Mais l'offre était trop alléchante pour passer outre. Sur la page du site commerçant, l'ensemble lui faisait du charme depuis bien trop longtemps. Evidemment, le mannequin était lisse, mince, parfaitement proportionné. Ses hanches arrondies et son ventre plat mettant en valeur le large porte-jarretelle se terminant par les rubans et les attaches qui venaient délicatement s'accrocher sur les bas.

Elle lissa les bas sur ses cuisses potelées. Elle avait eu le nez fin, en prenant une taille au-dessus. Ils englobaient parfaitement ses jambes et ne les comprimaient pas. Elle avait même l'impression de voir celles-ci davantage affinées et fuselées. Son regard remonta sur le porte-jarretelle, rouge, comme l'intégralité de l'ensemble, à l'exception des bas et de tous les détails, qui eux étaient noirs. Large, recouvrant ses fesses charnues et cachant la culotte fendue qu'elle rougissait à l'idée de porter, elle trouvait ce porte-jarretelle plutôt esthétique sur elle. Satiné et montant au niveau de son nombril, pourvu de petits nœuds au niveau des attaches, il cachait même son ventre rond.

Le soutien-gorge quant à lui, était à ses yeux la pièce maîtresse de cette nouvelle collection pour le moins osée. En balconnet, tout en dentelle et pourvu de rubans qui encadraient son décolleté, il lui faisait une poitrine sublime, ronde, généreuse, appétissante. Elle eut une moue enfantine en se plaçant de profil devant son miroir pour continuer de s'observer. Il fallait l'avouer, elle avait davantage un corps de femme dans cet ensemble. Habituée des culottes en coton et des brassières confortables, elle comprenait pourquoi ses amies avaient une espèce de fétichisme autour de la belle lingerie. N'importe quelle femme pouvait se sentir belle et désirable, pour peu qu'elle trouvât les pièces adaptées.

Un cri d'exclamation lui parvint du salon. Son compagnon pesta et elle entendit le bruit de doigts agacés sur sa manette. Comme souvent, il jouait aux jeux vidéos, coupé du monde par son casque et lâchant par moment des injures ou des cris d'indignation.

Elle se demanda si ce type de lingerie lui plairait. Il n'avait jamais réclamé qu'elle en porte, et la voir nue suffisait à le ... Motiver. En y réfléchissant, elle se dit qu'il aurait été dommage d'acheter cet ensemble plutôt onéreux pour le laisser enfermé dans un tiroir de la commode. Elle jeta un œil à ses pieds, et se souvint qu'un deuxième colis l'attendait.

Elle l'ouvrit avec peine tant il était bien scellé, retira le papier de soie qui enveloppait son achat. Une paire de chaussures à talons rouge, très rétro, vernies et composées d'un liseré beige le long des lanières. Le talon en lui-même n'était pas très haut, elle ne voulait pas finir par terre après une mauvaise chute. Elle enfila les chaussures, et se félicita intérieurement pour avoir su accorder le tout. Il ne manquait plus qu'un boa à plumes et une musique de cabaret, elle aurait pu passer aisément pour une danseuse. Elle sourit. Et pourquoi pas ? Pourquoi ne pas jouer le jeu l'espace d'une soirée ? Une mise en beauté, une coiffure un peu plus adaptée, elle devait bien avoir une playlist musicale adéquate et ... Elle sentit son cœur s'emballer. Penser à son compagnon qui pourrait la reluquer sous toutes les coutures la fit trembler d'excitation. Elle ne savait pas danser, mais elle pourrait très bien se mouvoir doucement en rythme avec la musique, peut-être même se déshabiller lentement. Elle rêvait de jeter de la lingerie fine à son compagnon et lui interdire de la toucher, lui rire au nez s'il essayait, glousser et miauler comme il aimait qu'elle le fasse. Un strip-tease burlesque. Un show de cabaret, dans leur salon, à l'abri des regards et dans un territoire connu. Pourquoi ne pas se lancer ? Elle examina une nouvelle fois son reflet dans le miroir. Elle en était capable; cette lingerie lui donnait de l'assurance, c'était évident.


Il venait à nouveau de perdre. Il quitta le jeu, retira son casque, agacé. Ce jeu était davantage un casse-tête qu'un bon divertissement. Il entendit de la musique provenant du couloir. Quelque chose de très ... vintage. Étrange.

Puis il tourna enfin la tête et vit sa compagne dans l'encadrement de la porte. Bras écartés pour se tenir au chambranle, juchée sur des talons, le bassin jeté vers la droite, accentuant la forme de ses hanches. Il déglutit. Il la détailla avec attention : elle portait un ensemble de lingerie rouge vif, un porte-jarretelle et des bas habillaient ses longues jambes. Il resta béat. Quelle surprise ! Elle était magnifique. Ses longs cheveux roux relevés en énorme chignon d'où s'échappaient quelques boucles rebelles, un rouge à lèvre carmin accentuant la pâleur de sa peau ... Son regard descendit et son cœur fit un bond devant sa poitrine cachée dans un soutien-gorge beaucoup trop sexy.

Elle commença à avancer, jetant une jambe devant elle comme les danseuses de cabaret, mains sur les hanches, sourire taquin aux lèvres. Elle ondulait, ses fesses suivant le rythme. Il demeura bouche bée quelques secondes et comprit enfin ce qu'il se passait dans ce salon trop désordonné, avec sa compagne beaucoup trop appétissante. Il posa sa manette de console et son casque sur la table basse qui lui parut très loin du canapé, puis s'installa contre le dossier de ce dernier. Elle capta enfin son regard et il y lut qu'elle s'amusait comme une petite folle. Il était terriblement excité, il ne l'avait jamais vu comme ça, il n'aurait jamais imaginé qu'elle aurait pu porter ce type de lingerie. Elle continuait de bouger devant lui, il fit mine de tendre la main pour la toucher, il ne récolta qu'une tape sur les doigts et un rire coquin. Vexé et excité, il déglutit avec difficulté.

Très lentement, en rythme avec la musique, elle alla dégrafer son soutien-gorge qu'elle lui balança sur les genoux et plaqua immédiatement ses mains sur ses seins en se mordant la lèvre pour l'agacer. Il serra les poings, serra les dents. Il se sentait de plus en plus à l'étroit dans son pantalon. Elle se tourna, pour qu'il ne voit que son dos et ses fesses rebondies cachées par ce tissu agaçant. Elle détacha ses cheveux, et ce fut comme une cascade qui dégringola jusqu'à ses reins. Il aurait voulu les saisir pour l'obliger à pencher la tête en arrière, et embrasser son cou, lécher sa gorge, grogner toute son excitation au creux de son oreille...

Il la vit dégrafer ensuite les attaches du porte-jarretelle. Il avait le souffle de plus en plus court et une envie irrésistible de lui bondir dessus. La prendre contre le mur s'il le fallait. Mais il tint bon et continua de la regarder, la toucher uniquement avec les yeux. Le porte-jarretelle expédié lui aussi dans le canapé, elle se pencha en avant, lui offrant une vue plus qu'érotique sur ses fesses et cette culotte de dentelle très échancrée. Il se souvint d'une levrette récente, où il avait saisit ce cul rond et s'y était cramponné pour la prendre brutalement. Elle se débarrassa de ses chaussures. Puis elle se positionna de profil, un pied sur la table basse, cambrée, pour faire descendre doucement le bas de nylon le long de sa jambe comme le faisaient les pin-up sur les affiches, dans les films, sur les photographies. Toujours en le regardant, comme le mettant au défi de continuer à tenir sagement dans son coin, elle pouvait aisément voir qu'il trépignait. Il lui semblait que la musique s'atténuait au fur et à mesure que les bas finissaient par terre. Ne resta que la culotte. Ses cheveux ébouriffés, son air mutin, ses yeux pétillants. Il se redressa. Il la voulait, maintenant. Comme si elle l'avait comprit, elle s'approcha de lui, se pencha vers son oreille, mains sur les seins pour le narguer encore et lui murmura :

« Il va falloir que tu enlèves cette culotte. Sans les mains. »

Pensées CharnellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant